Dieux! LE CHOEU R. JOCAST E. O mon fils! hélas ! dirai-je mon époux? O des noms les plus chers affemblage effroyable! Il eft donc mort? LE GRAND-PRETRE. Il vit, et le fort qui l'accable, Des morts et des vivans semble le séparer; Il s'eft privé du jour avant que d'expirer. Je l'ai vu dans fes yeux enfoncer cette épée, Qui du fang de fon père avait été trempée; Il a rempli fon fort, et ce moment fatal Du falut des Thébains eft le premier fignal. Tel eft l'ordre du ciel, dont la fureur fe laffe; Comme il veut, aux mortels il fait juftice ou grâce; Ses traits font épuifés fur ce malheureux fils. La mort eft le feul bien, le feul dieu qui me refte. O malheureuse Reine! ô deftin que j'abhorre! Ne plaignez que mon fils, puifqu'il refpire encore. Qu'au milieu des horreurs du deftin qui m'opprime, J'ai fait rougir les dieux qui m'ont forcée au crime. Fin du cinquième et dernier acte. DES EDITEURS. CETTE pièce fut jouée le 15 février 1720. Elle eut peu de fuccès Le fond de l'intérêt eft le même que dans Mariamne. C'est également une femme vertueufe perfécutée par un mari cruel qu'elle n'aime point. Mais la fable de la pièce, le caractère des perfonnages, le dénouement, tout eft différent et à l'exception d'une fcène entre Caf fandre et Artémire, qui reffemble à la fcène du quatrième acte, entre Hérode et Mariamne, il n'y a rien de commun entre les deux pièces. On n'a pu retrouver Artémire; il n'en refte que la fcène dont nous venons de parler, une parodie jouée à la comédie italienne, et le rôle d'Artémire tout entier. D'après ces débris, nous avons effayé de retrouver le plan de la pièce; mais celui qu'on pourrait deviner d'après la parodie, eft fort différent du plan que donnerait le rôle d'Artémire. Nous avons préféré ce dernier, parce qu'il a permis de conferver un plus grand nombre de vers. On verra dans ces fragmens que M. de Voltaire, qui n'avait alors que vingt-fix ans, cherchait à former fon style fur celui de Racine. L'imitation eft même très-marquée. |