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АСТЕ I I I.

SCENE PREMIERE.

SOHEME, NARBAS, AMMON, Suite.

NARBA S.

Le temps eft précieux, Seigneur, Hérode artive:

Du fleuve de Judée il a revu la rive.
Salome qui ménage un refte de crédit,
Déjà par fes confeils affiége fon esprit.

Ses courtisans en foule auprès de lui fe rendent;
Les palmes dans les mains, nos pontifes l'attendent;
Idamas le dévance, et vous le connaislez.

SOHEME.

Je fais qu'on paya mal fes fervices paffés.
C'est ce même Idamas, eet hébreu plein de zèle,
Qui toujours à la reine eft demeuré fidèle,
Qui, fage courtifan d'un roi plein de fureur,
A quelquefois d'Hérode adouci la rigucur.

NARBA S.

Bientôt vous l'entendrez. Cependant Mariamne
Au moment de partir s'arrête, fe condamne;
Ce grand projet l'étonne, et prête à le tenter,
Son auftère vertu craint de l'exécuter.

Sa mère eft à fes pieds, et, le cœur plein d'alarmes,
Lui préfente fes fils, la baigne de fes larmes,
La conjure en tremblant de preffer fon départ.
La reine flotte, hélite, et partira trop tard.
C'eft vous dont la bonté peut hâter fa fortie;
Vous avez dans vos mains la fortune et la vie
De l'objet le plus rare et le plus précieux

Que jamais à la terre aient accordé les cieux.
Protégez, confervez une augufte famille;
Sauvez de tant de rois la déplorable fille.
Vos gardes font-ils prêts? Puis-je enfin l'avertir?

SOHEM E.

Oui, j'ai tout ordonné, la reine peut partir.

NARBA S.

Souffrez donc qu'à l'instant un ferviteur fidelle
Se prépare, Seigneur, à marcher après elle.

SOHEM E.

Allez, loin de ces lieux je conduirai vos pás.
Ce féjour odieux ne la méritait pas.

Qu'un dépôt fi facré foit refpecté des ondes;
Que le ciel attendri par fes douleurs profondes
Faffe lever fur elle un foleil plus ferein.

Et vous, vieillard heureux, qui fuivez fon deftin,
Des ferviteurs des rois fage et parfait modèlé,
Votre fort et trop beau, vous vivrez auprès d'elle.

SCENE II.

SOHEME, AMMON, Suite de Sohême.

MAIS

SOHEM E.

AIS déjà le roi vient; déjà dans ce féjous Le fon de la trompette annonce fon retour. Quel retour, juftes Dieux! Que je crains sa présence! Le cruel peut d'un coup affurer fa vengeance. Plût au ciel que la reine eût déjà pour jamais Abandonné ces lieux confacrés aux forfaits! Oferai-je moi-même accompagner fa fuite? Peut-être en la fervant il faut que je l'évite. Eft-ce un crime, après tout, de fauver tant d'appas? De venger fa vertu?.... mais je vois Idamas.

SCENE I I I.

SOHEME, IDAMAS, AMMON, Suité.

SOHEM F..

A MI, j'épargne au roi de frivoles hommages,

De l'amitié des grands importuns témoignages,
D'un peuple curieux trompeur amufement,
Qu'on étale avec pompe, et que le cœur dément.
Mais parlez; Rome enfin vient de vous rendre un maître:
Hérode eft Souverain, eft-il digne de l'être?
Vient-il dans un efprit de fureur ou de paix ?
Craint-on des cruautés? attend-on des bienfaits?

I DAMA S.

Veuille le jufte ciel, formidable au parjure,
Ecarter loin de lui l'erreur et l'impofture!
Saloine et Mazaël s'empreffent d'écarter
Quiconque a le cœur jufte et ne fait point flatter.
Ils révèlent, dit-on, des fecrets redoutables:
Hérode en a pâli: des cris épouvantableś
Sont fortis de fa bouche; et fes yeux en fureus
A tout ce qui l'entoure infpirent la terreur...
Vous le favez affez, leur cabale attentive
Tint toujours près de lui la vérité captive.
Ainfi ce conquérant qui fit trembler les rois,
Ce roi dont Rome même admira les exploits,
De qui la renommée alarme encor l'Afie,
Dans fa propre maifon voit fa gloire avilie.
Hai de fon époufe, abufé par fa fœur,
Déchiré de foupçons, accablé de douleur,
J'ignore en ce moment le deffein qui l'entraîne.

On le plaint, on murmure, on craint tout pour lareine.

On ne peut pénétrer fes fecrets fentimens,
Et de fon cœur troublé les foudains mouvemens.
Il obferve avec nous un filence farouche,
Le nom de Mariamne échappe de fa bouche,
Il menace, il foupire, il donne en frémiffant
Quelques ordres fecrets qu'il révoque à l'inftant
D'un fang qu'il déteftait Mariamne eft formée;
Il voulut la punir de l'avoir trop aimée:
Je tremble encor pour elle.

SOHEME.

Il fuffit, Idamas.

La reine eft en danger; Ammon, fuivez mes pas: Venez, c'est à moi feul de fauver l'innocence.

I DAMA S.

Seigneur, ainfi du roi vous fuirez la préfence?
Vous de qui la vertu, le rang, l'autorité,
Impoferaient filence à la perverfité?

SOHE ME.

Un intérêt plus grand, un autre foin m'anime;
Et mon premier devoir eft d'empêcher le crime.
(il fort.)

IDAM A S.

Quels orages nouveaux! quel trouble je prévoi! Puiffant Dieu des Hébreux, changez le cœur du roi.

SCENE IV.

HERODE, MAZAEL, IDAMAS, Suite d'Hérode.

HER O D E.

EH
quoi, Sohême auffi femble éviter ma vue!
Quelle horreur devant moi s'eft par-tout répandue!
Ciel! ne puis-je infpirer que la haine ou l'effroi ?
Tous les cœurs des humains font-ils fermés pour moi?

En

En horreur à la reine, à mon peuple, à moi-même,
A regret fur mon front je vois le diadême.
Hérode en arrivant recueille avec terreur
Les chagrins dévorans qu'a femés fa fureur.
Ah Dieu!

MAZA EL.

Daignez calmer ces injuftes alarmes.

HERO D E.

Malheureux, qu'ai-je fait?

MAZA E L.

Quoi! vous verfez des larmes!

Vous, ce roi fortuné, fi fage en fes deffeins!
Vous, la terreur du Parthe, et l'ami des Romains!
Songez, Seigneur, fongez à ces noms pleins de gloire,
Que vous donnaient jadis Antoine et la victoire.
Songez que près d'Augufte, appelé par fon choix,
Vous marchiez diftingué de la foule des rois.
Revoyez à vos lois Jérufalem rendue,
Jadis par vous conquife et par vous défendue,
Reprenant aujourd'hui fa première fplendeur
En contemplant fon prince au faîte du bonheur.
Jamais roi plus heureux dans la paix, dans la guerre...

HEROD E.

Non, il n'eft plus pour moi de bonheur fur la terre.
Le deftin m'a frappé de fes plus rudes coups,
Et pour comble d'horreur je les mérite tous.

I DAMA S.

Seigneur, m'eft-il permis de parler fans contraiate?
Ce trône augufte et faint, qu'environne la crainte,
Serait mieux a fermi s'il l'était par l'amour.
En fefant des heureux, un roi l'est à fon tour.
A d'éternels chagrins votre ame abandonnée,
Pourrait tarir d'un mot leur fource empoifonnée.
Seigneur, ne fouffrez plus que d'indignes difcours
Théâtre. Tome I.

T

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