Obrazy na stronie
PDF
ePub

les avances. L'étant allé trouver dans le lieu de fa retraite, il s'excufa de fon emportement paffé fur la violence de fon amour, & conjura son épouse de revenir avec lui. Paramefceri n'y voulut point entendre, qu'Ixora n'eût auparavant rendu la vie à fon cher Canteven. Le foible époux accepta la condition; & c'est en mémoire de la mort & de la réfurrection de Canteven, que les femmes Indiennes pratiquent le jeûne dont nous venons de parler.

CANTIQUE: 1. chant religieux, destiné à célébrer la gloire de Dieu, & à le remercier de fes bienfaits. Tel eft, dans l'Ecriture, le fameux cantique de Moyfe après le paffage de la mer Rouge, & qui eft l'ode la plus fublime qu'ait jamais produite aucun poëte: tel, le cantique d'Ezéchias, où il rend graces à Dieu de lui avoir prolongé la vie, & que le célebre Rousseau a fi bien rendu dans notre langue : tels font encore les cantiques des trois enfants dans la fournaife, de la fainte Vierge, de Zacharie. On donne communément le nom de cantiques à certaines chanfons compofées fur des fujets pieux, & qui n'ont pour l'ordinaire d'autre mérite. Il feroit à fouhaiter, pour l'honneur de la Religion, que les grands myfteres de notre foi, les redoutables vérités du Chriftianifme, & les actions mémorables de Jesus-Chrift & des faints, ne fuffent pas défigurées, & en quelque forte avilies dans de miférables vers qui prêtent trop fouvent à des plaifanteries facrileges fur les chofes les plus refpectables. Chez les Grecs & chez les Romains, c'étoient les meilleurs poëtes & les plus grands génies qui étoient chargés de compofer les vers qui devoient être chantés en l'honneur des dieux. Les contes abfurdes de la théologie payenne, les aventures des héros fabuleux, étoient embellis par la poéfie d'Ovide; tandis que les hiftoires fublimes & touchantes de l'Ecriture, & les exploits des héros Chrétiens, font abandonnés à de vils barbouilleurs qui les déshonorent, & parviennent prefque à les rendre ridicules.

2. Toute la religion des idolâtres qui habitent les ifles Philippines, eft renfermée dans des cantiques qui cér

lebrent les exploits de leurs dieux, & détaillent leur généalogie. Les peres apprennent à leurs enfants ces cantiques, qui forment une efpece de tradition.

3. L'ufage de chanter des cantiques est très-commun & très-répandu parmi les Indiens. Dès le matin, on entend les dévots entonner des hymnes faints en l'honneur de leurs dieux : c'est par-là qu'ils commencent à fe les rendre favorables pour le refte de la journée. C'eft par les mêmes chants qu'ils fe préparent à quelque entreprise considérable. Les artifans, qu'un même travail raffemble dans une boutique, charment leur ennui par ces pieux cantiques qu'ils chantent alternativement quelquefois un feul chante, & les autres lui répondent en choeur. Les matelots, courbés fur la rame, font retentir les airs de pareils cantiques; ce qui vaut fans doute beaucoup mieux que les chanfons obfcenes & groffieres qui fervent, chez nous, d'amufement aux gens de cette claffe. La coutume de chanter des cantiques eft auffi en vigueur à la Chine; & ces cantiques renferment communément les principaux points de leur morale, & les hiftoires de leurs divinités.

CANTIQUE DES CANTIQUES : c'est le titre que l'on donne au cantique de Salomon, qui fe trouve entre les livres canoniques de l'ancien Teftament. Le titre hébreu de ce cantique fignifie à la lettre un cantique excellent ; & il n'en impofe pas. Ce cantique, à ne le confidérer même que comme un ouvrage profane, eft une piéce digne des meilleurs poëtes. C'est une efpece d'idylle, dont les principaux interlocuteurs font un époux & une épouse qui parlent le langage le plus paffionné. Cet ouvrage eft plein de comparaisons agréables, tirées des objets champêtres, d'images charmantes & voluptueufes: on y trouve même des fituations & des fcenes; ce qui a fait croire à quelques auteurs que ce cantique pouvoit être un drame. En voici un exemple. Au milieu de la nuit, la bien-aimée, couchée fur fon lit, attend vainement le fommeil. Son cœur, occupé de mille tendres foins, ne lui permet pas de goûter le repos. Dans ce moment, fon bien

aimé

aimé vient frapper à fa porte.... Ouvre-moi, lui ditil, ma fœur, ma bien-aimée, ma co'ombe; je fuis tout trempé, & la rofée de la nuit dégoutte de mes cheveux. La bien-aimée fe leve à la hâte, & vole ouvrir la porte; mais fon bien-aimé, trop impatient, eft déja parti: elle regarde de tous côtés, elle ne le voit pas; elle l'appelle, il ne répond point. Inquiete, elle fort de fa maison, & va chercher seule au milieu des ténebres. Les gardes la rencontrent errante dans les rues de la ville, ils l'accablent de coups, & emportent fon manteau; mais cet accident n'eft pas capable de ralentir fon ardeur. Elle continue fes recherches, & demande à toutes les perfonnes qu'elle rencontre fi elles n'ont pas vu fon bien-aimé ? « Si » vous le trouvez, leur dit-elle, annoncez-lui que je » languis d'amour. » On lui demande à quels fignes on pourra reconnoître fon bien-aimé? Elle fait alors un portrait fi flatteur & fi féduisant de fon bien-aimé, que ceux qui l'écoutent, fe joignent à elle pour le chercher. On reconnoit fans doute dans ce morceau quelques traces de la fiction ingénieufe d'Anacréon, qui repréfente l'amour nu & mouillé, allant pendant la nuit frapper à la porte d'un homme endormi. On y remarque encore l'idée de cette idylle charmante de Mofchus, intitulée L'Amour fugitif, dans laquelle Vénus demande de tous côtés des nouvelles de fon fils qui a pris la fuite, &donne fon fignalement afin qu'on puiffe le reconnoître. On peut fuppofer que le cantique de Salomon n'étoit pas inconnu à Anacréon & à Mofchus; mais ce cantique n'eft pas plus un drame, que l'ode d'Anacréon & que l'idylle de Mofchus. Il ne faut pas chercher d'ordre ni de liaison dans cet ouvrage. Ce ne font que les élans d'un cœur brûlant d'amour; c'eft le fentiment feul qui s'y fait entendre. M. Boffuet a cependant trouvé dans ce cantique une certaine divifion en fept parties, qui répondent aux fept jours que les anciens employoient à leurs cérémonies nuptiales; car le fentiment le plus commun eft que Salomon compofa cet ouvrage pour célébrer fon mariage avec la fille du roi d'Egypte: ainfi, c'eft proprement un C.R. Tome I.

X

épithalame dialogué. Quelques écrivains qui courent après la plaifanterie, & qui lui facrifient tout, fe font égayés fur certaines comparaifons orientales, & fort éloignées de nos mœurs, que l'on trouve dans le cantique de Salomon. Ils ont trouvé fort fingulier que Salomon comparât les cheveux de fa bien-aimée à des troupeaux de chevres, fes yeux à des pifcines, fon cou à la tour de David, & fon nez à celle du Liban; mais ces critiques ne connoiffoient peut-être pas affez le goût & le génie de la poéfie orientale. Ils ne faifoient pas attention que l'imagination vive. & chaude des Orientaux ne recherche pas dans les comparaifons cette grande jufteffe qu'exige l'efprit méthodique des François. Ils font contents, pourvu qu'il fe trouve quelque rapport entre les objets comparés. Ainfi, la tour de David exprime la rondeur, la fermeté & la nobleffe du cou de l'époufe; cela fuffit pour établir la comparaifón. On trouve dans Homere quelques comparaifons de cette nature.

D'autres cenfeurs, mieux fondés en apparence, fe font élevés contre les images voluptueufes & les tableaux dangereux que préfente cet ouvrage : ils ont penfé que les expreffions de la plus vive tendreffe n'étoient guere propres à édifier les infideles; mais on leur répond que le cantique de Salomon n'occuperoit pas en effet une place parmi les Livres faints, s'il ne contenoit que la peinture d'un amour profane; que, fous l'emblême de deux époux, Salomon a décrit les chaftes amours & l'union fpirituelle de Jefus-Chrift avec fon Eglife; que ce livre eft plein de myfteres ineffables quine peuvent être compris que des ames dévotes, intimement unies avec Dieu dans l'oraison : auffi l'Eglife n'a-t-elle pas prétendu que le cantique de Salomon fût lu indifféremment par tous les fideles, de peur que les hom mes charnels n'en abufaffent. S. Jérôme nous apprend que, de fon temps, il étoit défendu de, le lire avant l'âge de trente ans ; & S. Bernard en interdit la lecture à quiconque n'a pas le cœur pur.

CANTOR, ou LE CHANTRE: (Gilles) chef d'une fete de fanatiques qui s'éleverent au commencement

du quinziéme fiécle, & fe répandirent dans la Flandre, où ils pervertirent un grand nombre de perfonnes. Le principal appui de la fecte, après Cantor étoit un carme nommé Guil aume de Hildesheim, qui, étant en grande réputation parmi les dévotes, contribua beaucoup à étendre le parti. Les fectateurs de Cantor prenoient le titre d'hommes intelligents. Ils foutenoient que Gilles Cantor, leur chef, étoit le fauveur des hommes; que les démons & tous les damnés qui habitent l'enter, verroient un jour finir leurs tourments, & feroient transférés dans le ciel ; qu'il étoit faux que le diable eût autrefois porté JelusChrift fur le fommet du temple; que la priere & tout culte extérieur étoient fuperflus; que la fornication étoit une chose indifférente, & même que les femmes ne devoient pas, en confcience, refufer leurs faveurs à ceux qui les demandoient. Ils fe livroient à toutes les infimies qu'entraîne naturellement une pareille doctrine. Ils avoient même imaginé un langage particulier, par le moyen duquel ils pouvoient s'entretenir enfemble fur cette matiere, fans être entendus de ceux qui n'étoient pas de la fecte. Ils regardoient comme de véritables infpirations toutes les extravagances qui leur paffolent par la tête, & ne manquoient pas de les exécuter. Ils publioient que le regne du Pere & du Fils étoit paffé, & que c'étoit le Saint-Efprit quirégnoit à fon tour. Ces fanatiques étoient d'autant plus dangereux, qu'il étoit difficile de les convaincre & de les punir; car ils ne fe faifoient aucun fcrupule de nier leur doctrine, lorfqu'ils étoient interrogés juridiquement. Cependant le zele de Pierre d'Ailly, archevêque de Cambrai, vint à bout d'arrêter les progrès de cette fe&te. Il fit faire le procès au carme Guillaume, qui avoua fes erreurs, & les rétracta en préfence d'un grand nombre dè témoins, le 12 de Juin

1741.

CAPARA, c'est à-dire EXPIATION : cérémonie que les Juifs ont obfervée pendant long-temps, la veille du Chipur ou jour de pardon, & qui eft maintenant abolie. Voici en quoi confiftoit cette cérémonie. « Les

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »