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Gardez que d'Alcméon le courage inutile

Contre ces dieux vengeurs ne protège Eriphyle.

THE ANDRE.

Quoi! ce jour qui semblait marqué par leurs bienfaits...

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Jamais jour ne fera plus terrible aux forfaits;
Il faut d'Amphiaraüs venger la mort funeste ;
Dans une obfcure nuit les dieux cachent le refte.
THE ANDRE.

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Il n'eft donc que trop vrai: ce prince infortuné,
Ce grand Amphiaraüs eft mort affaffiné.
Quoi? Sa femme elle-même aurait pu la barbare!
Hélas! quand de bons rois le ciel toujours avare
A fes triftes fujets ravit Amphiaraüs,
Il m'en fouvient affez; un murmure confus,
Quelques fecrètes voix que je croyais à peine,
De cette mort funefte ofaient charger la reine.
Mais quel mortel hardi pouvait jeter les yeux
Dans la nuit qui couvrait ce mystère odieux.
Nos timides foupçons ont tremblé de paraître ;
Ce bruit s'eft diffipé.

LE

GRAND

PRETRE.

Le ciel l'a fait renaître.

La vérité terrible, avec des yeux vengeurs,
Vient fur l'aile du temps et lit au fond des cœurs.
Son flambeau redoutable éclaire enfin l'abyme
Où dans l'impunité s'était caché le crime.

THE ANDRE.

O mon maître ! Ogrand Roi lâchement égorgé,
Je mourrai fatisfait fi vous êtes vengé !
Comment dois-tu finir, folennelle journée
Que le deftin fixa pour ce grand hyménée ?
Ah! pour ce nouveau choix quel étrange appareil!
Ce matin, devançant le retour du foleil,

La reine était en pleurs, interdite, éperdue,
Elle a d'Amphiaraüs embraffé la ftatue ;
Dans fon appartement elle n'ofait rentrer;
Une fecrète horreur semblait la pénétrer.
Tel eft des criminels le partage effroyable:

Ciel! qu'elle doit fouffrir fi fon cœur eft coupable!

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Bientôt de ces horreurs vous ferez éclairci.

Suivez-moi dans ce temple:

THE ANDRE.

Ah, Seigneur, la voici

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SCENE I I.

ERIPHYLE, ZELONIDE, LE GRAND- PRETRE, THEANDRE, Suite de la Reine.

(Eripbyle paraft accablée de trifteffe.)

ZELONIDE à la Reine.

PRINCESSE, rappelez votre force première

* Que vos yeux fans frémir s'ouvrent à la lumière.

Ah Dieux!

ERIPH YLE.

ZELON IDE.

Puiffent ces Dieux diffiper votre effrol
ERIPH Y LE au Grand Prêtre.

Eh quoi: Miniftre faint, vous (uyez devant moi!
Demeurez; fecourez votre reine éperdue:
Ecartez cette main fur ma tête étendue.

Un fpectre épouvantable en tous lieux me pourfuit;
Les dieux l'ont déchaîné de l'éternelle nuit.

Je l'ai vu ; ce n'est point une erreur paffagère

Que produit du fommeil la vapeur menfongère:
Le fommeil à mes yeux refufant fes douceurs,
N'a point fur mon efprit répandu fes erreurs.
Je l'ai vu, je le vois.... Cette image effrayante
* A mes fens égarés demeure encor préfente.

Du fein de ces tombeaux, de centrois mes aïeux,
* Il a percé l'abyme, il marche dans ces lieux.
Ces voiles malheureux qu'ici l'hymen m'apprête,
Sanglans et déchirés semblaient couvrir fa tête,
Et cachaient fon vifage à mon œil alarmé:
D'un glaive étincelant fon bras était armé.
J'entends encor ses cris et fes plaintes funeftes.
Vous, confident facré des volontés célestes,
Répondez: Quel eft donc ce fantôme cruel?

*

*

Eft-ce un Dieu des enfers, ou l'ombre d'un mortel? Quel pouvoir a brisé l'éternelle barrière

Dont le ciel fépara l'enfer et la lumière?

* Les manes des humains, malgré l'arrêt du fort, * Peuvent-ils revenir du féjour de la mort?

LE GRAND - PRETRE.

*Oui: du ciel quelquefois la juftice fuprême
* Sufpend l'ordre éternel établi par lui-même.
* Il permet à la mort d'interrompre fes tois,
* Pour l'effroi de la terre et l'exemple des rois.

ERIPH YLE.

Hélas! lorfque le ciel à vos autels m'entraîne,
Et d'un fecond hymen me fait fubir la chaîne,
M'annonce-t-il la mort, ou défend-il mes jours?
S'arme-t-il pour ma perte, ou bien pour mon fecours?
Que veut cet habitant du ténébreux abyme!

Que vient- il m'annoncer?

LE GRAND-PRETRE.

Il vient punir le crime, (il fort.)

SCENE III.

ERIPHY LE, ZELONIDE.

Qu

ERIPH YLE.

UELLE réponse, ô Ciel! et quel préfage affreux!

ZELO NID E.

Ce jour femblait pour vous des jours le plus heureux.
De ces rois ennemis l'audace eft confondue;
Par les mains d'Alcméon la paix vous eft rendue;
Ces princes qui briguaient l'Empire et votre main
D'un mot de votre bouche attendent leur deftin.
ERIPH YLE.

Lefbras d'Alcméon feul a fait tous ces miracles.

ZEL ON IDE.

Les deftins à vos vœux ne mettront plus d'obftacles.
Songez à votre gloire, à tous ces rois rivaux,
A l'hymen qui pour vous rallume fes flambeaux.

ERIPHY LE.

Moi, rallumer encor ces flammes détestées!
Moi, porter aux autels des mains enfanglantées,.
Moi, choisir un époux! ce nom cher et facre
Par ma faibleffe horrible eft trop déshonoré :
Qu'on détruise à jamais ces pompes folennelles.
Quelles mains s'uniraient à mes mains criminelles !
Je ne puis...

ZEL ON IDE.

Raffurez votre cœur éperdu:

Hermogide bientôt. . .

ERIPHY LE.

Quel nom prononces-tu ?

Hermogide, grands Dieux! lui de qui la furie

Empoifonna les jours de ma fatale vie.

Hermogide! ah! fans lui, fans fes coupables feux,
Mon cœur, mon trifte cœur eût été vertueux.

ZELONI D E.

Quel trouble vous faifit? quel remords vous tourmente?

ERIPH Y L E.

Pardonne, Amphiaraüs, pardonne, Ombre fanglante!
Ceffe de m'effrayer du fein de ce tombeau :

Je n'ai point dans tes flancs enfoncé le couteau:
Je n'ai point confenti. . . que dis-je ? miferable!

ZELO NI DE.

Quoi, vous ! de quels forfaits feriez-vons done coupable?

ERIPH Y LE.

Je n'ai pu jufqu'ici t'avouer tant d'horreurs.

Les malheureux fans peine exhalent leurs douleurs ; Mais, hélas! qu'il en coûte à déclarer fa honte!

ZELONI DE.

Une douleur injufte, un vain effroi vous dompte;
La vertu la plus pure eut toujours tous vos foins :
Votre cœur n'aime qu'elle.

ERIPH Y LE.

Il le voudrait du moins.

Tu n'étais pas à moi, lorfqu'un trifte hyménée
Au fage Amphiaraüs unit ma destinée.

ZELON IDE.

Vous fortiez de l'enfance, et de vos heureux jours
Seize printemps à peine avaient marqué le cours.

ERIPHY L E.

C'eft cet âge fatal et fans expérience,

Ouvert aux paffions, faible, plein d'imprudence,
C'est cet âge indiscret qui fit tout mon malheur.
Un traître avait surpris le chemin de mon cœur:
Hélas! qui l'aurait cru que ce fier Hermogide,
Race des demi-dieux, iffu du fang d'Alcide,
Sous l'appât d'un amour fi tendre, fi flatteur,

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