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inventés & mal exécutés. Paul Péliffon, homme célebre dans les lettres, compofa le prologue en vers à la louange du Roi. Ce prologue fut très-applaudi de toute la cour, & plut beaucoup à Louis XIV. Mais celui qui donna la fête, & l'auteur du prologue, furent tous deux mis en prison peu de tems après; on les voulait même arrêter au milieu de la fête. Trifte exemple de l'inftabilité des fortunes de cour.

Les Fâc eux ne font pas le premier ouvrage en fcênes abfolument détâchées, qu'on ait vû fur notre théâtre: les Vifionnaires de Defmarets étaient dans ce goût, & avaient eu un succès fi prodigieux, que tous les efprits du tems de Def marets l'appellaient l'inimitable Comédie. Le goût du public s'eft tellement perfectionné depuis, que cette comédie ne paraît aujourd'hui inimitable que par fon extrême impertinence. Sa vieille réputation fit que les Comédiens oférent la jouer en 1719, mais il ne purent jamais l'achever. Il ne faut pas craindre que les Fâcheux tombent dans le même décri. On ignorait le théâtre du tems de Defmarets. Les Auteurs étaient outrés en tout, parce qu'ils ne connaissaient point la nature. Ils paignaient aux hazard des caracteres chimériques. Le faux, le bas, le gigantefque dominaient par

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tout. Moliere fut le premier qui fit fentir le vrai, & par conféquent le beau. Cette piece le fit connaître plus particulierement de la Cour & du Maître ; & lorfque, quelque tems après, Moliere donna cette piece à Saint Germain, le Roi lui ordonna d'y ajoûter la fcène du Chaleur. On prétend que ce chaffeur était le Comte de Soyecourt. Moliere, qui n'entendait rien au jargon de la chaffe, pria le Comte de Soyecourt lui-même de lui indiquer les termes dont il devait fe fervir. § VIII.

L'ÉCOLE DES FEMMES,

Comédie en vers & en cinq actes, représentée à
Paris, fur le théâtre du Palais-Royal, le 26
Décembre 1662.

Le théâtre de Moliere, qui avait donné naiffance à la bonne Comédie, fut abandonné la moitié de l'année 1661, & toute l'année 1662, pour certaines farces, moitié italiennes, moitié françaises, qui furent alors accréditées par le retour d'un fameux Pantomime Italien, connu fous le nom de Scaramouche. Les mêmes Spectateurs qui applaudiffaient fans réserve à ces farces monftrueuses, fe rendirent difficiles pour l'Ecole des femmes, piece d'un genre tout nouveau,

laquelle, quoique toute en récits, eft ménagée avec tant d'art, que tout paraît être en action. Elle fut très-fuivie & très-critiquée, comme le dit la Gazette de Loret:

Piece qu'en plufieurs lieux on fronde,
Mais où pourtant va tant de monde,
Que jamais fujet important

Pour le voir n'en attira tant,

Elle paffe pour être inférieure en tout à l'Ecole des maris, & furtout dans le dénouement , qui eft auffi poftiche dans l'Ecole des femmes, qu'il est bien amené dans l'Ecole des maris. On le révolta généralement contre quelques expreffions qui pa raiffent indignes de Moliere. On défaprouva le Corbillon, la Tarte à la crême, les Enfans faits l'oreille. Mais auffi les Connaiffeurs admirepar rent avec quelle adreffe Moliere avait fû attacher & plaire pendant cinq actes, par la feule confidence d'Horace au vieillard, & par de fimples récits. Il femblait qu'un fujet ainfi traité ne dût fournir qu'un acte. Mais c'eft le caractere du vrai génie, de répandre fa fécondité fur un fujet ftérile, & de varier ce qui femble uniformę. On peut dire en paffant, que c'eft-là le grand art des tragédies de l'admirable Racine.

§ IX.

LA CRITIQUE DE L'ÉCOLE DES FEMMES,

Petite piece en un acte & en profe, représentée à Paris fur le théâtre du Palais-Royal, le premier Juin 1663.

C'eft le premier ouvrage de ce genre qu'on connaiffe au théâtre. C'eft proprement un dialogue, & non une comédie. Molier. y fait plus la fatire de fes cenfeurs, qu'il ne défend les endroits faibles de l'Ecole des femmes. On convient qu'il avait tort de vouloir juftifier la tarte à la crême, & quelques autres baffeffes de ftile qui lui étaient échapées ; mais fes ennemis avaient plus grand tort de faifir ces petits défauts pour condamner un bon ouvrage,

Bourfault crut fe reconnaître dans le portrait de Lifidas. Pour s'en venger il fit jouer à l'Hôtel de Bourgogne une petite piece dans le goût de la critique de l'Ecole des femmes, intitulée : le Portrait du Peintre, ou la Contre-critique,

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§ X.

L'IMPROMPTU DE VERSAILLES;

Petite piece en un acte & en profe, représentée à Verfailles, le 14 O&obre 1663, & à Paris le 4 Novembre de la même année.

Moliere fit ce petit ouvrage en partie pour se justifier devant le Roi de plufieurs calomnies, & en partie pour répondre à la piece de Bourfault. C'eft une fatire cruelle & outrée. Bourfault y eft nommé par fon nom. La licence de l'ancienne Comédie Grecque n'allait pas plus loin. Il eût été de la bienféance & de l'honnêteté publique, de fupprimer la fatire de Bourfault & celle de Moliere. Il eft honteux que les hommes de génie & de talent s'expofent par cette petite guerre à être la rifée des fots. Il neft permis de s'adreffer aux perfonnes que quand ce font des hommes publiquement deshonorés. Moliere fentit d'ailleurs la faibleffe de cette petite comédie, & ne la fit point imprimer.

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