Obrazy na stronie
PDF
ePub

» ques femences, le pavot, par fa promptitude à venir » & par la multitude de fes graines, fut la plante qui... » les accommoda le plus ; » c'est pourquoi l'on avoit coutume de mettre dans la main de Cérès plufieurs têtes de pavots.

truie

On offroit à Cérès diverfes fortes de fruits, du miel, de la laine, & même des ferpents. On lui facrifioit une , parce que cet animal nuit beaucoup aux moiffons. On obfervoit de ne faire, dans ces facrifices, aucun ufage du vin; ce qui a donné lieu à une plaifanterie de Plaute, qui appelle noces de Cérès, des noces où l'on ne buvoit point de vin. Les habitants de Mégare honoroient cette déeffe d'un culte particulier, & l'appelloient Mallophore, nom qui fignifie porte-laine, ou Melophore, c'est-à-dire porte-brebis. Dans l'ifle de Gnide, elle étoit honorée fous le nom de Cyré, qui fignifie maîtreffe. En Arcadie, on entretenoit dans fes temples un feu continuel.

Sur quelques anciennes médailles, Cérès eft repréfentée, tantôt fur un char attelé de deux ferpents, ayant dans les mains des torches ardentes; tantôt affife, tenant d'une main un flambeau allumé, de l'autre quelques épis de bled; quelquefois foulant du pied droit

une truie.

CÉRINTHE: héréfiarque qui commença de publier fes erreurs vers la fin du premier fiécle de l'Eglife, à Antioche, en Syrie. On prétend qu'il fut difciple de Simon le Magicien. Il n'eft pas furprenant qu'étant à l'école d'un tel maître, il ait été infecté de cette foule d'erreurs groffieres qu'il répandit parmi les fideles. II enfeigna d'abord qu'il falloit conserver les cérémonies de la loi ancienne, & les joindre aux rits du Christianifme. Il vouloit qu'on fe fît à la-fois circoncire & baptifer, & murmuroit contre les apôtres qui tenoient une conduite oppofée à cette doctrine. Bientôt il débita d'autres opinions plus extravagantes. Il foutint que le monde n'étoit pas l'ouvrage de l'Etre fuprême, mais d'une espece de force motrice, diftinguée de Dieu, qui avoit arrangé les différentes parties de la matiere. Il nia que Jefus-Chrift fût né d'une Vierge, & eûr

fouffert la mort. Selon lui, le fils de Jofeph & de Marie étoit un homme comme les autres; mais qui avoit plus de vertus & de talents que le commun des hommes. Lorfqu'il fut baptifé, le Chrift, Fils unique de Dieu, defcendit dans lui fous la forme d'une colombe. Ce fut par la vertu de ce Christ, que Jefus fit les miracles qui le rendirent fi illuftre. Lorsqu'il fut arrêté comme criminel, le Chrift l'abandonna, parce qu'il n'étoit pas de fa dignité de fouffrir; & le Jefus qui fut flagellé & crucifié n'étoit qu'un véritable homme. Cette doctrine ébranloit les fondements du Chriftianisme: auffi les apôtres firent-ils tous leurs efforts pour en arrêter les progrès. Ce fut en particulier pour réfuter les erreurs de Cérinthe, que l'apôtre S. Jean compofa fon Evangile, où il s'attache à prouver la divinité de Jefus-Christ. On attribue encore à Cérinthe plufieurs autres opinions abfurdes & erronées. Il prétendoit, dit-on, que ce n'étoit pas Dieu qui avoit donné la loi aux Juifs; mais un de ces génies qui, felon le fyftême des Chaldéens, gouvernoient le monde. Il croyoit, comme les Juifs charnels, que le regne du Meffie devoit être terreftre, & qu'après la réfurrection les élus jouiroient, pendant l'efpace de mille ans, de tous les plaisirs des fens fur la terre. De tous les évangiles, il ne reconnoiffoit que celui de S. Matthieu. Il rejettoit les Actes des apôtres & les Lettres de faint Paul. Cet héréfiarque fut chaffé de l'Eglife par les apôtres, comme un corrupteur de la doctrine de JefusChrist. L'apôtre S. Jean avoit conçu en particulier une fi vive horreur de Cérinthe, qu'allant un jour aux bains publics, accompagné de fes difciples, & ayant appris que Cérinthe y étoit, il ne voulut pas y entrer, « de peur que la maifon ne s'écroulât fur lui: » ce fut la raifon qu'il en donna à fes disciples.

Cet héréfiarque avoit donné au livre qui contenoit fes rêveries le titre d'Apocalypfe; ce qui donna lieu à quelques-uns de lui attribuer l'Apocalypfe de faint Jean.

CERNUNNOS. Les Gaulois adoroient fous ce nom un dieu qui préfidoit à la chaffe des bêtes fauves,

Ils le repréfentoient armé de cornes de daims, de cerfs, & d'autres animaux de cette espece. En langage celtique, cern fignifie corne. Quelques auteurs on prétendu que Cernunnos n'étoit autre que Bacchus, fondés fur la feule conformité des cornes.

CÉROMANTIE, du grec ngos, cire; & uavreía, divination: divination pour laquelle on employoit la cire, & qui fut autrefois en ufage chez les Grecs. Ils prenoient un vafe plein d'eau, dans lequel ils faifoient couler quelques gouttes de cire fondue: ces gouttes, en fe figeant, formoient certaines figures dont ils tiroient des augures heureux ou finiftres.

CÉRUS ou CÆRUS: les anciens payens avoient fait une divinité de ce moment favorable pour réuffir dans une entreprise, que nous nommons occafion. Ils lui avoient donné le nom de Carus, peut-être du latin ferus, tardif, parce que ce moment que l'on fouhaite vient toujours tard au gré de nos defirs. Les beaux efprits de l'antiquité ont imaginé les plus ingénieuses allégories fur ce dieu Cérus. On le représentoit ordinairement fous la figure d'un jeune homme qui tient en main un rafoir, & dont la chevelure en défordre eft agitée par le zéphyre. Un poëte a dit, avec beaucoup d'efprit, que c'étoit le plus jeune des enfants de Saturne ou du Temps; mais le plus beau tableau que l'on ait fait de cette divinité allégorique, eft celui que l'on trouve dans une des fables de Phedre. Cérus y eft représenté avec des ailes, ayant le derriere de la tête chauve, & fur le deyant un toupet de cheveux par où il faut le faifir promptement au milieu de fa courfe, & ne le pas lâcher; car il court avec tant de rapidité, que, fi on le laiffe échapper, on le perd bientôt de vue.

CESTE ceinture mystérieufe & divine, que la déesse Vénus avoit coutume de porter, felon les poëtes, & par le moyen de laquelle elle foumettoit les cœurs les plus rebelles. Le charme de cette ceinture étoit même si puissant, qu'il rétablissoit l'union & la paix entre des époux divifés, & faifoit renaître dans leurs cœurs les feux éteints de leurs premieres

amours

amours. Homere raconte avec les graces ordinaires l'effet que produifit cette ceinture enchantereffe fur le cœur de Jupiter, qui, comme on fçait, étoit fort tendre pour toute autre que pour fon époufe. C'est para ticuliérement dans cette narration qu'il femble qu'Ho» mere ait à Vénus dérobé fa ceinture pour en chanter dignement les effets: voici une imitation de ce mor

ceau,

Jupiter, réfolu de donner aux Troyens la victoire fur les Grecs, avoit défendu expreflément à tous les dieux de donner aucun fecours à l'un ou l'autre parti. Lui-même, affis fur le fommet du mont Ida, exami→ noit l'état de la bataille, infpiroit aux Troyens une ar deur fecrette, tandis qu'il portoit la terreur dans l'amé des Grecs. Tous les dieux qui favorifoient le parti des Grecs, & Junon en particulier, les voyoient à regret tomber fous les coups des Troyens, & ne pouvoient les fecourir fans être apperçus de Jupiter, qui faifoit fentinelle au fommet de l'Ida. Dans cette extrémité, Junon imagina un stratagême qui lui réuffit. Elle fe rendit dans l'appartement que lui avoit construit dans le ciel fon cher fils Vulcain. L'honneur de Junon étoit très en sûreté dans ce lieu: les portes en étoient fortes & folides; & la ferrure avoit des refforts fecrets, que Junon feule connoiffoit. Aucun, autre dieu n'eût été capable d'ouvrir cette merveilleuse porte. Junon ne fut pas plutôt entrée dans fon appartement, qu'elle s'enferma foigneufement, & fe mit à fa toilette. Elle commença par prendre un bain d'ambroifie; puis elle fe parfuma avec une huile précieufe & divine, qui, dès qu'elle étoit agitée, rempliffoit le ciel & la terre de la plus douce odeur. Elle forma enfuite avec les beaux cheveux des boucles qui flottoient fur fes épaules. Elle fe revêtit d'une robe fuperbe, ouvrage de Minerve, dont la main fçavante y avoit artiftement brodé plusieurs deffins agréables; elle l'attacha avec une ceinture ornée de cent franges. Des boucles d'oreilles d'un éclat éblouiffant furent employées pour relever fa beauté. Une bandelette d'une blancheur écla tante ceignoit fon front facré, & fes pieds délicats fuC. R. Tome I.

B b

[ocr errors]

rent embellis par la plus élégante chauffure. Ainfi parée, elle fortit de fon appartement; &, tirant Vénus à l'écart: «Ma chere fille, lui dit-elle, puis-je me » flater d'obtenir la grace que j'ai à vous demander? » Protectrice des Troyens , pourrez-vous accorder » quelque chofe à la protectrice des Grecs? ---Parlez, illuftre fille de l'antique Saturne, parlez, répondit » Vénus. Si ce que vous defirez eft poffible, & s'il » dépend de moi, vos vœux feront accomplis. » Junon, raffurée par cette promeffe, lui tint ce difcours peu fincere: « Prêtez-moi cette ceinture où logent » les amours & les defirs, dont vous vous fervez pour » dompter les cœurs des hommes & des dieux. Je » vais rendre visite à l'Océan, & à Thétis fon épou»fe, qui m'ont autrefois rendu les plus importants » fervices. J'ai appris que la difcorde s'étoit mise en» tr'eux, & que depuis long-temps ils avoient inter» rompu les careffes de l'hymen. Mon deffein feroit » de les réconcilier, & de les ramener dans le même » lit. Je m'acquitterois, par ce moyen, de tout ce que » je leur dois.--- Déeffe, reprit Vénus en fouriant, votre » deffein eft noble & généreux; je rougirois de m'y » opposer: puis-je d'ailleurs refufer quelque chofe à » celle qui reçoit le grand Jupiter dans fes bras?» Elle dit, & détacha fon admirable ceinture, où réfidoient les graces les plus flatteufes & les attraits les plus féduifants, les amours, les defirs, & ce langage enchanteur, qui, dans la bouche d'une belle femme, furprend la raifon du philofophe le plus ferme. Vénus, la mettant entre les mains de Junon: « Prenez, lui » dit-elle, cette ceinture, & foyez affurée du fuccès » de votre entreprise. » Junon fatisfaite ne répondit que par un fourire ; &, mettant promptement la ceinture autour d'elle, elle alla trouver le Sommeil, & lui perfuada de venir avec elle fur le mont Ida, afin d'endormir Jupiter. Etant arrivés ensemble fur cette montagne, le Sommeil se percha fur un arbre, & Junon s'avança vers fon époux. Jupiter ne l'eut pas plutôt apperçue, que, par la vertu de la ceinture, il oublia qu'elle étoit fa femme. Il en devint auffi amoureux

« PoprzedniaDalej »