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de plus rendu les arts refpectables aux yeux du peuple, qui en tout a befoin d'être mené par les Grands, & qui pourtant fe régle moins fur eux en Angleterre, qu'en aucun lieu du monde.

§. III.

DRYDE N.

Dans le grand nombre des poëtes agréables qui décorerent le régne de Charles II, comme les Waller, les Comte de Dorfet & de Rochester, le Duc de Buckingham, &c. on &c. on diftingue le célébre Dryden, qui s'eft fignalé dans tous les genres de poëfie; fes ouvrages font pleins de détails naturels à la fois & brillants, animés, vigoureux, hardis, paffionnés; mérite qu'aucun poëte de fa nation n'égale ; & qu'aucun ancien n'a furpaffé. Si Pope, qui eft venu après lui, n'avait pas, fur la fin de fa vie, fait fon Effai fur l'homme, il ne ferait pas comparable à Dryden.

VOUS

CHAPITRE I X.

Poëtes Italiens.

§ I.

LE DANTE.

ous voulez connaître le Dante. Les Italiens l'appellent divin, mais c'eft une divinité cachée ; de peu gens entendent fes oracles; il a des commentateurs, c'est peut-être encor une raifon de plus pour n'être pas compris. Sa réputation s'affermira toujours, parce qu'on ne le lit guères. Il y a de lui une vingtaine de traits qu'on fçait par cœur cela fuffit pour s'épargner la peine d'examiner le refte.

Ce divin Dante fut, dit-on, un homme affez malheureux. Ne croyez pas qu'il fut divin de fon temps, ni qu'il fut prophête chez lui. Il eft vrai qu'il fut Prieur, non pas Prieur de moines, mais Prieur de Florence, c'eft-à-dire, l'un des Sénateurs.

Il était né en 1260 à ce que difent fes compatriotes. Bayle qui écrivait à Rotterdam, currente calamo, pour fon Libraire, environ quatre fiécles entiers après le Dante, le fait naître en

1265, & je n'en eftime Bayle ni plus ni moins pour s être trompé de cinq ans : la grande affaire eft de ne fe tromper ni en fait de goût, ni en fait de raifonnemens.

Les arts commençaient alors à naître dans la patrie du Dante. Florence était, comme Athè nes, pleine d'efprit, de grandeur, de légereté, d'inconftance, & de factions. La faction blanche avait un grand crédit: Elle fe nommait ainfi du nom de la Signora bianca. Le parti oppofé s'intitulait le parti des noirs, pour mieux fe diftinguer des blancs. Ces deux partis ne suffisaient pas aux Florentins. Ils avaient encor les Guelfes & les Gibelins. La plupart des Blancs étaient Gibelins du parti des empereurs, & les noirs penchaient pour les Guelfes attachés au Pape.

Toutes ces factions aimaient la liberté, & faifaient pourtant ce qu'elles pouvaient pour la détruire. Le Pape Boniface VIII. voulut profiter de ces divifions pour anéantir le pouvoir des Empereurs en Italie. Il déclara Charles de Valois, frere du Roi de France, Philippe le Bel, fon vicaire en Tofcane. Le Vicaire vint bien armé, chaffa les Blancs & les Gibelins, & le fit détefter des Noirs & des Guelfes. Le Dante était blanc & Gibelin: Il fut chaffé des premiers & fa maison rafée. On peut juger delà s'il fut le refte de fa

vie affectionné à la Maifon de France & aux Papes. On prétend pourtant qu'il alla faire un voyage à Paris, & que pour fe défennuyer il fe fit théologien, & difputa vigoureufement dans les écoles. On ajoute que l'Empereur Henri VII. ne fit rien pour lui, tout Gibelin qu'il était ; qu'il alla chez Frederic d'Arragon, Roi de Sicile, & qu'il en revint auffi pauvre qu'il y était allé. Il fut réduit au Marquis de Malafpina, & au grand Can de Verone. Le Marquis & le grand Can ne le dédommagerent pas: il mourut pauvre à Ravenne à l'âge de cinquante fix ans. Ce fut dans ces divers lieux qu'il compofa fa comédie de l'Enfer, du Purgatoire & du Paradis: On a regardé ce Salmigondi comme un beau poëme épique.

Il trouva d'abord à l'entrée de l'Enfer un lion & une louve. Tout d'un coup Virgile le préfenta à lui pour l'encourager; Virgile lui dit qu'il eft né lombard; c'eft précisément comme fi Homere difait qu'il eft né Turc. Virgile offre de faire au Dante les honneurs de l'Enfer, & du Purgatoire; & de le mener jufqu'à la porte de S. Pierre; mais il avoue qu'il ne pourra pas entrer avec lui.

Cependant Caron les paffe tous deux dans fa barque. Virgile lui raconte que

peu de tems

M m iij

après fon arrivée en Enfer, il y vit un Etre puiffant qui vint chercher les ames d'Abel, de Noé, d'Abraham, de Moife, de David; en avançant chemin, ils découvrent dans l'Enfer des demeures très-agréables: dans l'une font Hamere, Horace, Ovide, & Lucain; dans une autre on voit Electre, Hector, Enée, Lucrece, Brutus, & le Turc Saladin; dans une troifiéme, Socrate, Platon, Hyppocrate, & l'Arabe Averroes.

Enfin parait le véritable Enfer, où Pluton juge les condamnés. Le voyageur y reconnait quelques Cardinaux, quelques Papes, & beaucoup de Florentins. Tout cela eft-il dans le ftile comique? non. Tout eft-il dans le genre héroïque? non. Dans quel goût eft donc ce poëme? dans un goût bizarre.

Mais il y a des vers fi heureux & fi naïfs, qu'ils n'ont point vieilli depuis quatre cent ans, & qu'ils ne vieilliront jamais. Un poëme d'ailleurs où l'on met des Papes en enfer réveille beaucoup l'attention, & les commentateurs épuifent toute la fagacité de leur efprit à déterminer au jufte qui font ceux que le Dante a damnés & à fe pas tromper dans une matiere fi grave.

ne

On a fondé une chaire, une lecture pour expliquer cet auteur claffique. Vous me demanderez comment l'inquifition ne s'y oppofe pas?

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