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S'il pouvait m'eftimer et me plaindre en fecret;
Je fens que je mourrais avec moins de regret.

Philotas convaincu de l'innocence de la reine veut s'armer pour la défendre.

ARTEMIRE.

Non, demeurez, Seigneur.

J'aime mieux vos regrets qu'une audace inutile;
Innocente à vos yeux je périrai tranquille ;
Et le fort qui m'attend pourra me fembler doux,
Puifqu'il me punira de n'être point à vous.
Adieu, le temps approche où l'on veut que j'expire;
Adieu; n'oubliez point l'innocente Artémire.

Que fon nom vous foit cher, elle l'a mérité ;

A fon honneur flétri rendez la pureté;

Et que malgré l'horreur d'une tache fi noire,
Vos larmes quelquefois honorent fa mémoire.

Philotas fort. Artémire reste feule. On vient la chercher pour la conduire à la mort; mais les amis de Philotas l'arrachent des mains de fes gardes. Elle apprend que Philot as a foulevé le peuple, qu'il combat-contre Caffandre.

ARTEMIRE.

Dieux, dont la main fur moi fans ceffè appéfantie
Me promène à fon gré de la mort à la vie,
Dieux puiffans, fur moi feule étendez votre bras!
Rendez-moi mon fupplice et fauvez Philotas;
Eteignez dans mon fang une ardeur infidelle:
Plus fon péril eft grand, plus je fuis criminelle.
Viens, Caffandre, il eft temps: viens, frappe, venge-toi:
Je te pardonne tout, et n'immole que moi.

Philotas lui apprend que Pallante eft tué, et qu'il a fait en expirant l'aveu de la trame odieufe

qu'il avait tiffue pour fe venger des mépris de la reine, dont il a déclaré l'innocence; que le roi a été détrompé, mais trop tard. Ce Prince a reçu. dans le combat une bleffure mortelle.

Dans la fcène dernière Caffandre mourant fe fait apporter près d'Artémire. II eft accompagné d'Hipparque et de fes officiers. Il rend hommage en leur préfence aux vertus de la reine. Il déclare qu'il lui avait ôté l'honneur fur les délations d'un monftre que le ciel a puni, et qui connaiffait trop bien le caractère foupçonneux et jaloux de fon maître et fon penchant à la cruauté.

Caffandre pardonne à Philotas dont il connaît les grandes qualités, et veut engager Artémire à fe donner à lui. Il les conjure de lui pardonner fes injustices en faveur de fes remords, et de ne le regarder que comme une déplorable victime de la calomnie; il expie, dit-il, par la mort qu'il a méritée, tous les crimes dont il a fouillé fa vie.

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DE LA PREMIERE EDITION.

Je ne donne cette édition qu'en tremblant. Tant JE

E

d'ouvrages, que j'ai vus applaudis au théâtre et méprifés à la lecture, me font craindre pour le mien le même fort. Une ou deux fituations, l'art des acteurs, la docilité que j'ai fait paraître, ont pu m'attirer des fuffrages aux représentations; mais il faut un autre mérite pour foutenir le grand jour de l'impreffion. C'eft peu d'une conduite régulière; ce ferait peu mème d'intéreffer. Tout ouvrage en vers, quelque beau qu'il foit d'ailleurs, fera néceffairement ennuyeux, fi tous les vers ne font pas pleins de force et d'harmonie, fi l'on n'y trouve pas une élégance continue, fi la pièce n'a point ce charme inexprimable de la poéfie que le génie feul peut donner, où l'efprit ne faurait jamais atteindre, et fur lequel on raisonne fi mal et fi inutilement depuis la mort de M. Defpréaux.

C'est une erreur bien groffière de s'imaginer que les vers foient la dernière partie d'une pièce de théâtre, et celle qui doit le moins coûter. M. Racine, c'est-à-dire, l'homme de la terre qui, après Virgile, ale mieux connu l'art des vers, ne penfait pas ainfi. Deux années entières lui fuffirent à

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