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Des plus noirs fentimens cachât la profondeur.

On lui promit ma main: mon cœur faible et fincère,
Dans fes rapides vœux foumis aux lois d'un père,
Trompé par fon devoir et trop tôt enflammé,
Brûla pour un barbare indigne d'être aimé ;
Et lorfqu'à l'oublier on voulut me contraindre,
Mes feux trop allumés ne pouvaient plus s'éteindre.
Amphiaraus parut et changea mon deftin;

Il obtint de mon père et l'Empire et ma main.

Il régna je l'armai de ce fer redoutable,

:

Du fer facré des rois, dont une main coupable]
Ofa depuis... enfin je lui donnai ma foi;
Je lui devais mon cœur, il n'était plus à moi.
Ingrate à ce héros qui feul m'aurait dû plaire,
Je portais dans fes bras une amour étrangère,
Objet de mes remords, objet de ma pitié,
Demi-dieu dont je fus la coupable moitié,
Quand tu quittas ces lieux, quand ce traître Hermogide
Te fit abandonner les champs de l'Argolide,
Pourquoi le vis-je encor? Trop faible que je fuis,
Mon front mal déguifé fit parler mes ennuis.
L'aveugle ambition dont il brûlait dans l'ame
De fon fatal amour empoifonna la flamme;
Il entrevit le trône ouvert à fes défirs;

Il expliqua mes pleurs, mes regrets, mes foupirs,
Comme un ordre fecret que ma timide bouche
Héfitait de preferire à fa rage farouche.

Je t'en ai dit affez; et mon époux eft mort.

ZELO NIDE.

Le roi dans un combat vit terminer fon fort.

ER IPHY LE.

Argos le croit ainfi; mais une main impie,
Ou plutôt ma faibleffe a terminé fa vie.
Hermogide en fecret l'immola fous fes coups.

Le cruel, tout couvert du fang de mon époux,
Vint armé de ce fer, inftrument de fa rage,
Qui des droits à l'Empire était l'auguste gage :
Et d'un affaffinat pour moi feule entrepris

Aux pieds de nos autels il demanda le prix.

Grands Dieux! qui m'inspirez des remords légitimes,
Mon cœur, vous le favez, n'eft point fait pour les crimess
Il est né vertueux: je vis avec horreur

Le coupable ennemi qui fut mon féducteur;
Je déteftai l'amour et le trône et la vic.

ZELONIDE.

Eh! ne pouviez-vous point punir fa barbarie
Etiez-vous fourde aux cris de ce fang innocent?

ERIPH YLE.

Celui qui le verfa fut toujours trop puiffant;
Et fon habileté fecondant fon audace,

De ce crime aux mortels a dérobé la trace.
Je ne pus que pleurer, me taire et le haïr.
Le ciel en même temps s'arma pour me punir;
La main des dieux fur moi toujours appesantie,
Opprima mes fujets, perfécuta ma vie.

Les princes de Cyrrha, d'Elide et de Pylos,
Se difputaient mon cœur et l'Empire d'Argos.
De nos chefs divifés les brigues et les haines
De l'Etat qui chancelle embarraffaient les rènes,
Le barbare Hermogide a difputé contr'eux
Et le prix de fon crime et l'objet de fes feux.
Et moi, fur mon hymen, fur le fort de la guerre
Je confultai la voix du maître du tonnerre:
A fa divinité, dont ces lieux font remplis,
J'offris en frémiffant mon encens et mes crise
Sans doute tu l'appris; cet oracle funeste,
Ce trifte avant-coureur du châtiment célefte,
Cet oracle me dit de ne choisir un roi,

Que quand deux rois vaincus fléchiraient fous ma loi; Mais qu'alors, d'un époux vengeant le fang qui crie, Mon fils, mon propre fils m'arracherait la vie,

ZEL ON IDE.

Jufte Ciel! Eh! que faire en cette extrémité ?

ERIPH YLE.

O mon fils! que de pleurs ton deftin m'a coûté ?
Trop de crainte peut-être, et trop de prévoyance
M'ont fait injustement éloigner son enfance.
Je n'ofais ni trancher, ni fauver fes deftins;
J'abandonnai fon fort à d'étrangères mains;
Il mourut pour fa mère: et ma bouche infidelle
De fon trépas ici répandit la nouvelle.

Je l'arrachai pleurant de mes bras maternels.
Quelle perte, grands Dieux! Et quels deftins cruels!
J'ôte à mon fils le trône, à mon époux la vie ;
Et ma feule faiblesse a fait ma barbarie.
Mais tant d'horreurs encor ne peuvent égaler
Ce déteftable hymen dont tu m'ofes parler.

SCENE I V.

ERIPHYLE, ZELONIDE, POLE MON.

H

ERIPHY LE.

bien! cher Polémon, que venez-vous me dire!

POLE MON.

J'apporte à vos genoux les vœux de cet Empire;
Son fort dépend de vous; le don de votre foi
Fait la paix de la Grèce et le bonheur d'un roi
Ce long retardement, à vous-même funefte.

De nos divifions peut ranimer le refte.
Euryale, Tydée, et ces rois repouffés,
Vaincus par Alcméon ne font point terraffés.
Dans Argos incertain leur parti peut renaître;
Hermogide eft puiffant, le peuple veut un maître :
Il fe plaint, il murmure, et prompt à s'alarmer,
Bientôt malgré v
é vous-même il pourrait le nommer.
Veuve d'Amphiaraüs, et digne de ce titre,
De ces grands différends et, la caufe et l'arbitre,
Reine, daignez d'Argos accomplir les fouhaits.
Que le droit de régner foit un de vos bienfaits!
Que votre voix décide, et que cet hyménée
De la Grèce et de vous règle la destinée!

ERIPHY LE.

Pour qui penche ce peuple?

POLE MON.

Il attend votre choix:

Mais on fait qu'Hermogide eft du fang de nos rois.
Du fouverain pouvoir il eft dépofitaire;
Cet hymen à l'Etat femble être néceffaire.

ERIPHY LE.

On veut que je l'époufe, et qu'il foit votre roi ?

POLE MON.

Madame, avec respect on fuivra votre loi.
Prononcez: un feul mot réglera nos hominages.

ERIPH YLE.

Mais du peuple Hermogide a-t-il tous les fuffrages?

POLE MÓN.

S'il faut parler, Madame, avec fincérité,

Ce prince eft dans ces lieux moins cher que redouté. On croit qu'à fon hymen il vous faudra foufcrire, Mais, Madame, on le croit plus qu'on ne le défire.

ERIPHY LE.

Aleméon ne vient point! l'a-t-on fait avertir?

POLE MON.

Déjà du camp, Madame, il aura dû partir.

ERIPH YLE.

Ce n'est qu'en fa vertu que j'ai quelqu'espérance.
Puiffe-t-il de fa reine embraffer la défenfe!
Puiffe-t-il me fauver de tous mes ennemis!

O Dieux de mon époux! et vous, Dieux de mon fils !
Prenez de cet Etat les rènes languiffantes;
Remettez-les vous-même en des mains innocentes:
Ou fi dans ce grand jour il me faut déclarer,
Conduifez donc mon cœur, et daignez l'infpirer.

Fin du premier acte

ACTE

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