A taston, pensif, je chemine, Faisant aussy mauvaise mine
Qu'un galant qu'on a pris sans vert1; Et mon cheval, tousjours bronchant Sur le chemin tant plain que vuide, N'eust esté la selle et la bride, M'eust peu servir de chien couchant. Vous l'eussiez veu sur les genoux, Demy-caché, mal à son ayse, Et qui pis est, ne vous déplaise, Le plus souvent monsieur dessous. Cependant vous, auprès du feu, Demandez: « Est-il invisible? « Et quoy donc! seroit-il possible « Qu'il fust party sans l'avoir veu? » Dame, il est vray, je suis party, Et qui dit que j'ay fait offense Sans avoir fait ma pénitence, Si ce n'est vous, il a menty.
Il faut donc sonner la retraite, Puisqu'à la cour la paix est faite. Les reistres s'en sont retournez De France avec un pan de nez2.
2. Ces vers font allusion au changement de politique inauguré
Mon prélat, que de belles choses! Les grattecus ont esté roses! Aujourd'huy nous sommes heureux, Demain nous sommes désireux D'une nouvelle fanfreluche. Le monde admire une guenuche Quand elle fait un soubresaut; Nos bourgeois iroient à l'assaut, Tant ils sont amoureux des armes1. Je vois passer moines et carmes Tous les jours dessus le pont Neuf. Quand on voit un coq faire un œuf, On dit que c'est mauvais présage. Le seigneur Binis est trop sage De chercher chevaulx de relais : N'a-t-il pas leu son Rabelais, Où les humeurs les plus galantes Employent madame des Plantes? A-t-il sitost mis en oubly D'Orléans le coche estably,
Et comme fortune indiscrète Souvent change porte en charrette? Mais ce n'est rien que tout cecy, Car le plus grand de mon soucy Est de vous revoir au visage Et sçavoir si ce grand voyage 2
N'a point destourné vostre humeur
par la reine, qui renonça au traité conclu le 25 avril 1610 par Henri IV avec le duc de Savoie contre l'Espagne, et rechercha au contraire l'alliance de cette puissance.
1. On avait vu avec quel empressement les milices bourgeoises prenaient les armes, et combien les Parisiens recherchaient les grades dans ces compagnies, appelées à jouer un si grand ròle avec la Fronde.
2. M. de Chiverny était alors en Angleterre.
De l'amitié de ce rimeur,
Car vraiment j'en suis bien en peine. Mais tire ton cousteau, rengaîne',
* Disoit sainct Pierre à Malchus.
Plus de jaloux que de cocus,
Nous en pourrions bien faire ensemble. Ceux qui n'ont point de bestes d'emble Ne laissent point d'aller à pié; Faute d'avoir du papier,
Bien souvent on perd la mémoire . Je n'ay jamais leu le grimoire, Mais je veulx parler du Targon.- Voilà un merveilleux jargon ; Bienheureux qui le peut entendre; Si la pièce de bœuf n'est tendre, 'Le festin n'est point parfait; Le pauvre général Parfait 2 Tient encore un peu du Lazare; A Paris il n'est rien si rare Que de trouver d'honnestes gens, Mais commissaires et sergens Partout sont en grande abondance, Et si n'ay de vous la dispense, Je n'oseray me desbander.
C'est tout un si je dois mander;
1. Régnier s'amuse à placer là quelques dictons, proverbes ou pensées sans suite, comme nous l'avons vu déjà faire et comm'e Rabelais a pareillement fait à plusieurs reprises, notamment au dégel des paroles, quand le navire de son héros arrive dans la région polaire.
2. Guillaume Parfait, fils d'un drapier de la rue Saint-Antoine et issu d'une vieille famille parisienne, se fit remarquer du roi comme échevin, puis fut anobli et devint contrôleur-général de sa maison et conseiller d'État en 1609. Henri IV l'admettait dans sa plus intime familiarité; il mourut le 9 juin 1625.
Aussy bien ce n'est que pour rire. Vostre amy le marquis désire Vous conter luy-mesme le tour Que pour madame des Chauffour, Au moins pour sauver son carrosse, Sans respect de mistre ny crosse, Dans la cour Saint Martin des Champs * Il en trouva de plus meschants, Qui, s'il eust manqué de courage, Ils eussent de luy fait carnage, Comme vous sçaurez amplement Paravant Caresme prenant;
Dont son laquais eust par mesgarde Cependant un coup d'hallebarde, Mais cum fustibus et armis En grand procès i les a mis, Si bien qu'en sa faveur discrète Monsieur le lieutenant décrète. Or depuis cela j'ay trouvé Le sieur Poulaller arrivé, Et pour savoir de vos nouvelles J'ay, plus vite qu'une hirondelle, Couru droit à vostre maison : Aussy n'y ayant qu'un oyson, Je n'ay trouvé qu'un corps sans âme, Une fantosme, la vieille femme, Qui ne m'a non plus respondu Qu'un escolier bien entendu Au doux silence socratique,
Ou comme un qui chante en musique, Qui tout seul chante le tacet. Vous pouvez penser, Dieu le sçait,
1. Célèbre couvent de religieuses à Paris.
Si je suis lors demeuré grue; J'ay pris le chemin de la rue Et pensois aller pour certain,
Tout droit chez monsieur de Rostain ', Pour continuer la présente,
Mais un mal de teste me tante, Et Paris plein d'estonnements De voir de si grands changements En la cour du roy nostre sire: On ne parle que de la cire Et du nouveau garde des sceaux 2. On a changé la place aux Veaux Du costé du marais du Temple. Croyez que c'est un bel exemple A ceux à qui fortune en dit, Et si nonobstant leur crédit On a mis des placards aux portes L'on va partout et sans escortes. Doncques hier après disner Nous allâmes nous promener Pour savoir les galanteries Que l'on faisoit aux Tuilleries, Où je ne trouve rien de neuf Que mesdames de Châteauneuf3,
1. Anne Hurault, sœur de l'évêque de Chartres, épousa, le 12 septembre 1592, Gilbert de La Trémouille, marquis de Royan : veuve le 25 juillet 1603, elle se remaria avec Charles de Rostaingt, comte de Bury, et mourut le 16 avril 1635.
2. Le marquis Bruslart de Sillery tenait les sceaux depuis le 2 janvier 1605, et ne fut disgracié qu'au mois de mai 1616.
3. Marie de La Chastre, fille de Claude, baron de La Maisonfort, et de Anne Robertot, mariée à Guillaume de L'Aubespine, baron de Châteauneuf, conseiller d'État. De ce mariage naquit le garde des sceaux de ce nom.
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