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une groffe rave, un phénoméne potager. Ce ftile a reparu fur le théâtre, même, où Moliere l'avait fi bien tourné en ridicule. Mais la nation entiere a marqué fon bon goût, en méprifant cette affecation dans des Auteurs que d'ailleurs elle eftimait.

§ IV.

LE COCU IMAGINAIRE,

Comédie en un acte & en vers, représentée à Paris le 28 Mai 1660.

Le Cocu imaginaire fut joué quarante fois de t fuite, quoique dans l'été, & pendant que le ma

riage du Roi retenait toute la Cour hors de Pa-
ris. C'est une piece en un acte, où il entre un
peu de caractere, & dont l'intrigue eft comique
par elle-même. On voit que Moliere perfec
tionna fa maniere d'écrire, par fon féjour à Pa
ris. Le ftile du Cocu imaginaire l'emporte beau-
coup fur celui de fes premieres pieces en vers
on y trouve bien moins de fautes de langage. Il
eft vrai qu'il y a quelques groffiéretés :

» La bi re eft un féjour par trop mélancolique,
» Et trop mal-fain pour ceux qui craignent la colique.

Il y a des expreffions qui ont vieilli. Il y a auffi

C &

des termes que la politeffe a bannis aujourd'hui du théâtre, comme, Carogne, Cocu, &c.

Le dénouement que fait Villebrequin, eft un des moins bien ménagés & des moins heureux de Moliere. Cette piece eut le fort des bons ouvrages, qui ont & de mauvais Cenfeurs & de mauvais Copistes. Un nommé Donneau fit jouer à l'Hôtel de Bourgogne la Cocue imaginaire, à la fin de 1661.

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LE PRINCE JALOUX,

Comédie héroïque en vers & en cing actes, repréfentée pour la premiere fois, le 4 Février 1661.

Moliere joua le rôle de Don Garcie, & ce fut par cette piece qu'il apprit qu'il n'avait point de talent pour le férieux, comme Acteur. La piece & le jeu de Moliere furent très-mal reçus. Cette piece, imitée de l'Espagnol, n'a jamais été rejouée depuis fa chûte. La réputation naiffante de Moliere fouffrit beaucoup de cette difgrace, & fes ennemis triompherent quelque tems. Don Garcie ne fut imprimé qu'après la mort de l'Au

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§ VI.

L'ÉCOLE DES MARIS,

Comédie en vers & en trois actes, représentée à
Paris, le 24 Juin 1661.

Il y a grande apparence que Moliere avait au moins le canevas de ces premieres pieces déja préparés, puifqu'elles fe fuccéderent en fi peu de tems.

L'Ecole des Maris affermit pour jamais la réputation de Moliere. C'eft une piece de caractere & d'intrigue. Quand il n'aurait fait que ce feul ouvrage, il eût pû paffer pour un excellent Auteur comique.

On a dit que l'Ecole des Maris était une copie des Adelphes de Térence : fi cela était, Moliere eût plus mérité l'éloge d'avoir fait paffer en France le bon goût de l'ancienne Rome, que le reproche d'avoir dérobé fa piece. Mais les Adelphes ont fourni tout au plus l'idée de l'Ecole des Maris. Il y a dans les Adelphes, deux vieillards de differente humeur, qui donnent chacun une éducation differente aux enfans qu'ils élevent; il y a de même dans l'Ecole des Maris deux tu dont l'un eft févére & l'autre indulgert: voilà toute la reffemblance, Il n'y a prefque

seurs,

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point d'intrigue dans les Adelphes; celle de l'Ecole des Maris eft fine, intéreffante & comique. Une des femmes de la piece de Térence, qui devrait faire le perfonnage le plus intéreffant, ne paraît fur le théâtre que pour accoucher. L'Ifabelle de Moliere occupe prefque toujours la scène avec efprit & avec grace, & mêle quelquefois de la bienféance, même dans les tours qu'elle joue à fon tuteur. Le dénouement des Adelphes n'a nulle vraisemblance; il n'eft point dans la nature, qu'un vieillard qui a été foixante ans chagrin, sévére & avare, devienne tout-à-coup gai, complaifant & libéral. Le dénouement de l'Ecole des Maris eft le meilleur de toutes les pieces de Moliere. Il est vraisemblable, naturel, tiré du fond de l'intrigue ; &, ce qui vaut bien autant, il eft extrêmement comique. Le ftile de Térence est pur, fententieux, mais un peu froid; comme Céfar qui excellait en tout, le lui a reproché. Celui de Moliere, dans cette piece, eft plus châtié que dans les autres. L'Auteur Français égale prefque la pureté de la diction de Térence, & le paffe de bien loin dans l'intrigue, dans le caractere, dans le dénouement, dans la plaifanterie.

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§ VII.

LES FACHEUX,

Comédie en vers & en trois actes, représentée à Vaux

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devant le Roi, au mois d'Août, & à Paris fur le théâtre du Palais-Royal, le 4 Novembre de la même année 1661:

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Nicolas Fouquet, dernier Surintendant des i Finances, engagea Moliere à composer cette Comédie pour la fameufe fête qu'il donna au Roi & à la Reine mere, dans fa maison de Vaux aujourd'hui appellée Villars. Moliere n'eut que quinze jours pour le préparer. Il avait déja quelques fcènes détachées toutes prêtes; il y en ajouta de nouvelles, & en compofa cette Comédie, qui fut, comme il le dit dans la préface, faite apprife & représentée en moins de quinze jours." Il n'eft pas vrai, comme le prétend Grimareft, auteur d'une vie de Moliere, que le Roi lui eût alors fourni lui-même le caractere du chaffeur. Moliere n'avait point encor auprès du Roi un accès affez libre: de plus, ce n'était pas ce Prince qui donnait la fête, c'était Fouquet ; & il fallait ménager au Roi le plaifir de la furprise.

Cette piéce fit au Roi un plaifir extrême quoique les ballets des intermédes fuffent mal

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