foit pas qui mérite d'être rapportée, & la feule qui ne dans cette faufle & mauvaise histoire qu'on a mife jufqu'ici au-devant de fes ouvrages. Tu réformas & la ville & la cour; Qui mit à les polir fa gloire & fon étude, Non-feulement j'ai omis dans cette vie de Moliere les contes populaires touchant Chapelle & fes amis ; mais je fuis obligé de dire, que ces contes adoptés par Grimareft, font très-faux. Le feu Duc de Sully, le dernier prince de Vendôme, l'Abbé de Chaulieu, qui avaient beaucoup vécu avec Chapelle, m'ont affuré que toutes ces hiftoriettes ne méritaient aucune créance. VERS SUR MOLIERE. (Temple du goût.) Je vis l'inimitable Moliere, & j'ofai lui dire : LE fage, le difcret Térence, Jamais dans fa froide élégance, Si l'efprit humain pouvait l'être. Ah! difait-il, pourquoi ai-je été forcé d'écrire quelquefois pour le peuple? Que n'ai-je toujours été le maître de mon tems! j'aurais trouvé des dénouemens plus heureux; j'aurais moins fait defcendre mon génie au bas-comique. § II. REGNAR D. François Regnard né à Paris en 1647. Il eut été célèbre par fes feuls voyages. C'est le premier Français qui alla jufqu'en Laponie. Il grava fur un rocher ce vers: Siftimus hic tandem nobis ubi defuit orbis. Pris sur la mer de Provence par des Corsaires, esclave à Alger, racheté, établi en France dans les charges de Tréforier de France & de Lieutenant des eaux & forêts. Il vécut en voluptueux & en philofophe. Né avec un génie vif, gai & vraiment comique. Sa comédie du Joueur est mife à côté de celles de Moliere. Il faut fe connaître peu au talent & au génie des auteurs, pour penfer qu'il ait dérobé cette piece à Dufreni. Il dédia la comédie des Ménechmes à Defpréaux, & enfuite écrivit contre lui, parce que Boileau ne lui rendit pas affez de juftice. Cet homme fi gai mourut de chagrin en 1699 à cinquantedeux ans. On prétend même qu'il avança fes jours. §. III. DANCOURT. Florent Carton Dancourt, Avocat, né en 1662, aima mieux fe livrer au théâtre qu'au barreau. Ce que Regnard était à l'égard de Voliere dans la haute-comédie, le comédien Dancourt l'était dans la farce. Beaucoup de fes pieces attirent encor un affez grand concours; elles font gaies; le dialogue en eft naïf. La quantité de pieces qu'on a faites dans ce genre facile, eft immenfe ; elles font plus du goût du peuple que des e pri s délicats mais l'amufement eft un des befoins de l'homme, & cette efpece de comédie aifée à repréfenter, plaît dans Paris & dans les Provin ces, au grand nombre qui n'eft pas fufceptible de plaifirs plus relevés. Dancourt mourut en 1726. § IV. MARIVA U X. On peut reprocher à Mr. de Marivaux de trop détailler les paffions, & de manquer quelquefois le chemin du cœur, en prenant des routes un peu trop détournées. Il ne faut point qu'un perfonnage de comédie fonge à être fpirituel, il faut qu'il foit plaifant malgré lui, & fans croire l'être. C'eft la différence qui doit être entre la comédie & le fimple dialogue. LIVRE VII. De l'Opéra CHAPITRE PREMIER. Des Tragédies Grecques imitées par quelques Opéra Italiens & Français. U N célebre auteur Italien dit, que depuis les beaux jours d'Athènes, la tragédie errante & abandonnée, cherche de contrée en contrée quelqu'un qui lui donne la main, & qui lui rende fes premiers hommages; mais qu'elle n'a pû le trouver. S'il entend qu'aucune nation n'a de théâtre, où des Chœurs occupent prefque toujours la fcène; & chantent des ftrophes, des épodes & des antiftrophes accompagnées d'une danfe grave; qu'aucune nation ne fait paraître les acteurs fur des efpeces d'échaffes, le vifage couvert d'un mafque qui exprime la douleur d'un côté, & la joie de l'a tre; que la déclamation de nos tragédies n'eft point notée & foutenue par des flûtes; il a fans doute raison : & je ne fais fi c'eft |