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SCENE I I.

ERIPHYLE, ALCMEON, HERMOGIDE, POLEMON, EUPHORBE, Choeur d'Argiens.

ALCME ON.

Oui, ce peuple, Madame, et les chefs, et les rois,

Sont prêts à confirmer, à chérir votre choix ;

Et je viens, en leur nom, préfenter leur hommage
A votre heureux époux, leur maître et votre ouvrage.
Ce jour va de la Grèce affurer le repos.

ERIPH YLE.

Vous, Chefs qui m'écoutez, et vous, Peuple d'Argos,
Qui venez en ces lieux reconnaître l'empire

Du nouveau fouverain que ma main doit élire,
Je n'ai point à choifir: je n'ai plus qu'à quitter
Un fceptre que mes mains n'avaient pas dû porter.
Votre maître eft vivant, mon fils refpire encore.
Ce fils infortuné, qu'à fa première aurore
Par un trépas foudain vous crâtes enlevé,
Loin des yeux de fa mère en fecret élevé,
Fut porté, fut nourri dans l'enceinte facrée
Dont le ciel à mon fexe a défendu l'entrée.
Celui que je chargeai de fes triftes deftins,
Ignorait quel dépôt fut mis entre les mains.
Je voulus qu'avec lui renfermé dès l'enfance,
Mon fils de fes parens n'eût jamais connaiffance.
Mon amour maternel, timide et curieux,
A cent fois fur fa vie interrogé les cieux;

Aujourd'hui même encore, ils m'ont dit qu'il refpire.
Je vais mettre en fes mains mes jours et mon Empire.
Je fais trop que ce dieu, maître éternel des dieux,
Jupiter, dont l'oracle eft préfent en ces lieux,

Me prédit, m'affura que ce fils fanguinaire

Porterait le poignard dans le fein de fa mère.

Puiffe aujourd'hui, grand Dieu, l'effort que je me fais,
Vaincre l'affreux deftin qui l'entraîne aux forfaits!
Oui, Peuple, je le veux: oui, le roi va paraître :
Je vais à le montrer obliger le grand-prêtre.
Les dieux qui m'ont parlé, veillent encor fur lui;
Ce fecret au grand jour va briller aujourd'hui.
De mon fils déformais il n'eft rien que je craigne;
Qu'on me rende mon fils, qu'il m'immole, et qu'il règne.

HERMO GIDE.

Peuples, Chefs, il faut donc in'expliquer à mon tour:
L'affreufe vérité va donc pa aître au jour.

Ce fils qu'on redemande afin de mieux m'exclure,
Cet enfant dangereux, l'horreur de la nature,
Né pour le parricide, et dont la cruauté
Devait verfer le fang du fein qui l'a porté :
Il n'eft plus. Son fupplice a prévenu fon crime.
ERIPH YLE.

Ciel!

HERMOGID E.

Aux portes du temple on frappa la victime. Celui qui l'enlevait le fuivit au tombeau. Il fallait étouffer ce monftre en fon berceau; A la reine, à l'Etat fon fang fut néceffaire; Les dieux le demandaient: je fervis leur colère. Peuple, n'en doutez point: Euphorbe, Nicétas, 'Sent les fecrets témoins de ce jufte trépas. J'attefte mes aïeux et ce jour qui m'éclaire, Que j'immolai le fils, que j'ai fauvé la mère ; Que fi ce fang coupable a coulé fous nos coups, J'ai prodigué le mien pour la Grèce et pour vous. Vous m'en devez le prix ; vous voulez tous un maître ; L'oracle en promet un, je vais périr, ou l'être ;

Je vais venger mes droits contre un roi fuppofé,
Je vais rompre un vain charme à moi seul oppofé.
Soldat par mes travaux, et roi par ma naiffance,
De vingt ans de combats j'attends la récompenfe.
Je vous ai tous fervis. Ce rang des demi-dieux
Défen lu par mon bras, fondé par mes aïeux,
Cimenté de mon fang, doit être mon partage.
Je le tiendrai de vous, de moi, de mon courage,
De ces dieux dont je fors, et qui feront pour moi.
et fervez votre roi.
(il fort fuivi des fiens.)

Amis, fuivez mes pas,

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Ou fuis-je ? De quels traits le cruel m'a frappée ?

Mon fils ne ferait plus! Dieux, m'auriez-vous trompée! (à Polémon.)

Et vous que j'ai chargé de rechercher fon fort. ...

POLE MON.

On l'ignore en ce temple, et fans doute il eft mort.

AL CME ON.

Reine, c'eft trop fouffrir qu'un monftre vous outrage: Confondez fon orgueil et puniffez fa rage.

Tous vos guerriers font prêts; permettez que mon bras...

ERIP HY LE.

Es-tu laffe, Fortune? Eft-ce affez d'attentats?
Ah! trop malheureux fils, et toi, cendre facrée,
Cendre de mon époux de vengeance altérée,

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Manes fanglans, faut-il que votre meurtrier

Règne fur votre tombe et foit votre héritier !

Le temps, le péril preffe, il faut donner l'Empire. -
Un dieu dans ce moment, un dieu parle et m'infpire;
Je cède, je ne puis, dans ce jour de terreur,
Réfifter à la voix qui s'explique à mon cœur.
C'est vous, maître des rois et de la destinée;
C'est vous qui me forcez à ce grand hyménée.
Alcméon, fi mon fils eft tombé fous fes coups....
Seigneur.. vengez mon fils, et le trône eft à vous.

....

ALC ME ON.

Grande Reine, eft-ce à moi que ces honneurs infignes....

ERIPHY LE.

Ah! quels rois dans la Grèce en feraient auffi dignes?
Ils n'ont que des aïeux, vous avez des vertus.

Ils font rois, mais c'est vous qui les avez vaincus.
C'est vous que le ciel nomme et qui m'allez défendre :
C'est vous qui de mon fils allez venger la cendre.
Peuples, voilà ce roi fi long-temps attendu,
Qui feul vous a fait vaincre, et feul vous était dû,
Le vainqueur de deux rois, prédit par les dieux mêine,
Qu'il foit digne à jamais de ce faint diadême !

Que je retrouve en lui les biens qu'on m'a ravis,
Votre appui, votre roi, mon époux et mon fils!

SCENE I V.

ERIPHYLE, ALCMEON, POLEMON, THEANDRE, Choeur d'Argiens.

THE ANDRE.

QUE faites-vous, Madame? Et qu'allez-vous réfoudre?

Le jour fuit, le ciel gronde: entendez-vous la foudre ?

De la tombe du roi le pontife a tiré

Un fer que fur l'autel fes mains ont confacré.

Sur l'autel à l'inftant ont paru les furies:

Les flambeaux de l'hymen font dans leurs mains impies. Tout le peuple tremblant, d'un faint refpect touché, Baiffe un front immobile, à la terre attaché.

ERIPHY LE.

Jufqu'où veux-tu pouffer ta fureur vengereffe,

O Ciel! Peuples, rentrez : Théandre, qu'on me laiffe
Quel jufte effroi faifit mes efprits égarés !
Quel jour pour un hymen!

SCENE

V.

ERIPHY LE, AL CME ON.

ERIPH YLE.

Aн, Seigneur, demeurez.

H,

Eh, quoi! je vois les dieux, les enfers et la terre
S'élever tous enfemble, et m'apporter la guerre :
Mes ennemis, les morts contre moi déchaînés;
Tout l'univers m'outrage, et vous m'abandonnez!
ALCME ON.

Je vais périr pour vous, ou punir Hermogide :
Vous fervir, vous venger, vous fauver d'un perfide.

ERIPH YLE.

Je vous fefais fon roi: mais, hélas! mais, Seigneur,
Arrêtez; connaissez mon trouble et ma douleur.
Le défefpoir, la mort, le crime m'environne ;
J'ai cru les écarter en vous plaçant au trône,
J'ai cru même appaifer ces manes en courroux,
Ces manes foulevés de mon premier époux.

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