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ACTE II

SCENE PREMIERE.

ALCME ON, THE ANDRE.

ALCMEO

THE ANDRE.

LCMEON, j'ai pitié de voir tant de faibleffe. L'erreur qui vous féduit, la douleur qui vous preffe,

De vos défirs fecrets l'orgueil préfomptueux,
Eclatent malgré vous et parlent dans vos yeux;
Et j'ai tremblé cent fois que la reine offenfée
Ne punît de vos vœux la fureur infenfée.
Qui? vous! jeter fur elle un œil audacieux ?
Vous cherchez à vous perdre. Ah! jeune ambitieux,
Faut-il vous voir ôter par vos fouguenx caprices
L'honneur de vos exploits, le fruit de vos fervices,
Le prix de tant de fang verfé dans les combats!

AL CME ON.

Cher ami, pardonnez: je ne me connais pas.
La reine, oui, je l'avoue, oui, fa fatale vue
Porte au fond de mon ame une atteinte inconnue.
Je ne veux point voiler à vos regards difcrets
L'erreur de mon jeune âge, et mes troubles fecrets.
Je vous dirai bien plus: l'aspect du diadême
Semble emporter mon ame au-delà de moi-même.
J'ignore pour quel roi ce bras a triomphé:
Mais preffé d'un dépit avec peine étouffé,
A mon cœur étonné c'eft un fecret outrage,
Qu'un autre emporte ici le prix de mon courage
Théâtre. Tome I..

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Que ce trône ébranlé, dont je fus le rempart,
Dépende d'un coup d'œil, ou fe donne au hasard.
Que dis-je? Hélas! peut-être il eft le prix du crime
Mais non,
n'écoutons point le tranfport qui m'anime ;
Banniffons loin de moi le funefte soupçon
Qui règue en mon efprit et trouble ma raison.
Ah! fi la vertu feule, et non pas la naiffance.
THE ANDRE..

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Ecoutez: j'ai moi-même élevé votre enfance;
Souffrez-moi quelquefois, généreux Alcméon,
L'autorité d'un père auffi bien que le nom.
Vous paffez pour mon fils, la fortune févère,
Inégale en fes dons, pour vous marâtre et mère,
De vos jours confervés voulut mêler le fil
De l'éclat le plus grand, et du fort le plus vil.
J'ai d'un profond secret couvert votre origine;
Mais vous la connaiffez; et cette ame divine,
Du haut de fa fortune et parmi tant d'éclat,
Devrait baiffer les yeux fur fon premier état.
Gardez que quelque jour, cet orgueil téméraire
N'attire fur vous-même une trifte lumière;
N'éclaire enfin l'envie, et montre à l'univers
Sous vos lauriers pompeux la honte de vos fers.

ALCME ON.

Ah! c'eft ce qui m'accable et qui me défefpère.
Il faut rougir de moi, trembler au nom d'un père :
Me cacher par faibleffe aux moindres citoyens,
Et reprocher ma vie à ceux dont je la tiens.
Préjugé malheureux! éclatante chimère
Que l'orgueil inventa, que le faible révère,
Par qui je vois languir le mérite abattu

Aux pieds d'un prince indigne, ou d'un grand fans vertu.
Les mortels font égaux: ce n'eft point la naiffance,
C'eft la feule vertu qui fait leur différence.

C'eft elle qui met l'homme au rang des demi- dieux; *Et qui fert fon pays n'a pas befoin d'aïeux.

Princes, Rois, la fortune a fait votre partage, Mes grandeurs font à moi; mon fort eft mon ouvrage : Et ces fers fi honteux, ces fers où je naquis, Je les ai fait porter aux mains des ennemis. * Je n'ai plus rien du fang qui m'a donné la vie; * Il a dans les combats coulé pour la patrie; * Je vois ce que je fuis et non ce que je fus, * Et crois valoir au moins des rois que j'ai vaincus.

THEAN DR E.

Alcméon, croyez-moi, l'orgueil qui vous inspire,
Que je dois condamner, et que pourtant j'admire,
Ce principe éclatant de tant d'exploits fameux,
En vous rendant fi grand, vous fait trop malheureux.
Pliez à votre état ce fougueux caractère
Qui d'un brave guerrier ferait un téméraire :
C'est un des ennemis qu'il vous faut fubjuguer.
Né pour fervir le trône et non pour le briguer;
Sachez vous contenter de votre destinée;
D'une gloire affez haute elle eft environnée:
N'en recherchez point d'autre. Eh! qui fait fi les dieux
Qui toujours fur vos pas ont attaché les yeux,
Qui pour venger Argos, et pour calmer la Grèce,,
Ont voulu vous tirer du fein de la baffeffe,
N'ont point encor fur vous quelques fecrets deffeins?
Peut-être leur vengeance eft mife entre vos mains.
Le fang de votre roi dont la terre eft fumante,
Elève encor au ciel une voix gémiffante;
Sa voix eft entendue et les dieux aujourd'hui
Contre fes affaffins fe déclarent pour lui.
Le Grand-Prêtre déjà voit la foudre allumée
Qui fe cache à nos yeux dans la nue enfermée.
Enfin, que feriez-vous fi les arrêts du ciel

Vous preffaient de punir un meurtre fi cruel ?
Si, chargé malgré vous de leur ordre fuprême,
Vous vous trouviez entr'eux, et la Reine elle-même ?
S'il vous fallait choifir . . .

...

SCENE I I.

ALCMEON, THEANDRE, POLEMO N.

POLEM O N.

LAR

A reine en ce moment

Vous mande de l'attendre en cet appartement.
Elle vient: il s'agit du falut de l'Empire.
THE AND RE à part.

Prête à nommer un roi, qu'aurait-elle à lui dire ?
D'Amphiaraus, ô Lieux, daignez vous fouvenir !

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C'EST à vous, Alcméon, c'eft à votre victoire

Qu'Argos doit fon bonheur, Eriphyle fa gloire..
C'eft par vous, que maîtreffe, et du trône, et de moi
Dans ces murs relevés je puis choifir un roi.
Mais prête à le nommer, ma jufte prévoyance
Veut s'affurer ici de votre obéiffance.

J'ai de nommer un roi le dangereux honneur:
Faites plus, Alcméon, foyez fon défenfeur.

ALCME ON.

D'un prix trop glorieux ma vie eft honorée:
A vous fervir, Madame, elle fut confacrée.
* Je vous devais mon fang, et quand je l'ai verfé,
* Puifqu'il coulait pour vous, je fus récompenfé.
Mais telle eft de mon fort la dure violence,

Qu'il faut que je vous trompe ou que je vous offense.
Reine, je vais parler des rois humiliés

Briguent votre fuffrage et tombent à vos pieds.
Tout vous rit; que pourrais-je, en ce féjour tranquille,
Vous offer qu'un vain zèle, et qu'un bras inutile ?
Laiffez-moi fuir des lieux où le deftin jaloux
Me ferait, malgré moi, trop coupable envers vous.

ERIP HYLE.

Vous me quittez! ô Dieux, dans quels temps!

ALCME ON.

Les orages

Ont ceffé de gronder fur ces heureux rivages.
Ma main les écarta: la Grèce en ce grand jour
Va voir enfin l'Hymen et peut-être l'Amour,
Par votre augufte voix nommer un nouveau maître.
Reine, jufqu'aujourd'hui vous avez pu connaître
Quelle fidélité m'attachait à vos lois ;

Quel zèle inaltérable échauffait mes exploits.
J'efpérais à jamais vivre fous votre empire:
Mes vœux pourraient changer, et j'ofe ici vous dire
Que cet heureux époux, fur ce trône monté,
Eprouverait en moi moins de fidélité;

Et qu'un fujet foumis, dévoué, plein de zèle,
Peut-être à d'autres lois deviendrait un rebelle.

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