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ouvrages frivoles qui ne méritaient pas d'examen; mais Moliere leur répondait, qu'il était comédien auffi bien qu'auteur, qu'il fallait réjouir la cour, & attirer le peuple, & qu'il était réduit à confulter l'intérêt de fes acteurs, auffibien que fa propre gloire.

§ XXIV.

LE BOURGEOIS GENTILHOMME, Comédie-Baller en profe & en cinq actes, faite & jouée à Chambord au mois d'Octobre 1670,& représentée à Paris le 23 Novembre de la même

année.

Le Bourgeois Gentilhomme eft un des plus heureux fujets de comédie, que le ridicule des hommes ait jamais pû fournir. La vanité, attribut de l'efpece humaine, fait que des Princes prennent le titre des Rois, que les grands Seigneurs veulent être Princes, &, comme dit la

Fontaine :

Tour Prince a des Ambaffadeurs,
Tour Marquis veut avoir des Pages.

Cette faibleffe eft précisément la même que celle d'un Bourgeois qui veut être homme de qualité. Mais la folie du Bourgeois eft la feule

qui foit comique, & qui puiffe faire rire au théâtre: ce font les extrêmes difproportions des manieres & du langage d'un homme, avec les airs & les difcours qu'il veut affecter, qui font un ridicule plaifant ; cette efpece de ridicule ne se trouve point dans des princes ou dans des hommes élevés à la cour, qui couvrent toutes leurs fotifes du même air, & du même langage; mais ce ridicule fe montre tout entier dans un Bourgeois élevé groffierement, & dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l'art dont il veut fe parer. C'est ce naturel groffier qui fait le plaifant de la comédie ; & voilà pourquoi ce n'eft jamais que dans la vie commune qu'on prend les perfonnages comiques. Le Mifantrope eft admirable, le Bourgeois Gentilhomme est plaisant.

Les quatre premiers actes de cette piece peuvent paffer pour une comédie; le cinquieme eft une farce qui eft réjouiffante, mais trop peu vraifemblable.Moliere aurait pu donner moins de prise à la critique, en fuppofant quelque autre homme que le fils du Grand-Turc. Mais il cherchait par ce divertiffement plutôt à réjouir, qu'à faire un ouvrage régulier.

Lully fit auffi la mufique du ballet, & fly joua comme dans Pourceaugnac.

§ XXV.

LES FOURBERIES DE SCAPIN,

Comédie en profe & en trois actes, représentée fur le théâtre du Palais-Royal, le 24 Mai 1751.

Les Fourberies de Scapin font une de ces farces que Moliere avait préparées en province. Il n'avait pas fait fcrupule d'y inférer deux fcènes entieres du Pédant joué, mauvaise piece de Cirano de Bergerac. On prétend que quand on lui reprochait ce plagiarisme, il répondait : ces deux fcènes font affez bonnes; cela m'appartenait de droit: il eft permis de prendre fon bien par-tout où on le trouve.

Si Moliere avait donné la farce des Fourberies de Scapin pour une vraie comédie, Defpréaux aurait eu raifon de dire dans fon art poétique:

C'eft par-là que Moliere illuftrant fes écrits,
Peut-être de fon art eût remporté le prix,
Si moins ami du peuple en fes doctes peintures
Il n'eût point fait fouvent grimacer ses figures,
Quitté pour le bouffon l'agréable & le fin,
Et fans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce fac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Mifantrope.

On pourrait répondre à ce grand critique, que

Moliere n'a point allié Térence avec Tabarin dans fes vraies comédies, où il furpaffe Térence: que s'il a déféré au goût du peuple, c'eft dans fes farces, dont le feul titre annonce du bas-comique; & que ce bas-comique était néceffaire pour foutenir fa troupe.

Moliere ne penfait pas que les Fourberies de Scapin & le Mariage forcé valuffent l'Avare, le Tartuffe, le Mifantrope, les Femmes favantes; ou fuffent même du même genre. De plus, comment Defpréaux peut-il dire, que Moliere peut être de fon art, eût remporté le prix ? Qui aura donc ce prix, fi Moliere ne l'a pas?

§. XXVI.

PSICHÉ,

Tragédie- Ballet en vers libres & en cinq actes, représentée devant le Roi. dans la falle des machines du Palais des Tuileries, en Janvier & durant le Carnaval de l'année 1670, & donnée au public fur le théâtre du Palais-Royal en 1671.

Le fpectacle de l'opéra, connu en France fous le miniftere du Cardinal Mazarin, était tombé par fa mort. Il commençait à fe relever. Perrin, introducteur des Ambaffadeurs chez Monfieur, frere de Louis XIV, Cambert, Intens

dant de la mufique de la Reine mere, & le Mar quis de Sourdiac, homme de goût, qui avait du génie pour les machines, avaient obtenu en 1669 le privilége de l'Opéra ; mais ils ne donnerent rien au public qu'en 1671. On ne croyait pas alors que les Français puffent jamais foutenir trois heures de mufique, & qu'une tragédie toute chantée pût réuffir. On penfait que le comble de la perfection eft une tragédie déclamée, avec des chants & des danfes dans les intermédes. On ne fongeait pas que fi une tragédie eft belle & intéreffante, les entre-actes de mufique doivent en devenir froids ; & que fi les intermédes font brillans, l'oreille a peine à revenir tout d'un coup du charme de la mufique à la fimple déclamation. Un ballet peut délaffer dans les entre-actes d'une piece ennuyeufe; mais une bonne piece n'en a pas befoin, & l'on joue Athalie, fans les choeurs & fans la mufique. Ce ne fut que quelques années après, que Lully & Quinault nous apprirent qu'on pouvait chanter toute une tragédie, comme on faifait en Italie & qu'on la pouvait même rendre intéreffante : perfection que l'Italie ne connaiffait pas.

Depuis la mort du Cardinal Mazarin, on n'avait donné que des pieces à machines avec des divertiffemens en mufique, telles qu'Andromede & la

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