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ALCME O N.

C'est ici qu'elle lui fut ravie,

Après qu'aux champs thébains le céleste courroux
Eut permis le trépas du prince votre époux.

O crime!

ERIPH YLE.

ALCME ON.

Hélas! ce fut dans ma plus tendre enfance Qu'on m'enleva, dit-on, l'auteur de ma naiffance. Au pied de ce palais de tant de demi-dienx, D'où jufque fur fon fils vous abaiffiez les yeux, Là, près du corps fanglant de mon malheureux père, Je fus laiffé mourant dans la foule vulgaire De ces vils citoyens, trifte rebut du fort, Oubliés dans leur vie, inconnus dans leur mort, Un prêtre de ces lieux fauva mes destinées; Il renoua le fil de mes faibles années. Théandre m'éleva: le refte vous eft dû. J'ofai trop m'élever, et je me fuis perdu.

E-RIP HYLE.

M'alarmerais-je en vain? Mais cet oracle horrible... Le lieu, le temps, l'efclave... ô Ciel, eft-il poffible! Qu'on cherche le Grand Prêtre. Hélas! déjà les dieux, Soit pitié, foit courroux, l'am nent à mes yeux.

SCENE I V.

ERIPHYLE, ALCMEON, LE GRAND-PRETRE, une épée à la main.

LE

L'HEURE

GRAND-PRETRE.

'HEURE vient, armez-vous, recevez cette épée. Jadis de votre fang un traître l'a trempée.

Allez vengez Argos, Amphiaraüs, et vous.

ERIPH YLE.

Que vois-je? c'eft le fer que portait mon époux;
Le fer que lui ravit ce barbare Hermogide.
Tout me retrace ici le crime et l'homicide;
La force m'abandonne à cet objet affreux.
Parle ; qui t'a remis ce dépôt malheureux ?
Quel Dieu te l'a donné?

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Voici ce même fer qui frappa votre enfance,
Qu'un cruel, malgré lui miniftre du deftin,
Troublé par fes forfaits, laiffa dans votre fein.
Ce Dieu qui dans le crime effraya cet impie,
Qui fit trembler fa main, qui fauva votre vie,
Qui commande au trépas, ouvre et ferme le flanc,
Venge un meurtre par l'autre, et le fang par le fang,
M'ordonna de garder ce fer, toujours funefte,
Jufqu'à l'inftant marqué par le courroux célefte.
La voix, l'affreufe voix qui vient de vous parler,
Me conduit devant vous pour vous faire trembler.

ERIPH YLE.

Achève: romps le voile; éclaircis le mystère.
Son père, cet efclave?

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*

ERIPHYLE, se jetant entre les bras de Zélonide.
Je ne puis achever, je me meurs, Zélonide.
LE GRAND-PRETRE, à Alcméon, en lui donnant l'épée.
Je laiffe entre vos mains ce glaive parricide:
C'eft un don dangereux; puiffe-t-il déformais
Ne point fervir, grands Dieux, à de nouveaux forfaits!

SCENE V.

AL CME ON, ERIPHYLE.

ER IP H YLE.

HE bien! ne tarde plus, remplis ta deftinée:

Porte ce fer fanglant fur cette infortunée. * Etouffe dans mon fang cet amour malheureux Que dictait la nature en nous trompant tous deux; » Punis-moi, venge-toi, venge la mort d'un père; * Reconnais-moi, mon fils: frappe et punis ta mère,

AL CME ON.

Moi, votre fils: grands Dieux !

ERIPH YLE.

C'est toi dont, au berceau,

Men indigne faibleffe a creufé le tombeau;

C'est toi qui fus frappé par les mains d'Hermogide s
C'est toi qui m'es rendu, mais pour le parricide:
Toi mon fang, toi mon fils, que le ciel en courroux,
Sans ce prodige horrible, aurait fait mon époux.
ALC ME ON.

De quel coup ma raifon vient d'être confondue!
Dieux! fur elle et fur moi puis-je arrêter la vue?
Je ne fais où je fuis: Dieux, qui m'avez fauvé,
Reprenez tout ce fang, par vos mains confervé.
Eft-il bien vrai, Madame, on a tuế mon père!
Il veut votre fupplice, et vous êtes ma mère!
Théâtre. Tome I.
K k

ERIPH YLE.

Oui, je fus fans pitié: fois barbare à ton tour. » Et montre-toi mon fils en m'arrachant le jour. Frappe... Mais quoi? tes pleurs fe mêlent à mes larmes! O mon cher fils! ô jour plein d'horreur et de charmes ! Avant de me donner la mort que tu me dois, * De la nature encor laiffe parler la voix:

Souffre au moins que les pleurs de ta coupable mère Arrofent une main fi fatale et fi chère.

ALCME ON.

Cruel Amphiaraüs ! abominable loi!
La nature me parle, et l'emporte fur toi.
O ma mère !

ERI PHYLE en l'embrasant.

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O cher fils que le ciel me renvoie,

Je ne méritais pas une fi pure joie.

J'oublie, et mes malheurs, et jufqu'à mes forfaits; Et ceux qu'un dieu t'ordonne, et tous ceux que j'ai faits.

SCENE VI.

ERIPHYLE, ALCMEON, ZELONIDE,

MADAME,

POLEMON.

POLEM O N.

ADAME, en ce moment l'infolent Hermogide, Suivi jufqu'en ces lieux d'une troupe perfide, La flamme dans les mains, affiége ce palais. Déjà tout eft armé, déjà volent les traits. Nos gardes raffemblés courent pour vous défendre ; Le fang de tous côtés commence à fe répandre. Le peuple épouvanté, qui s'empreffe ou qui fuit, Ne fait fi l'on vous fert, ou fi l'on vous trahit.

ALCME O N.

Ciel! voilà le fang que ta voix me demande; La mort de ce barbare eft ma plus digne offrande. Reine, dans ces horreurs ceffez de vous plonger; Je fuis l'ordre des dieux, mais c'eft pour vous venger.

Fin du quatrième acte.

Kka

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