Obrazy na stronie
PDF
ePub

Hélas! combien de fois de mes douleurs preffée, Quand le fort de mon fils accablait ma pensée, Et qu'un léger fommeil venait enfin couvrir ☛ Mes yeux trempés de pleurs et laffés de s'ouvrir : Combien de fois ces dieux ont femblé me prescrire De vous donner ma main, mon cœur et mon Empire. Cependant, quand je touche au moment fortuné Où vous montez au trône à mon fils destiné, Le ciel et les enfers alarment mon courage; Je vois les dieux armés, condamner leur ouvrage: Et vous feul m'infpirez plus de trouble et d'effroi, Que le ciel et ces morts irrités contre moi.

Je tremble en vous donnant ce facré diadême; Ma bouche en frémiffant prononce, je vous aime. D'un pouvoir inconnu l'invincible afcendant » M'entraîne ici vers vous, m'en repouffe à l'instant; Et par un fentiment que je ne puis comprendre, → Mêle une horreur affreufe à l'amour le plus tendre.

ALCME ON.

Quels momens! quel mélange, ô Dieux qui m'écoutez,
D'étonnement, d'horreurs, et de félicités!

L'orgueil de vous aimer, le bonheur de vous plaire,
Vos terreurs, vos bontés, la céleste colère,
Tant de biens, tant de maux me preffent à la fois,
Que mes fens accablés fuccombent fous leur poids.
Encor loin de ce rang que vos bontés m'apprêtent,
C'eft fur vos feuls dangers que mes regards s'arrêtent.
C'eft pour vous délivrer de ce péril nouveau,
Que votre époux lui-même a quitté le tombeau.
Vous avez d'un barbare entendu la menace;
Où ne peut point aller sa criminelle audace?
Souffrez qu'au palais même a ffemblant vos foldats,
J'affure au moins vos jours contre les attentats ;

1

Que du peuple étonné j'apaife les alarmes ;

Que prêts au moindre bruit, mes amis foient en armes. C'eft en vous défendant que je dois mériter

Le trône où votre choix m'ordonne de monter.

ERIPH YLE.

Allez je vais au temple, où d'autres facrifices
Pourront rendre les dieux à mes vœux plus propices.
Ils ne recevront pas d'un regard de courroux
Un encens, que mes mains n'offriront que pour vous

Fin du troisième acte.

ACTE I V

SCENE PREMIERE.

LCMEON,

THEAN DR E.

T

ALCME ON.

U T eft en fureté: ce palais eft tranquille, Et je réponds du peuple, et fur-tout d'Eriphyle.

THE AND R E.

Penfez plus au péril dont vous êtes preffé;
Il eft rival et prince, et de plus offenfé.
Il fonge à la vengeance: il la jure : il l'apprête:
J'entends gronder l'orage autour de votre tête:
Son rang lui donne ici des foutiens trop puiffans,
Et fes heureux forfaits lui font des partifans.
Cette foule d'amis qu'à force d'injustices. . . .

AL CME ON.

Lui, des amis! Théandre, il n'a que des complices.
Plus prêts à le trahir que prompts à le venger ;
Des cœurs nés pour le crime, et non pour le danger.
Je compte fur les miens: la guerre et la victoire
Nous ont long-temps unis par les nœuds de la gloire,
Avant que tant d'honneurs fur ma tête amaffés,
Trainaffent après moi des cœurs intéressés.
Ils font tous éprouvés, vaillans, incorruptibles;
La vertu qui nous joint nous rend tous invincibles;
Leurs bras victorieux m'aideront à monter
A ce rang qu'avec eux j'appris à mériter.
Mon courage a franchi cet intervalle immenfe
Que mit du trône à moi mon indigne naissance;

L'hymen va me payer le prix de ma valeur;

Je ne vois qu'Eriphyle, un fceptre et mon bonheur.

THE ANDRE.

Mais ne craignez-vous point ces prodiges funeftes,
Qu'étalent à vos yeux les vengeances céleftes?
Ces tremblemens foudains, ces fpectres menaçans,
Ces morts dont le retour eft l'effroi des vivans?
Du ciel qui nous pourfuit la vengeance obstinée,
Semble fe déclarer contre votre hymenée.

ALCME ON.

Mon cœur fut toujours pur; il honora les dieux:
J'espère en leur juftice, at je ne crains rien d'eux.
De quel indigne effroi ton ame eft-elle atteinte?
Ah! les cœurs vertueux font-ils nés pour la crainte?
Mon orgueilleux rival ne faurait me troublér;
Tout chargé de forfaits, c'eft à lui de trembler.
C'eft fur fes attentats que mon efpoir fe fonde;
C'eft lui qu'un dieu menace; et fi la foudre gronde,
La foudre me raffure; et le ciel que tu crains,
Pour l'en mieux écrafer, la mettra dans mes mains.

THE ANDRE.

Le ciel n'a pas toujours puni les plus grands crimes!
Il frappe quelquefois d'innocentes victimes.
Amphiaraüs fut jufte, et vous ne savez pas
Par quelles mains ce ciel a permis fon trépas.

Hermogide!

A L. C ME ON.

THE ANDRE.

Souffrez que, laiffant la contrainte,

Seigneur, un vieux foldat vous parle ici fans feinte.

ALCME ON.

Tu fais combien mon cœur chérit la vérité.

THEANDRE.

THE ANDRE.'

Je connais de ce cœur toute la pureté.
Des héros de la Grèce imitateur fidelle,
Vous jurez aux forfaits une guerre immortelle;
Vous vous croyez, Seigneur, armé pour les venger,
Gardez de les défendre et de les partager.

ALC ME ON.

Comment! que dites-vous?

THE ANDRE.

Vous êtes jeune encore

A peine aviez-vous vu votre première aurore,
Quand ce roi malheureux defcendit chez les morts.
Peut-être ignorez- vous ce qu'on disait alors,
Et de la cour du roi quel fut l'affreux langage.

Hé bien!

AL CME ON.

THE ANDRE.

Je vais vous faire un trop fenfible outrage

Mais je vous trahirais à le diffimuler:

Je vous tiens lieu de père, et je dois vous parler.

AL CME ON.

Hé bien! que difait-on? achève.

THE ANDRE.

Que la reine

Avait lié fon cœur d'une coupable chaîne ;
Qu'au barbare Hermogide elle promit fa main,
Et jufqu'à fon époux conduifit l'affaffin.

ALCME O N.1

Rends grâce à l'amitié qui pour toi m'intéreffe;
Si tout autre que toi foupçonnait la princeffe,
Si quelque'audacieux avait pu l'offenfer...
Mais que dis-je ? toi-même, as-tu pu le penfer?
Peux-tu me préfenter ce poifon que l'envie
Répand aveuglément fur la plus belle vie?
J'ai peu connu la cour, mais la crédulité
Théâtre. Tome I.

« PoprzedniaDalej »