Que feul dans l'univers vous avez foupçonné: HERODE. Qu'ai-je entendu ? quel charme, et quel pouvoir fuprême Commande à ma colère et m'arrache à moi-même ? Mariamne... De l'état où je fuis voyez du moins l'horreur. HERO D E. Ah! la mienne à la vôtre eft pour jamais unie. Nos cœurs ne font-ils faits que pour le détefter? Commençons fur nous-même à régner en ce jour; Rendez-moi votre main, rendez-moi votre amour. MARIA M N E.. Vous demandez ma main! Jufte Ciel que j'implore, Théâtre. Tome I. Vous favez de quel fang la fienne fume encore. HERODE. Eh bien, j'ai fait périr et ton père et mon roi; Ta haine en est le prix, ta haine eft légitime; Durant quelques momens je t'ai même haïe; Cher et cruel objet d'amour et de fureur, MARIAM NE. Ah barbare! Un jufte repentir produit-il vos transports? HERO D E. Oui, tu peux tout fur moi, fi j'amollis ta haine. C'est toi qui dans mon cœur as fu la rallumer; SCENE V. HERODE, MARIAMNE, ELISE, UN GARDE LE GARD E. SEIGNEUR, tout le peuple eft en armes. Dans le fang des bourreaux il vient de renverfer Au peuple, à vos foldats, Sohême parle en maître: HEROD E. Quoi! dans le moment même où je fuis à vos pieds, Vous auriez pu, perfide! MARIA M N E. Ah! Seigneur, vous croiriez... HERO D E. Tu veux ma mort! eh bien, je vais remplir ta haine Mais au moins dans ma tombe il faut que je t'entraîne, Et qu'unis malgré toi... Qu'on la garde, Soldats. SCENE V 1. HERODE, MARIAMNE, SALOME, MAZAEL, ELISE, Gardes. SALOME. А! mon frère, aux Hébreux ne vous préfentez pas, De vos mains, de ces lieux, ils viennent l'arracher HEROD E. Allons. Ils me verront, et je cours les chercher, De l'horreur où je fuis tu répondras, cruelle. MARIAM NE. Je ne crains point la mort; mais j'attefte les cieux.... MAZA E L. Seigneur, vos ennemis font déjà fous vos yeux. HERO D E. Courons.... Mais quoi! laiffer la coupable impunie! Ah! je veux dans fon fang laver fa perfidie; Je veux, j'ordonne,... hélas! dans mon funefte fort, Je ne puis rien réfoudre et vais chercher la mort. Fin du quatrième acte. ACTE V. SCENE PREMIERE. MARIAMNE, ELISE, Gardes. ELOIGNEZ MARIAM NE. LOIGNEZ-VOUS, foldats, daignez laiffer du moins Votre reine un moment refpirer fans témoins. (Les gardes fe retirent au coin du théâtre.) Voilà donc, jufte Dieu, quelle eft ma destinée! Tout cela n'a donc fait que verser sur ma vie O naiffance! ô jeuneffe! et toi, trifte beauté, Vaine ombre de bonheur, que vous m'avez trompée! M'a creusé le tombeau que l'on m'ouvre aujourd'hui, Ma vertu me reftait, on ose la flétrir. Grand Dieu! dont les rigueurs éprouvent l'innocence, Je ne demande point ton aide ou ta vengeance. J'appris de mes aieux que je fais imiter, A voir la mort fans crainte et fans la mériter. Je t'offre tout mon fang défends au moins ma gloire; Commande à mes tyrans d'épargner ma mémoire; |