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anus. « Le derriere de Junon eft fait d'acier. » Chalibe, fignifie en latin acier.

CAMAIL: c'eft le nom que l'on donne à un petit manteau que les prélats portent par-deffus leur rochet, & qui defcend depuis le cou jufqu'au coude. Ce camail a un capuce très-petit, & dont on ne peut fe fervir pour couvrir la tête. Les évêques portent dans leurs diocefes le camail violet: ils le portent noir hors de leurs diocefes, & lorfqu'ils font en deuil. Les abbés féculiers portent le camail noir; les réguliers, de la couleur de leur ordre.

On appelle auffi camail ce manteau dont les chanoines & les autres eccléfiaftiques féculiers fe couvrent pendant l'hiver pour le garantir du froid.

Les anciens chevaliers avoient une couverture de tête, affez semblable au camail des évêques, que l'on appelloit cap de maille : de-là peut-être eft venu le nom de camail.

CAMALDULES: religieux fondés par S. Romuald, qui fuivent la regle de S. Benoît, ainfi nommés, du village Camaldoli, dans la Tofcane, où fut bâti le premier monaftere de cet ordre, vers l'an 1009. Ces religieux font habillés de blanc; & l'on prétend que Romuald adopta cette couleur parce que, dans une vifion dont Dieu le favorifa, il vit plufieurs perfonnes vêtues de blanc, monter par une échelle dont le sommet s'élevoit jufqu'au ciel. Voici quelques traits qui concernent cet illuftre folitaire, tirés de nos Anecdotes Italiennes. « Romuald, né à Ravenne, de parents illuftres, fe fentant infpiré de Dieu d'embraffer la vie d'hermite, fe mit fous la conduite d'un faint homme, nommé Marin, qui avoit toutes les vertus, excepté la douceur. Marin traita fon éleve avec tant de dureté, qu'il eût été capable de le dégoûter du genre de vie qu'il avoit choifi, fi fa vocation eût été moins affermie. Toutes les fois que le jeune Romuald faifoit quelque faute en lifant, l'impitoyable Marin le reprenoit par un grand coup de baguette qu'il lui donnoit fur la tête, du côté gauche. Romuald fouffrit long-temps ce traitement rigoureux avec une patience héroïque. Enfin il

dit

dit un jour à Marin: « Mon maître, je fuis prefque de» venu fourd du côté gauche; je vous prie d'avoir la » bonté de me frapper déformais du côté droit. » Ces paroles adoucirent un peu la rigueur de Marin.

Romuald, accoutumé à être rudement traité, contracta quelque chofe de la dureté de fon maître. Il fit lui-même un acte de sévérité, qui alloit fans doute fort au-delà des préceptes de la correction fraternelle. Ayant été informé que fon pere Sergius, après avoir embraflé la vie monaftique, fongeoit à quitter le cloître pour retourner dans le monde, Romuald, enflammé d'un zele qui n'étoit pas réglé par la prudence, courut à fon couvent, lui mit les fers aux mains & aux pieds, & l'accabla enfuite de coups, jusqu'à ce qu'il lui eut fait promettre de rester dans la religion.

Il y a en France une congrégation de Camaldules, qui porte le nom de N. D. de Confolation. Les monafteres de cette congrégation doivent toujours être fitués à la diftance de quatre à cinq lieues des grandes villes.

CAMERIER : c'eft le nom que l'on donne à un officier de la chambre du pape. Le fouverain pontife a ordinairement deux camériers; l'un eft chargé du foin de l'argenterie, des joyaux, des reliquaires; l'autre diftribue les aumônes.

CAMERLINGUE: titre du principal officier de la cour de Rome; c'est lui qui régit les finances, & qui préfide à la chambre apoftolique. Il exerce auffi les fonctions de chancelier, & fait administrer la juftice dans toute l'étendue de l'Etat eccléfiaftique. Lorfque le fouverain pontife eft mort, il exerce tous les actes de fouveraineté. Pendant la vacance du faint fiége, il fait battre monnoie, & porte des édits. Si l'on en croit Du Cange, le titre de camerlingue a été donné aux tréforiers du pape & des empereurs. En effet Kamerling eft un mot allemand, qui fignifie chambrier, ou maître de la chambre, ou tréforier.

CAMERONIENS: presbytériens d'Ecoffe, qui refuferent d'accepter la liberté de confcience que leur offroit Charles II, roi d'Angleterre, difant que ce feroit reconnoître la fuprématie du roi dans ce qui concerne C. R. Tome I.

V

la religion; privilege qu'ils ne vouloient pas lui accor der. Ce fut pour cette raifon qu'ils fe féparerent des autres presbytériens. Les troubles que ces fanatiques exciterent dans l'Etat, firent couler bien du fang. Leur but étoit de détrôner Charles II, qu'ils prétendoient être déchu de fon droit à la couronne, parce qu'il avoit violé les conditions fous lefquelles il avoit été couronné; mais les révoltés n'eurent pas le fuccès qu'ils espéroient, & le duc de Montmouth les força de rentrer dans le devoir. Ils furent appellés Cameroniens, du nom de leur chef Archibald Cameron.

CAMIS: héros & grands hommes du Japon, qui, par leurs exploits & leurs vertus, ont mérité les honneurs divins. Ils font fpécialement honorés par les partifans de la fecte des Xenxi ou Sintos, qui leur offrent des facrifices, leur élevent des temples, & fe fervent de leurs noms dans leurs ferments les plus folemnels. Voyez SINTOS.

Le terme de Camis a plufieurs fignifications: on entend par ce nom, dit Kampfer, quelquefois un efprit ou un génie puiffant, fouvent une ame immortelle & diftinguée des autres, plus communément un empereur, ou quelque grand homme mort, divinifé par le Dairi: quelquefois ce nom défigne fimplement un chevalier.

CAMISARDS: Proteftants fanatiques qui habitoient les Cévennes, & qui contrefaifoient les prophetes. Ils fe fouleverent vers le commencement du dixhuitieme fiécle, & réfifterent pendant quelque temps à toute la puiffance de Louis XIV, qui eût pu l'employer d'une maniere plus glorieufe. Voici l'origine & l'hif toire de leur rebellion. Les Calviniftes, confternés par la révocation de l'Edit de Nantes, perfécutés de toutes parts, & réduits à fe cacher, avoient perdu toute efpérance, lorfque, pour ranimer leur courage abattu, quelques miniftres rufés s'aviferent de faire paroître à propos quelques prodiges, qui fembloient autant de marques du prochain rétabliflement de leur parti. On entendit des voix céleftes qui chantoient les pfeaumes de Marot & de Beze, & qui contribuerent beaucoup à raffurer les Calviniftes chancelants. Jurieu, miniftre

ardent & zélé, trouva dans l'Apocalypfe la ruine du Catholicisme, & le triomphe des Réformés. Il fit part à fes partifans de cette importante découverte, & la débita d'un ton d'oracle. Bientôt ces confolantes prophéties, paffant de bouche en bouche, fe firent entendre jufque dans les montagnes des Cévennes. Un vieux Calvinifte de ce canton, qui fe croyoit auffi grand prophete que Jurieu, conçut le deflein de former une école de petits prophetes, qui, difperfés dans les différents pays, ferviroient à fortifier & à foutenir les Proteftants qui s'y étoient retirés. Dans cette vue, il fit chox de quinze jeunes gens du voisinage, qui furent livrés entre fes mains par leurs parents. Sa femme, à fon exemple, fe charga de communiquer l'efprit de prophétie à quinze jeunes filles. Ces enfants, nourris au milieu des rochers, loin du commerce des hommes, élevés dans l'horreur des Catholiques & dans l'amour de la religion Réformée, étoient les fujets les plus propres à recevoir les impreffions de fanatifme que vouloit leur donner le vieux La Serre, (c'est le nom de ce Calvinifte.) Il commença par leur déclarer que Dieu, par une faveur fpéciale, les avoit choifis pour être fes prophetes & pour confoler fon peuple. Un tel honneur flatta ces jeunes cœurs. Ils fe foumirent avec jo e à un jeûne de trois jours, que La Serre leur prefcrivit. Lorsque leurs cerveaux furent bien échauffés par cette longue abftinence, La Serre leur débita mille rêveries effrayantes. Il leur expliqua les paffages de l'Apocalypfe qui font mention de l'Ante-Chrift, & les appliqua au Pape. Il leur parla de vifions, d'apparitions, & leur remplit la tête de toutes les chimeres du fanatifme. Il fongea enfuite à leur donner un extérieur de prophete. Il leur apprit à rouler les yeux d'une maniere effrayante, à tordre les membres; en un mot, à faire toutes les grimaces qui font propres aux maniaques & aux phrénétiques. Après les avoir bien ftylés à ce manege, il les embraffa tendrement, leur fouffla dans la bouche, & leur perfuada que ce fouffle étoit l'efprit de prophétie qu'il leur communiquoit. Il difperfa enfuite ces nouveaux C. R. Tome I.

*V ij

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prophetes en différents cantons, afin qu'ils y fiffent ufage, pour la gloire de Dieu, du don qu'ils venoient de recevoir. La femme de La Serre fe conduifit de la même façon à l'égard des filles dont elle étoit chargée. Ainfi quinze prophetes & quinze prophéteffes fe répandirent tout-à-coup dans les villages des Cévennes, & commencerent à débiter les folies qu'on leur avoit apprifes. Les habitants de ces montagnes, hommes groffiers & prefque fauvages, écouterent avec une vénération fuperftitieufe les oracles de ces impofteurs. La plupart d'entr'eux voulurent prophétifer eux-mêmes; & les difciples de La Serre leur communiquerent l'efprit de prophetie de la même maniere qu'ils l'avoient reçu. Bientôt les villages des Cévennes ne furent peuplés que de prophetes, ou plutôt d'infenfés & d'énergumenes. Le Dauphiné, le Vivarais furent infectés de ce fanatifme, qui commença à paroître dangereux par les affemblées tumultueufes qn'il occafionnoit. Les foins des magiftrats retarderent les progrès du mal; mais ils ne purent l'étouffer entiérement; & la premiere occafion qui fe préfenta fit éclater ce feu caché. Ces peuples fe voyant preffés pour payer la capitation, & n'étant peut-être pas en état de la payer, parce qu'ils avoient négligé le travail pour s'amuter à écouter les prophetes, fe révolterent ouvertement. Les ennemis de Ja France profiterent de l'enthousiasme de ces fanatiques pour inquiéter & pour affoiblir Louis XIV; & l'on vit s'élever dans le Languedoc une des guerres les plus cruelles & les plus fanglantes dont l'hiftoire fafle mention. Les Proteftants, excités par leurs prophetes, & animés d'une fureur d'autant plus violente, que le motif en étoit religieux, fe battirent en défefpérés; & l'on fut obligé, pour les réduire, d'envoyer contre eux le plus grand général de la France, le maréchal de Villars: encore ce grand homme ne put-il les foumettre que par la rufe, en gagnant le principal chef du parti. Ces fanatiques furent nommés Camifards, parce qu'ils avoient par-deffus leurs habits une chemife, qui s'appelle en patois languedocien camife.

La manie des Camifards fe répandit auffi en Angle

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