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SCENE I 1.

OEDIPE, ARASPE, ICARE, Suite.

O E DI PE.

ICARE, eft-ce vous que je vois ?

Vous, de mes premiers ans fage dépofitaire,
Vous, digne favori de Polybe mon père ?
Quel fujet important vous conduit parmi nous?

ICARE.

Seigneur, Polybe eft mort.

OEDIP E.

Mon père....

Ah! que m'apprenez-vous ?

ICAR E.

A fon trépas vous deviez vous attendre. Dans la nuit du tombeau les ans l'ont fait defcendre; Ses jours étaient remplis, il eft mort à mes yeux.

OEDIP E.

Qu'êtes-vous devenus, oracles de nos dieux!
Vous, qui fefiez trembler ma vertu trop timide,
Vous, qui me prépariez l'horreur d'un parricide?
Mon père eft chez les morts, et vous m'avez trompé.
Malgré vous dans fon fang mes mains n'ont point trempé.
Ainfi de mon erreur efclave volontaire,
Occupé d'écarter un mal imaginaire,
J'abandonnais ma vie à des malheurs certains,
Trop crédule artifan de mes triftes destins!

O Ciel! et quel eft donc l'excès de ma misère?
Si le trépas des miens me devient néceffaire,
Si trouvant dans leur perte un bonheur odieux,
Pour moi la mort d'un père eft un bienfait des dieux?

:

Allons, il faut partir; il faut que je m'acquitte
Des funèbres tributs que fa cendre mérite.

Partons. Vous vous taifez, je vois vos pleurs couler;
Que ce filence....

ICARE.

O Ciel! oferai-je parler ?

O E DI PE.

Vous refte-t-il encor des malheurs à m'apprendre?

I CARE.

Un moment fans témoin daignerez-vous m'entendre?
O E DI PE à fa fuite.
Allez, retirez-vous. Que va-t-il m'annoncer?

ICAR E.

A Corinthe, Seigneur, il ne faut plus penfer.
Si vous y paraiffez, votre mort eft jurée.

O E DI PE.

Eh! qui de mes Etats me défendrait l'entrée ?

ICARE.

Du fceptre de Polybe un autre eft l'héritier.

OEDIP E.

Eft-ce affez? et ce trait fera-t-il le dernier ?
Pourfuis, Deftin, pourfuis, tu ne pourras m'abattre.
Eh bien, j'allais régner; Icare, allons combattre :
A mes lâches sujets courons me préfenter.
Parmi ces malheureux prompts à fe révolter,
Je puis trouver du moins un trépas honorable.
Mourant chez les Thébains, je mourrais en coupable,
Je dois périr en roi. Quels font mes ennemis?
Parle, quel étranger fur mon trône est affis ?

ICAR E.

Le gendre de Polybe; et Polybe lui-même,
Sur fon front en mourant a mis le diadême.
A fon maître nouveau tout le peuple obéit.

OEDIP E..

Eh quoi! mon père auffi, mon père me trahit?
De la rebellion mon père eft le complice?

Il me chaffe du trône!

ICAR E.

Il vous a fait juftice;

Vous n'étiez point fon fils.

OEDIP E.

Icare!...

ICAR E.

Avec regret

Je révèle en tremblant ce terrible fecret:

Mais il le faut, Seigneur, et toute la province...

OEDIP E.

Je ne fuis point fon fils!

ICARE.

Non, Seigneur; et ce prince A tout dit en mourant. De fes remords preffé, Pour le fang de nos rois il vous a renoncé ; Et moi, de fon fecret confident et complice, Craignant du nouveau roi la févère justice, Je venais implorer votre appui dans ces lieux.

OEDIPE.

Je n'étais point fon fils! et qui fuis-je, grands Dieux !

ICARE.

Le ciel, qui dans mes mains a remis votre enfance,
D'une profonde nuit couvre votre naiffance;
Et je fais feulement, qu'en naiffant condamné,
Et fur un mont défert à périr destiné,

La lumière fans moi vous eût été ravie.

OEDIPE

Ainfi donc mon malheur commence avec ma vie;
J'étais dès le berceau l'horreur de ma maifon.
Où tombai-je en vos mains 2

Près de Thèbe?

ICAR E.

Sur le mont Cithéron.

OEDIP E.

I CARE.

Un Thébain, qui fe dit votre père,

Exposa votre enfance en ce lieu folitaire.
Quelque dieu bienfefant guida vers vous mes pas;
La pitié me faifit, je vous pris dans mes bras;
Je rapimai dans vous la chaleur prefque éteinte :
Vous viviez, auffi-tôt je vous porte à Corinthe;
Je vous préfente au prince: admirez votre fort!
Le prince vous adopte au lieu de fon fils mort;
Et par ce coup adroit, fa politique heureufe
Affermit pour jamais fa puiffance doutcufe.
Sous le nom de fon fils, vons fûtes élevé
Par cette même main qui vous avait fauvé.
Mais le trône en effet n'était point votre place,
L'intérêt vous y mit, le remords vous en chaffe.

OEDIPE.

O vous, qui préfidez aux fortunes des rois,
Dieux! faut-il en un jour m'accabler tant de fois ?
Et préparant vos coups par vos trompeurs oracles,
Contre un faible mortel épuifer les miracles?
Mais ce vieillard, Ami, de qui tu m'as reçu,
Depuis ce temps fatal ne Pas-tu jamais vu ?

I CARE.

Jamais; et le trépas vous a ravi, peut-être,
Le feu qui vous eût dit quel fang vous a fait naître :
Mais long-temps de fes traits mon efprit occupé,
De fon image encore eft tellement frappé,
Que je le connaîtrais s'il venait à paraître.

OEDIP E.

Malheureux! eh pourquoi chercher à le connaître?

Je devrais bien plutôt, d'accord avec les dieux,
Chérir l'heureux bandeau qui me couvre les yeux.
J'entrevois mon deftin: ces recherches cruelles

Ne me découvriront que des horreurs nouvelles.
Je le fais; mais malgré les maux que je prévoi,
Un défir curieux m'entraîne loin de moi.

Je ne puis demeurer dans cette incertitude;
Le doute en mon malheur eft un tourment trop rude;
J'abhorre le flambeau dont je veux m'éclairer;
Je crains de me connaître, et ne puis m'ignorer.

SCENE 1 I I.

OEDIPE, ICARE, PHORBAS.

OEDIP E.

AH! Phorbas, approchez.

I CARE.

Ma furprise eft extrême:

Plus je le vois, et plus... Ah! Seigneur, c'eft lui-même.

C'eft lui.

PHOR BAS à Icare.

Pardonnez-moi, fi vos traits inconnus.

ICARE.

Quoi! du mont Cithéron ne vous fouvient-il plus?

Comment?

PHOR BAS.

ICAR E.

Quoi! cet enfant qu'en mes mains vous remites;

Cet enfant qu'au trépas...

PHOR BAS.

Ah! qu'est-ce que vous dites? Et de quel fouvenir venez-vous m'accabler?

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