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§ XXIX.

LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS;

Petite Comédie en un acte & en profe, représentée devant le Roi à Saint Germain, en Février 1672, & à Paris fur le théâtre du Palais-Royal, le 8 Juillet de la même année.

C'est une Farce, mais toute de caracteres, quí eft une peinture naïve, peut-être en quelques endroits trop fimple, des ridicules de la Province; ridicules dont on s'eft beaucoup corrigé à mesure que le goût de la fociété, & la politeffe aisée qui regne en France, se font répandus de proche en proche.

§ XXX.

LE MALADE IMAGINAIRE;

En trois actes, avec des intermédes, fut repréfenté fur le théâtre du Palais-Royal, le 10 Février 1673.

C'est une de ces Farces de Moliere, dans laquelle on trouve beaucoup de fcènes dignes de la haute-comédie. La naïveté, peut-être, pouffée trop loin, en fait le principal caractere. Ses farces ont le défaut d'être quelquefois un peu trop

baffes, & fes comédies de n'être pas toujours affez intéreffantes. Mais avec tous ces défauts-là, il fera toujours le premier de tous les Poëtes comiques. Depuis lui, le théâtre Français s'eft foutenu, & même a été affervi à des loix de décence plus rigoureufes que du tems de Moliere. On n'oferait aujourd'hui hazarder la fcène où le Tartuffe preffe la femme de fon hôte; on n'oferait fe fervir des termes de fils de Putain, de Carrogne, & même de Cocu; la plus exacte bienféance régne dans les pieces modernes. Il est étrange que tant de régularité n'ait pû lever encor cette tache, qu'un préjugé très-injufte attache à la profeffion de Comédien. Ils étaient honorés dans Athènes, où ils repréfentaient de moins bons ouvrages. Il y a de la cruauté à vouloir avilir des hommes néceffaires à un Etat bien policé, qui exercent, fous les yeux des Magistrats, un talent très-difficile & très-eftimable. Mais c'est le fort de tous ceux qui n'ont que leur talent pour apui, de travailler pour un public ingrat.

On demande pourquoi Moliere ayant autant de réputation que Racine, le fpectacle cependant eft défert quand on joue fes Comédies, & qu'il ne va prefque plus perfonne à ce même Tartuffe qui attirait autrefois tout Paris, tandis qu'on

court encor avec empreffement aux tragédies de Racine, lorfqu'elles font bien représentées ; c'eft que la peinture de nos paffions nous touche encor davantage que le portrait de nos ridicules, c'eft que l'efprit fe laffe des plaifanteries, & que le cœur eft inépuisable. L'oreille eft auffi plus flattée de l'harmonie des beaux vers tragiques, & de la magie étonnante du ftile de Racine, qu'elle ne peut l'être du langage propre à la comédie; ce langage peut plaire, mais il ne peut jamais émouvoir, & l'on ne vient au spectacle que pour être ému. Il faut encor convenir que Moliere, tout admirable qu'il eft dans son genre, n'a ni des intrigues, ni des dénouemens affez heureux, tant l'art dramatique eft difficile.

CHAPITRE

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LE

CHAPITRE VII.

Poëtes Comiques Français.

§. I.

MOLIERE.

E goût de bien des lecteurs pour les chofes frivoles, & l'envie de faire un volume de ce qui ne devrait remplir que peu de pages, font caufe que l'hiftoire des hommes célèbres eft prefque toujours gâtée par des détails inutiles, & des contes populaires auffi faux qu'infipides. On y ajoute souvent des critiques injuftes de leurs ouvrages. C'eft ce qui eft arrivé dans l'édition de Racine faite à Paris en 1728. On tâchera d'éviter cet écueil dans cette courte hiftoire de la vie de Moliere; on ne dira de fa propre per fonne, que ce qu'on a cru vrai & digne d'être rapporté; & on ne hazardera furfes ouvrages rien qui foit contraire aux fentimens du public éclairé.

Jean-Baptifie Poquelin naquit à Paris en 1620, dans une maison qui fubfifte encor fous les pidiers des Halles. Son pere, Jean Baptifle Poquelin valet de chambre tapiffier chez le Roi, Marchand fripier, & Anne Boutet fa mere,

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Ff.

lui donnerent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le deftinaient: il refta jufqu'à quatorze ans dans leur boutique, n'ayant rien appris outre fon métier qu'un peu à lire & à écrire. Ses parens obtinrent pour lui la survivance de leur charge chez le Roi; mais fon génie l'appellait ailleurs. On a remarqué que prefque tous ceux qui fe font fait un nom dans les beaux arts, les ont cultivés malgré leur parens, que la nature a toujours été en eux plus forte l'éducation.

que

Poquelin avait un grand-pere qui aimait la comédie, & qui le menait quelquefois à l'hôtel de Bourgogne. Le jeune homme fentit bien-tôt une averfion invincible pour fa profeffion. Son goût pour l'étude fe développa; il preffa fon grand-pere d'obtenir qu'on le mit au college, & il arracha enfin le confentement de fon pere, qui le mit dans une pension, & l'envoya externe aux Jefuites, avec la répugnance d'un bourgeois qui croyait la fortune de fon fils perdue, s'il étudiait.

Le jeune Poquelin fit au collège les progrès qu'on devait attendre de fon empreffement à y en trer. Il y étudia cinq années ; il y suivit le cours des claffes d'Armand de Bourbon, premier prince de Conty, qui depuis fut le protecteur des let tres & de Moliere.

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