ce prince avec hauteur et avec colère, il l'humilie; et il ne faut point avilir un perfonnage qui doit intéreffer. S'il lui parle avec politeffe, ce n'eft qu'une fcène de complimens, qui ferait d'autant plus froide qu'elle ferait inutile. Que fi Hérode répond en juftifiant fes cruautés, il dément la douleur et les remords dont il est pénétré en arrivant; s'il avoue à Varus cette douleur et ce repentir, qu'il ne peut en effet cacher à perfonne, alors il n'eft plus permis au vertueux Varus de contribuer à la fuite de Mariamne, pour laquelle il ne doit plus craindre. De plus, Hérode ne peut faire qu'un très-méchant perfonnage avec l'amant de fa femme; et il ne faut jamais faire rencontrer ensemble fur la fcène, des acteurs principaux qui n'ont rien d'intéressant à fe dire. La mort de Mariamne qui, à la première repréfentation, était empoifonnée et expirait fur le théâtre, acheva de révolter les fpectateurs; foit que le public ne pardonne rien, lorfqu'une fois il eft mécontent; foit qu'en effet il eût raifon de condamner cette invention qui était une faute contre 'hiftoire, faute qui, peut-être, n'était rachetée par aucune beauté. J'aurais pu ne me pas rendre fur ce dernier article, et j'avoue que c'eft contre mon goût que j'ai mis la mort de Mariamne en récit, au lieu de la 1 mettre en action; mais je n'ai voulu combattre en rien le goût du public. C'eft pour lui et non pour moi que j'écris; ce font fes fentimens et non les miens que je dois fuivre. Cette docilité raifonnable, ces efforts que j'ai faits pour rendre intéreffant un fujet qui avait paru fi ingrat, m'ont tenu lieu du mérite qui m'a manqué; et ont enfin trouvé grâce devant des juges prévenus contre la pièce. PERSONNAGES. HERODE, roi de Palcftine. MARIAMNE, femme d'Hérode. SALOME, foeur d'Hérode. SOHEME, prince de la race des Afmonéens. MAZAEL, Į DAMAS, miniftres d'Hérode. NARBAS, ancien officier des rois Afmonéens. AMMON, confident de Sobême. ELISE, confidente de Mariamne, Un garde d'Hérode, parlant. Suite d'Hérode. Suite de Sobême. Une fuivante de Mariamne, perfonnage muet. La fcène eft à Jérufalem dans le palais d'Hérode. TRAGEDI E. ACTE PREMIER. SCENE PREMIERE. SALOM E, MAZAE L. OUI, MAZA E L. UI, cette autorité qu'Hérode vous confie, Des champs de Samarie aux fonrces du Jourdain. Déjà dans fes états n'était plus reconnu. Le peuple pour fes rois, toujours plein d'injustices, Hardi dans fes discours, aveugle en fes caprices, Publiait hautement qu'à Rome condamné Hérode à l'efclavage était abandonné, Et que la reine affife au rang de fes ancêtres, Ferait régner fur nous le fang de nos grands-prêtres. Je l'avoue à regret; j'ai vu dans tous les lieux - La Judée aime encore avecidolâtrie Le fang de ces héros dont elle tient la vie ; Sa beauté, fa naiffance, et fur-tout fes malheurs, SALOM E. Mazaël, il eft vrai qu'Hérode va paraître; MAZA E L Ne craignez point un frère. SALOM E. Eh! que deviendrons-nous, Quand la reine à fes pieds reverra fon époux? Auprès d'un roi féduit nous fut toujours fatale : Eh! ne craignez-vous plus ces charmes tout-puiffans, Depuis près de cinq ans qu'un fatal hyménée |