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Vous, lorfque le foleil defcendra dans les flots,
Trouvez-vous dans ce temple avec les chefs d'Argos.
A mes aïeux, à vous, je vais rendre justice :
Je prétends qu'à mon choix l'univers applaudiffe;.
Et vous pourrez juger fi ce cœur abattu
Sait conferver fa gloire, et connaît la vertu.

HERMO GIDE.

Mais, Madame, voyez...

ERIPHY LE.

Dans mon inquiétude,

Mon efprit a besoin d'un peu de folitude;
Mais jufqu'à ces momens que mon ordre a fixés,
Si je fuis Reine encor, Seigneur, obéiffez,

SCENE V I.

HERMOGIDE, EUPHORBE.

DEMEURE:

HERMO GIDE.

EMEURE: ce n'eft pas au gré de fon caprice Qu'il faut que mon courage, et que mon fort fléchiffe; Et je n'ai pas verfé tout le fang de mes rois, Pour dépendre aujourd'hui du hasard de son choix. Parle as-tu difpofé cette troupe intrépide, Ces compagnons hardis du destin d'Hermogide ? Contre la reine même afent-ils me fervir?

EUPHORBE.

Pour VOS intérêts feuls ils font prêts à périr.

HERMO GIDE.

Je faurai me fauver du reproche et du blâme
D'attendre pour régner les bontés d'une femme.
Je fus quinze ans fans maître, et ne puis obéir.
Le fruit de tant de foins e lent à recueillir.

Argos n'a plus de rois, et c'était trop attendre

Pour les fuivre aux enfers, ou régner fur leur cendre. Je n'ai plus, il eft vrai, ce fer fi révéré

Qu'on croit iei du trône être un gage affuré;

Mais je conferve, au moins, de cette augufte place
Des gages plus certains, la conftance et l'audace.
Mon deftin fe décide, et fi le premier pas

Ne m'élève à l'Empire, il m'entraîne au trépas.
Entre l'Empire et moi tu vois le précipice:
Allons, que ma fortune y tombe, ou le franchiffe!

Fin du fecond acte

ACTE II I.

SCENE PREMIERE.

HERMOGIDE, EUPHORBE, Suite d'Hermogide

HERMO GID E.

ENFIN donc, voici l'heure où dans ce temple même,

La reine avec sa main donne fon diadême.

Euphorbe, ou je me trompe, ou de bien des horreurs Ces dangereux momens font les avant-coureurs.

EUPHORBE.

Polémon de fa part flatte votre efpérance.

HERMO GIDE.

Polémon veut en vain tromper ma défiance.

EUPHORB E.

Eh! qui choifir que vous? Cet Empire aujourd'hui
Demande un bras puiffant qui lui ferve d'appui.
Que dis-je? Vous l'aimiez, Seigneur, et tant de flamme...

HERMO GID E.

Moi! que cette faibleffe ait amolli mon ame!
Hermogide amoureux! Ah! qui veut être roi,
Qu n'eft pas fait pour l'être, ou fait régner fur foi.
* A la reine engagé, je pris fur fa jeunesse

Cet heureux afcendant que les foins, la foupleffe,
L'attention, le temps, favent fi bien donner
Sur un cœur fans deffeins, facile à gouverner.
Le bandeau de l'amour, et l'art trompeur de plaire,
De mes vaftes deffeins ont voilé le mystère.
Mais de tout temps, crois-moi, la foif de la grandeur
Fut le feul fentiment qui régna dans mon cœur.

EUPHORBE.

Tout vous portait au trône: et les vœux de l'armée,
Et la voix de ce peuple et de la renommée,
Et celle de la reine en qui vous efpériez.

HERMO GID E.

Par quels funeftes nœuds mes deftins font liés!
Son époux et fon fils, privés de la lumière,
Du trône à mon courage entr'ouvraient la barrière,
Quand la main de nos díeux la ferma fous mes pas.
Je fais que j'eus les voeux du peuple et des foldats;
Mais la voix de ces dieux, ou plutôt de nos prêtres,
M'a dépouillé quinze ans du rang de mes ancêtres.
Il fallut fuccomber aux fuperftitions,

Qui font, bien plus que nous, les rois des nations;
Et le zèle aveuglé d'un peuple fanatique

Fut plus fort que mon bras et que ma politique.

EUPHOR BE.

En faveur de vos droits ce peuple enfin s'unit;
Du trône devant vous le chemin s'applanit;
Argos, par votre main, fait à la fervitude,
Long-temps de votre joug prit l'heureufe habitude:
Nos chefs feront pour vous.

HERMO GIDE.

Je compte fur leur foi

2

Tant que leur intérêt les peut joindre avec moi.

L'un d'eux, je l'avoûrai, me trouble et m'importune;
Son deftin qui s'élève, étonne ma fortune.

Je le crains malgré moi.

EUPHORBE.

Quoi! ce jeune Alcméon,

Ce foldat qui vous doit fa grandeur et fon nom?

HERMO GID E.

Oui, ce fils de Théandre, et qui fut mon ouvrage,

Qui fous moi de la guerre a fait l'apprentiffage,

2

Maître de trop de cœurs à mon char arrachés, Au bonheur qui le fuit les a tous attachés. Par fes heureux exploits ma grandeur eft ternie Son afcendant vainqueur impofe à mon génie : Son feul afpect ici commence à m'alarmer. Je le hais d'autant plus qu'il fait fe faire aimer, Que des peuples féduits l'eftime eft fon partage; Sa gloire m'avilit et sa vertu m'outrage. Je ne fais, mais le nom de ce fier citoyen, Tout obfcur qu'il était, femble égaler le mien. Et moi, près de ce trône où je dois feul prétendre, * J'ai laffé ma fortune à force de l'attendre. Mon crédit, mon pouvoir adoré fi long-temps, N'eft qu'un coloffe énorme ébranlé par les ans, Qui penche vers fa chute, et dont le poids immenfe Veut, pour fe foutenir, la fuprême puiffance; Mais du moins en tombant je faurai me venger,

EUPHORBE.

Qu'allez-vous faire ici?

HERMO GIDE.

Ne plus rien ménager;

Déchirer, s'il le faut, le voile heureux et fombre
Qui couvrit mes forfaits du fecret de fon ombre:
Les juftifier tous par un nouvel effort,

Par les plus grands fuccès, ou la plus belle mort;
Et dans le défefpoir où je vois qu'on m'entraîne,
Ma fureur. ... Mais on entre, et j'aperçois la reiney

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