Obrazy na stronie
PDF
ePub

Il devait dès demain retourner vers fon maître;
Mais un jour quelquefois eft beaucoup pour un traître,'
Meffala, je prétends ne rien craindre de lui!

Allez lui commander de partir aujourd'hui :

Je le veux.

MESSA LA.

C'eft agir fans doute avec prudence,

Et vous ferez content de mon obéiffance.

BRUTU s.

Ce n'eft pas tout: mon fils avec vous eft lié ;
Je fais fur fon efprit ce que peut l'amitié.
Comme fans artifice il eft fans défiance,
Sa jeuneffe eft livrée à votre expérience.
Plus il fe fe à vous, plus je dois efpérer
Qu'habile à le conduire, et non à l'égarer,
Vous ne voudrez jamais, abusant de fon âge,
Tirer de fes erreurs un indigne avantage;
Le rendre ambitieux et corrompre fon cœur.

MESSAL A.

C'eft de quoi dans l'inftant je lui parlais, Seigneur.
Il fait vous imiter, fervir Rome et lui plaire;
Il aime aveuglément fa patrie et fon père.

BRUTU S.

Il le doit: mais fur-tout il doit aimer les lois :
Il doit en être efclave, en porter tout le poids.
Qui veut les violer, n'aime point sa patrie.

MESSA LA.

Nous avons vu tous deux fi fon bras l'a fervie.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

BRUT U S.

Non, non: le confulat n'eft point fait pour fon âgé !
J'ai moi-même à mon fils refufé mon fuffrage.
Croyez moi, le fuccès de fon ambition
Serait le premier pas vers la corruption.
Le prix de la vertu ferait héréditaire ;
Bientôt l'indigne fils du plus vertueux père,
Trop affuré d'un rang d'autant moins mérité,
L'attendrait dans le luxe et dans l'oifiveté.

Le dernier des Tarquins en eft la preuve infigne.
Qui naquit dans la pourpre en eft rarement digne.
Nous préfervent les cieux d'un fi funeste abus,
Berceau de la molleffe et tombeau des vertus!
Si vous aimez mon fils, (je me plais à le croire)
Repréfentez-lui mieux fa véritable gloire;
Etouffez dans fon cœur un orgueil infenfé:
C'eft en fervant l'Etat qu'il eft récompensé.
De toutes les vertus mon fils doit un exemple;
C'est l'appui des Romains que dans lui je contemple:
Plus il a fait pour eux, plus j'exige aujourd'hui.
Connaiffez à mes vœux l'amour que j'ai pour lui;
Tempérez cette ardeur de l'efprit d'un jeune homme:
Le flatter c'est le perdre, et c'eft outrager Rome.

MESSA LA.

Je me bornais, Seigneur, à le fuivre aux combats,
J'imitais la valeur et ne l'inftruifais pas.

J'ai peu d'autorité; mais s'il daigne me croire,
Rome verra bientôt comme il chérit la gloire.

BRUTUS.

Allez donc, et jamais n'encenfez fes erreurs;
Si je hais les tyrans, je hais plus les flatteurs.

SCENE V.

MESSALA feul.

Il n'eft point de tyran plus dur, plus haïffable,

Que la févérité de ton cœur intraitable.

Va, je verrai peut-être à mes pieds abattu,
Cet orgueil infultant de ta fauffe vertu.
Coloffe qu'un vil peuple éleva fur nos têtes,
Je pourrai t'écrafer, et les foudres font prêtes.

Fin da fecond acte.

JB

ACTE II I.

SCENE PREMIERE.

ARONS, ALBIN, MESSALA.

ARONS

une lettre à la main.

E commence à goûter une jufte espérance;
Vous m'avez bien fervi par tant de diligence;

Tout fuccède à mes vœux. Oui, cette lettre, Albin,
Contient le fort de Rome, et celui de Tarquin.
Avez-vous dans le camp réglé l'heure fatale?
A-t-on bien obfervé la porte Quirinale?
L'affaut fera-t-il prêt, fi par nos conjurés

Les remparts cette nuit ne nous font point livrés?
Tarquin est-il content? Crois-tu qu'on l'introduife,
Ou dans Rome fanglante, ou dans Rome foumife?

ALBIN.

Tout fera prêt, Seigneur, au milieu de la nuit.
Tarquin de vos projets goûte déjà le fruit;
Il penfe de vos mains tenir fon diadême;
Il vous doit, a-t-il dit, plus qu'à Porfenna même.

ARON S.

Ou les dieux, ennemis d'un prince malheureux,
Confondront des deffeins fi grands, fi dignes d'eux;
Ou demain fous fes lois Rome fera rangée:

Rome en cendre, peut-être, et dans fon fang plengée.
Mais il vaut mieux qu'un roi, fur le trône remis,
Commande à des fujets malheureux et foumis;
Que d'avoir à dompter, au sein de l'abondance,
D'un peuple trop heureux l'indocile arrogance.
(à Albin.)

Allez, j'attends ici la princeffe en fecret.

(à Meffala.)

Meffala, demeurez.

SCENE I I.

ARON S, M ES SALA

ARON S.

He bien! qu'avez-vous fait ?

Avez-vous de Titus fléchi le fier courage?
Dans le parti des rois penfez-vous qu'il s'engage?

MESSA LA.

Je vous l'avais prédit: l'inflexible Titus
Aime trop fa patrie, et tient trop de Brutus.
Il fe plaint du Sénat, il brûle pour Tullie;
L'orgueil, l'ambition, l'amour, la jaloufie,
Le feu de fon jeune âge et de fes paffions,
Semblaient ouvrir fon ame à mes féductions;
Cependant, qui l'eût cru? la liberté l'emporte:
Son amour est au comble, et Rome eft la plus forte.
J'ai tenté, par degrés, d'effacer cette horreur

Que pour
le nom de roi, Rome imprime en fon cœur
En vain j'ai combattu ce préjugé févère;
Le feul nom des Tarquins irritait fa colère;
De fon entretien même il m'a foudain privé,
Et je hafardais trop fi j'avais achevé.

ARON S.

Ainfi de le fléchir Meffala défefpère.

MESSA LA.

J'ai trouvé moins d'obstacle à vous donner fon frère, Et j'ai du moins féduit un des fils de Brutus,

ARON S.

Quoi! vous auriez déjà gagné Tiberinus?

« PoprzedniaDalej »