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Q

SCENE

VI.

HERODE, ID A MA S, Gardes.

HEROD E.

UE je n'entende plus le nom de l'infidelle. Hé bien, braves Soldats, n'ai-je plus d'ennemis ?

I DAMA S.

Seigneur, ils font défaits; les Hébreux font foumis; Sohême tout fanglant vous laiffe la victoire :

Ce jour vous a comblé d'une nouvelle gloire.

Quelle gloire!

HERO DE.

I DAMA S.

Elle eft trifte; et tant de fang verfé, Seigneur, doit fatisfaire à votre honneur bleffé. Sohême a de la reine attefté l'innocence.

HERO DE.

De la coupable, enfin, je vais prendre vengeance.
Je perds l'indigne objet que je n'ai pu gagner,
Et de ce feul moment je commence à régner.
J'étais trop aveuglé; ma fatale tendreffe
Etait ma feule tache et ma feule faibleffe.
Laiffons mourir l'ingrate; oublions ses attraits;
Que fon nom dans ces lieux s'efface pour jamais!
Que dans mon cœur fur-tout fa mémoire périffe!
Enfin tout eft-il prêt pour ce jufte fupplice?

Oui, Seigneur.

I DAMA S.

HEROD E.

Quoi! fi-tôt on a pu m'obéir?

Infortuné Monarque! elle va donc périr?

Tout eft prêt, Idamas?

IDAM A S.

Vos gardes l'ont faifie;

Votre vengeance, hélas! fera trop bien fervie.

HERO D E.

Elle a voulu fa perte, elle a su m'y forcer.
Que l'on me venge. Allons, il n'y faut plus penser.
Hélas! j'aurais voulu vivre et mourir pour elle.
A quoi m'as-tu réduit, épouse criminelle ?

SCENE VII et dernière.
HERODE, IDAMAS, NARB a s.

HERODE.

NARBAS, où courez-vous? jufte Ciel! vous pleurez!

De crainte, en le voyant, mes fens font pénétrés.

Seigneur...

NAR BAS.

HERO D E.

Ah! malheureux, que venez-vous me dire?

NARBA S.

Ma voix, en vous parlant, fur mes lèvres expire.

Mariamne...

HERO D E.

NARBA S.

O douleur! ô regrets fuperflus!

HERO D E.

Quoi! c'en eft fait?

NARBA S.

Seigneur, Mariamne n'eft plus.

HERO D E.

Elle n'eft plus? grand Dieu!

NARBA S.

Je dois à fa mémoire,

A fa vertu trahie, à vous, à votre gloire,

De vous montrer le bien que vous avez perdu,
Et le prix de ce fang par vos mains répandu.
Non, Seigneur, non, fon cœur n'était point infidelle.
Hélas! lorfque Sohême a combattu pour elle,

Votre épouse, à mes yeux détestant son secours,
Volait pour vous défendre au péril de fes jours.

HEROD E.

Qu'entends-je? ah malheureux! ah défespoir extrême! Narbas, que m'as-tu dit?

NARBA S.

C'est dans ce moment même Où fon cœur fe fefait ce généreux effort, Que vos ordres cruels l'ont conduite à la mort. Salome avait preffé l'inftant de fon fupplice.

HERO D E.

O monftre, qu'à regret épargna ma justice!
Monftre, quels châtimens font pour toi réservés !
Que ton fang, que le mien... Ah! Narbas, achevez:
Achevez mon trépas par ce récit funefte.

N ARBA S.

Comment pourrai-je, hélas! vous apprendre le refte?
Vos gardes de ces lieux ont ofé l'arracher.
Elle a fuivi leurs pas fans vous rien reprocher,
Sans affecter d'orgueil, et fans montrer de crainte.
La douce majefté fur fon front était peinte.
La modefte innocence, et l'aimable pudeur,
Régnaient dans fes beaux yeux, ainfi que dans fon cœur;
Son malheur ajoutait à l'éclat de fes charmes.

Nos prêtres, nos hébreux, dans les cris, dans les larmes,
Conjuraient vos foldats, levaient les mains vers.eux,
Et demandaient la mort avec des cris affreux.
Hélas! de tous côtés, dans ce défordre extrême,
En pleurant Mariamne, on vous plaignait vous-même :

On disait hautement, qu'un arrêt fi cruel
Accablerait vos jours d'un remords éternel.

HEROD E.

Grand Dieu ! que chaque mot me porte un coup terrible!

NARBA S.

Aux larmes des Hébreux Mariamne fenfible,
Confolait tout ce peuple en marchant au trépas.
Enfin vers l'échafaud on a conduit fes pas.
C'est là qu'en foulevant fes mains appefanties,
Du poids affreux des fers indignement Aétries,
Cruel, a-t-elle dit, et malheureux époux!

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22

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Mariamne en mourant ne pleure que fur vous. Puiffiez-vous par ma mort finir vos injustices! „Vivez, régnez heureux fous de meilleurs aufpices; "Voyez d'un œil plus doux mes peuples et mes fils; Aimez-les; je mourrai trop contente à ce prix. En achevant ces mots, votre épouse innocente Tend au fer des bourreaux cette tête charmante Dont la terre admirait les modeftes appas. Seigneur, j'ai vu lever le parricide bras ; J'ai vu tomber....

HERODE.

Tu meurs, et je respire encore!
Mânes facrés, chère ombre, époufe que j'adore;
Refte pâle et fanglant de l'objet le plus beau,
Je te fuivrai du moins dans la nuit du tombeau.
Quoi! vous me retenez? Quoi! Citoyens perfides,
Vous arrachez ce fer à mes mains parricides?
Ma chère Mariamne, arme-toi, punis-moi,
Viens déchirer ce cœur qui brûle encor pour toi.
Je me meurs.

(il tombe dans un fauteuil.)

NARBA S.

De fes fens a perdu l'ufage;

Il fuccombe à fes maux.

HERO DE.

Quel funefte nuage

S'eft répandu fondain fur mes efprits troublés?
D'un fombre et noir chagrin mes fens font accablés.
D'où vient qu'on m'abandonne au trouble qui me gêne?
Je ne vois point ma fœur, je ne vois point la reine.
Vous pleurez! vous n'ofez vous approcher de moi!
Trifte Jérufalem, tu fuis devant ton roi!

Qu'ai-je donc fait?Pourquoi fuis-je en horreur au monde?
Qui me délivrera de ma douleur profonde?

Par qui ce long tourment fera-t-il adouci?
Qu'on cherche Mariamne et qu'on l'amène ici.

NARBA S..

Mariamne, Seigneur ?

HEROD E.

Oui je fens que fa vue

Va rendre un calme heureux à mon ame éperdue. Toujours devant fes yeux que j'aime et que je crains, Mon cœur eft moins troublé, mes jours font plus fereins. Déjà même à fon nom mes douleurs s'affaibliffent; Déjà de mon chagrin les ombres s'éclairciffent. Qu'elle vienne.

NARBA S.

Seigneur...

HERO D E.

Je veux la voir.

NARBA S.

Hélas!

Avez-vous pu, Seigneur, oublier fon trépas?

HERO D E.

Cruel! que dites-vous ?

NARBA S.

La douleur le transporte;

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