Si mes yeux occupés à pleurer ma misère, Mais il eft mon époux quoiqu'indigne de l'être ; Qu'à fon gré, dans mon fang il éteigne fa rage; PALLANT E. Il faut fans balancer m'époufer ou périr: ARTEM IR E. Mon choix eft fait; fuivez ce que le roi vous mande; PALLANT E. Mais, Madame, fongez.. ARTEMIRE. Non, laiffez-moi, Pallante. Je ne fuis point à plaindre, et je meurs innocente Pallante eft furieux de ne pouvoir recueillir le fruit des foupçons jaloux qu'il a femés dans le cœur de Calandre. Cependant il ne défef père pas de vaincre la réfistance de la reine; il s'enhardit dans le projet d'affaffiner le roi: Son trône, fes tréfors en feront le falaire; Le crime eft approuvé quand il eft néceffaire. Il a befoin d'un complice; il croit ne pouvoir mieux choir que Ménas fon parent et fon ami qu'il voit paraître. Il lui demande s'il fe fent affez de courage pour tenter une grande entreprise. Ménas répond que douter de fon zèle et de fon amitié, c'est lui faire la plus grave injure. Pallante alors lui confie l'amour dont il brûle pour la reine. Ménas n'en est point étonné; mais il repréfente à Pallante que la vertu d'Artémire est égale à sa beauté. Pallante ne regarde la vertu des femmes que comme une adroite hypocrifie : Voilà qu'elle eft fouvent la vertu d'une femme, Il développe fes projets à Ménas qui lui promet de ne pas le trahir; mais qui refufe d'être complice de fes crimes. Pallante, resté feul, ne regarde plus Ménas que comme un confident dangereux dont il doit prévenir l'indifcrétion. ACTE I I. PALLANTE ANTE fait de nouveaux efforts auprès d'Artémire: il lui dit que la mort de Caffandre eft réfolue, que tout eft difpofé pour lui arracher le trône et la vie. Artémire répond: Oui, vous pouvez verfer le fang de votre roi; Pallante fort: Artémire reste avec Céphife qui lui apprend que Philotas n'est point mort, qu'il va reparaître; elle lui confeille de ménager Pallante, de gagner du temps, afin de redevenir maîtreffe de fa deftinée; elle lui reproche d'avoir trop bravé le favori du roi. Madame, jufque-là deviez-vous l'irriter? ARTEMIRE. Ah! je hâtais les coups que l'on veut me porter; CEPH IS E. Quand vous pouvez régner, vous périffez ainfi ? ARTEMIRE. Philotas eft vivant: Philotas eft ici: Malheureufe Malheureufe! comment foutiendras-tu fa vue? Toi, que brûle en fecret une flamme infidelle, Non: c'eft trop de tourmens, de trouble et de remords; CEP HIS E. Vous vous perdez vous feule, et tout veut vous fervir. ARTE MIRE. Je connais ma faibleffe, et je dois m'en punir. CEP HIS E. Madame, penfez-vous qu'il vous chériffe encore? ARTEMIRE. Il doit me détefter, Céphife, et je l'adore. Ma mort qu'en même temps Pallante a prononcée, : A quelle honte, ô Dieux! m'avez-vous fait defcendre! Ingrate à Philotas, infidelle à Caffandre, Théatre. Tome I. Mon cœur empoifonné d'un amour dangereux Fut toujours criminel, et toujours malheureux. CEPH IS E. Madame, un étranger s'avance dans ces lieux. A R TEMIR E. Si c'eft un affaffin que Pallante m'envoie, ... Philotas adreffe des reproches à Artémire fur ce qu'elle lui a manqué de foi en paffant dans les bras de Caffandre, et lui rappelle l'amour dont ils ont brûlé l'un pour l'autre. Artémire lui répond: Vous pouvez étaler aux yeux d'une infidelle La haine et le mépris que vous avez pour elle. Je ne m'excufe point: je fais mon injustice. |