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Je ne vous dirai point que mon devoir auftère
Attachait mes deftins aux ordres de mon père ;
A cet ordre inhumain j'ai dû défobéir:

Seigneur, le ciel eft jufte; il a fu m'en punir.
Quittez ces lieux, fuyez loin d'une criminelle.

Philotas lui répète combien Caffandre, un lâche affaffin, était indigne d'elle.

ARTE MIRE.

Ceffez de me parler de ce trifte hyménée;
Le flambeau s'en éteint; ma courfe eft terminée.
Caffandre me punit de ce malheureux choix,
Et je vous parle ici pour la dernière fois.

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Ciel ! qui lis dans mon cœur et qui vois mes alarmes,
Protège Philotas, et pardonne à mes larmes,
Du trépas que j'attends les preffantes horreurs
A mes yeux attendris n'arrachent point ces pleurs :
Seigneur, ils n'ont coulé qu'en vous voyant paraître
J'en attefte les dieux qu'ils offenfent peut-être.
Mon cœur depuis long-temps ouvert aux déplaifirs,
N'a connu que pour vous l'ufage des foupirs.
Je vous aimai toujours. . . Cette fatale flamme
Dans les bras de Caffandre a dévoré mon ame:
Aux portes du tombeau je puis vous l'avouer.
C'eft un crime, peut-être, et je vais l'expier.
Hélas! en vous voyant, vers vous seul entraînée,
Je mérite la mort où je fuis condamnée.

Pallante revient et furprend Philotas avec Artémire. Philotas fort en bravant ce favori qui preffe Artémire d'accepter fa main pour fauver fa vie: elle le refufe. Pallante irrité lui fait entendre qui la foupçonne d'avoir appelé Philotas à fon fecours; qu'il connaît fes fentimens:

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Et je vois malgré vous d'où partent vos refus.

ARTEMIRE.

Que peux-tu foupçonner, lâche? Que peux-tu croire? Tranche mes tristes jours, mais respecte ma gloire. Auffi bien n'attends pas que je puisse jamais Racheter cette vie au prix de tes forfaits.

Mes yeux, que fur ta rage un faible jour éclaire, Commencent à percer cet horrible mystère. Tu n'as pu d'aujourd'hui tramer tes attentats; Pour tant de politique un jour ne fuffit pas. Tu t'attendais fans doute à l'ordre de ton maître; Je te dirai bien plus: tu l'as dicté peut-être. Si tu peux t'étonner de mes justes soupçons, Tes crimes font connus, ce font-là mes raisons. C'est toi dont les confeils et dont la calomnie, De mon malheureux père ont fait trancher la vie: C'est toi qui, de ton prince infame corrupteur, Au crime dès l'enfance as préparé fon cœur: C'est toi qui, fur fon trône appelant l'injustice, L'as conduit par degrés au bord du précipice. Il était né, peut-être, et jufte, et généreux: Peut-être fans Pallante il ferait vertueux ! Puiffe le ciel enfin, trop lent dans fa justice, A la Grèce opprimée accorder ton fupplice! Puiffe, dans l'avenir, ta mort épouvanter Les miniftres des rois qui pourraient t'imiter! Dans cet espoir heureux, traître, je vais attendre Et l'effet de ta rage, et l'arrêt de Caffandre; Et la voix de mon fang, s'élevant vers les cieux, Ira pour ton fupplice importuner les dieux. (elle fort.)

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Je vous l'ai dit, il m'aime, et maître de mon fort,

Il ne donne à mon choix que le crime ou la mort. Dans ces extrémités où le deftin me livre,

Vous me connaissez trop pour m'ordonner de vivre.

Philotas lui fait efpérer qu'aidé de fon courage et de ses amis, il pourra la délivrer.

ARTEMIR E.

Non, Prince: fans retour les dieux m'ont condamnée.
Puifqu'à d'autres qu'à vous les cruels m'ont donnée,
Cet amour, autrefois fi tranquilie et fi doux,
Déformais dans Lariffe eft un crime pour nous.
Je ne puis fans remords vous voir ni vous entendre;
D'un charme trop fatal j'ai peine à me défendre.
Vous aigriffez mes maux au lieu de les guérir ;
Ah! fuyez Artémire, et laiffez-la mourir.

PHILOTAS.

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ARTE MIRE.

Je vous aime, et je meurs: c'est tout ce que je puis

PHILO TA S.

Au nom de cette amour que les dieux ont trahie!

ARTEMIR E.

Mon amour est un crime; il faut que je l'expie.

Philotas preffe Artémire de fuir Cassandre. Artémire lui cède à condition qu'il vivra loin d'elle. On annonce l'arrivée du roi. Philotas difparaît pour chercher les moyens de fauver la reine des fureurs de Caffandre. Pallante vient pour confommer le crime: il propose à Artémire le choix du fer ou du poifon. Elle faifit une épée, et au moment qu'elle va fe percer, Hipparque, miniftre de Caffandre, la lui arrache des mains. Le roi a révoqué fes ordres fanguinaires. Hipparque s'applaudit d'avoir prévenu le crime.

ACTE I V.

MENAS, envoyé par le traître Pallante vers

la reine, pour lui communiquer d'importans fecrets, fe rend dans l'appartement d'Artémire: Pallante l'y furprend, le poignarde et perfuade à Caffandre que fa femme avait lié avec Ménas une intrigue criminelle. Caffandre a la faibleffe de le croire encore: il ordonne de nouveau la mort d'Artémire. Le quatrième acte commence par l'expofition de ces événemens.

On amène Artémire devant le roi.

ARTEMIRE.

Où fuis-je ? où vais-je ? ô Dieux, je me meurs! je le voi

CEP HIS E.

ARTE MIRE.

Avançons.

Ciel !

CASSANDR E.

Eh bien, que voulez-vous de moi?

CEPH IS E.

Dieux justes! protégez une reine innocente.

ARTEMIR E.

Vous me voyez, Seigneur, interdite et mourante ;
Je n'ofe, jufqu'à vous, lever un œil tremblant,
Et ma timide voix expire en vous parlant.

CASSANDR E.

Levez-vous, et quittez ces indignes alarmes.

ARTEMIRE.

Hélas, je ne viens point par d'impuiffantes larmes,
Craignant votre juftice et fuyant le trépas,
Mendier un pardon que je n'obtiendrai pas.
La mort à mes regards s'eft déjà préfentée ;
Tranquille et fans regret je l'aurais acceptée.
Faut-il que votre haine, ardente à me fauver,
Pour un fort plus affreux m'ait voulu réserver?
N'était-ce pas affez de me joindre à mon père?
Au-delà de la mort étend-on fa colère?

Ecoutez-moi du moins, et fouffrez à vos pieds
Ce malheureux objet de tant d'inimitiés.
Seigneur, au nom des dieux que le parjure offenfe
Par le ciel qui m'entend, qui fait mon innocence,
Par votre gloire enfin que j'ofe conjurer,
Donnez-moi le trépas fans me déshonorer.

CASSANDRE.

N'en accufez que vous, quand je vous rends juftice; La honte eft dans le crime et non dans le fupplice." Levez-vous, et quittez un entretien fâcheux,

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