Vous, lorfque le foleil defcendra dans les flots, HERMO GIDE. Mais, Madame, voyez... ERIPHY LE. Dans mon inquiétude, Mon efprit a besoin d'un peu de folitude; SCENE V I. HERMOGIDE, EUPHORBE. DEMEURE: HERMO GIDE. EMEURE: ce n'eft pas au gré de fon caprice Qu'il faut que mon courage, et que mon fort fléchiffe; Et je n'ai pas verfé tout le fang de mes rois, Pour dépendre aujourd'hui du hasard de son choix. Parle as-tu difpofé cette troupe intrépide, Ces compagnons hardis du destin d'Hermogide ? Contre la reine même afent-ils me fervir? EUPHORBE. Pour VOS intérêts feuls ils font prêts à périr. HERMO GIDE. Je faurai me fauver du reproche et du blâme Argos n'a plus de rois, et c'était trop attendre Pour les fuivre aux enfers, ou régner fur leur cendre. Je n'ai plus, il eft vrai, ce fer fi révéré Qu'on croit iei du trône être un gage affuré; Mais je conferve, au moins, de cette augufte place Ne m'élève à l'Empire, il m'entraîne au trépas. Fin du fecond acte ACTE II I. SCENE PREMIERE. HERMOGIDE, EUPHORBE, Suite d'Hermogide HERMO GID E. ENFIN donc, voici l'heure où dans ce temple même, La reine avec sa main donne fon diadême. Euphorbe, ou je me trompe, ou de bien des horreurs Ces dangereux momens font les avant-coureurs. EUPHORBE. Polémon de fa part flatte votre efpérance. HERMO GIDE. Polémon veut en vain tromper ma défiance. EUPHORB E. Eh! qui choifir que vous? Cet Empire aujourd'hui HERMO GID E. Moi! que cette faibleffe ait amolli mon ame! Cet heureux afcendant que les foins, la foupleffe, EUPHORBE. Tout vous portait au trône: et les vœux de l'armée, HERMO GID E. Par quels funeftes nœuds mes deftins font liés! Qui font, bien plus que nous, les rois des nations; Fut plus fort que mon bras et que ma politique. EUPHOR BE. En faveur de vos droits ce peuple enfin s'unit; HERMO GIDE. Je compte fur leur foi 2 Tant que leur intérêt les peut joindre avec moi. L'un d'eux, je l'avoûrai, me trouble et m'importune; Je le crains malgré moi. EUPHORBE. Quoi! ce jeune Alcméon, Ce foldat qui vous doit fa grandeur et fon nom? HERMO GID E. Oui, ce fils de Théandre, et qui fut mon ouvrage, Qui fous moi de la guerre a fait l'apprentiffage, 2 Maître de trop de cœurs à mon char arrachés, Au bonheur qui le fuit les a tous attachés. Par fes heureux exploits ma grandeur eft ternie Son afcendant vainqueur impofe à mon génie : Son feul afpect ici commence à m'alarmer. Je le hais d'autant plus qu'il fait fe faire aimer, Que des peuples féduits l'eftime eft fon partage; Sa gloire m'avilit et sa vertu m'outrage. Je ne fais, mais le nom de ce fier citoyen, Tout obfcur qu'il était, femble égaler le mien. Et moi, près de ce trône où je dois feul prétendre, * J'ai laffé ma fortune à force de l'attendre. Mon crédit, mon pouvoir adoré fi long-temps, N'eft qu'un coloffe énorme ébranlé par les ans, Qui penche vers fa chute, et dont le poids immenfe Veut, pour fe foutenir, la fuprême puiffance; Mais du moins en tombant je faurai me venger, EUPHORBE. Qu'allez-vous faire ici? HERMO GIDE. Ne plus rien ménager; Déchirer, s'il le faut, le voile heureux et fombre Par les plus grands fuccès, ou la plus belle mort; |