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quatrieme femme de Clotaire I, qui fonda, vers l'an 567, le monaftere de Sainte-Croix à Poitiers, & dont l'exemple fut fuivi de plufieurs autres princeffes ou dames de qualité. On compte en France plus de dixfept cents abbayes. Le nombre des fimples couvents eft encore plus confidérable.

ABBÉ : ce nom est dérivé du mot hébreu Ab, ou du fyriaque Abba, qui tous deux fignifient pere. On le donnoit autrefois aux fupérieurs des monafteres, qui étoient en effet les peres fpirituels de leurs moines. Les abbés ont quelquefois été indépendants de la jurisdiction des ordinaires des lieux. Quelques-uns ont été décorés de la mitre & de la croffe, & ont obtenu de conférer la tonfure & les ordres mineurs. On prétend même que l'abbé de Citeaux obtint du pape Innocent VIII le pouvoir d'ordonner des diacres & des fous-diacres. Les abbayes étant devenues puiffamment riches par les libéralités des dévots, les princes féculiers s'en emparerent, & joignirent le titre d'Abbé à ceux de Duc, Comte, &c. On en trouve des exemples fréquents dans l'Histoire. Divers conciles s'efforcerent de réprimer cet abus, qui ne put cependant jamais être entiérement aboli, & dont on trouve encore des reftes dans l'ufage de donner des abbayes en commende à des clercs féculiers, qu'on nomme abbés commendataires. Ils jouiffent des deux tiers du revenu de l'abbaye, fans avoir fur les moines aucune jurisdiction, & fans exercer aucune des fonctions qui puiffent leur mériter le titre de pere. Ces commendes n'étoient d'abord confiées que pour un temps. Il falloit une dispense du pape pour les obtenir; preuve que cela étoit contre les regles. Mais, dans la fuite, les commendes font devenues perpétuelles, & fe font tellement multipliées, que la plupart des abbayes ont des abbés commendataires nommés par le roi, & munis d'une bulle du fouverain pontife.

La véritable origine du nom d'abbé fe conferve cependant encore aujourd'hui dans plufieurs abbés réguliers, fupérieurs de leurs monafteres: ce font les feuls abbés véritables. Ils jouiffent auffi de tous les privileges

de la dignité abbatiale. Quoique fouvent les abbés commendataires faffent un plus grand rôle dans le monde, l'Eglife met les réguliers au deffus d'eux, puifque ceuxci prennent feance dans les conciles, & non pas les autres. Quelques abbés ont porté le titre d'Abbé-Cardinal, entr'autres, l'abbé de Cluny, qui fe faifoit auffi nommer l'Abbé des abbés, & l'abbé de la Trinité de Vendôme. Dans l'Eglife Grecque, il s'eft trouvé des abbés qui prenoient la qualité d'Univerfels. Les curés de l'Eglife primitive ont été quelquefois nommés abbés. Dans le XIV fiécle, le chef de la république de Gènes fut appellé l'Abbé du peuple. Ce titre eft aujourd'hui si commun, qu'on le donne gratuitement au moindre clerc; &, loin d'honorer la perfonne, c'est presque toujours la perfonne qui l'honore.

ABBESSES: fupérieures de religieufes & de chanoineffes. On remarque qu'on a donné autrefois des abbayes de filles à des princeffes qui étoient mariées & qui, vivant avec leurs époux, portoient le titre d'Abbeffes. Il s'eft auffi trouvé quelques abbeffes qui ont prétendu que leur dignité leur donnoit le droit de confeffer leurs religieufes, & qui ont voulu foumettre des clercs à leur jurifdiction.

ABBUTO: nom d'un dieu du Japon, invoqué particuliérement dans les maladies chroniques, & dans les voyages fur mer.

ABDEST, eft la premiere ablution des Turcs. Leur législateur n'a fait que remettre en vigueur cette cérémonie, qui étoit en ufage long-temps avant lui chez les defcendants d'Ifmaël. Comme l'eau, difent les Mahométans, purifie de toutes les fouillures & du corps & de l'ame, ils font d'une exactitude fcrupuleufe fur cet article.

L'Abdeft fe fait avant d'entrer dans la mofquée, pour le préparer à la priere & à la lecture de l'Alcoran. On fe lave d'abord les mains & les bras, enfuite le front, le haut de la tête, les oreilles, après les avoir nettoyées foigneufement, le vifage, les dents, le deffous du nez, & les pieds. Mais en hiver, & dans certains temps pour les femmes, on fe contente

de défigner par quelques marques extérieures les endroits ci-deffus nommés. Mahomet, qui a tout prévu, regle auffi pour cette premiere ablution la quantité d'eau qu'on doit y employer. Un des auteurs qui ont traité fort au long cette pratique religieufe, dit qu'il faut un demi-batman, ou une pinte d'eau environ, pour se laver pardevant & parderriere, un autre demi-batman pour les mains & le vifage, & autant pour les pieds. Si pourtant l'on étoit fur le bord d'un fleuve, ou près de la mer, le légiflateur permet de n'être pas fi exact fur cet objet. Voyez GOUL ou GUSUL, & TAHARET.

ABDIAS: nom d'un prophete Hébreu, dont l'ouvrage est au nombre de nos Livres faints, & l'un de ceux qu'on appelle petits prophetes.

ABÉCÉDAIRES ou ABÉCÉDARIENS, hérétiques du feizieme fiécle, ainfi nommés, parce qu'ils prétendoient que, pour être fauvé, il falloit ignorer jufqu'à fon A BC, c'eft-à-dire ne pas même connoître les premieres lettres de l'alphabet. Quelque temps après que Luther eut infecté l'Allemagne de fa doctrine pernicieuse, un certain Storck, fon difciple, enfeigna que chaque fidele pouvoit connoître le fens de l'Ecriture auffi-bien que les docteurs, & que c'étoit Dieu feul qui en donnoit l'intelligence à tout homme, fans le fecours des livres & des fciences. L'étude même, felon eux, n'étoit capable que de donner des distrac tions, & d'empêcher d'être attentif à la voix de Dieu. On rapporte à ce fujet un trait plaifant. Carloftad, célebre profeffeur de théologie à Wittemberg, & fec tateur de Luther, voulant accréditer la fecte des Abécédaires, ou peut-être s'en moquer, renonça publiquement à fa qualité de Docteur; foula aux pieds robe, bonnet & calotte, & fe fit porte-faix.

ABEL, fecond fils d'Adam, & le cadet de Caïn. L'Ecriture nous apprend que l'union ne régna pas long-temps entre ces deux freres. Abel, qui étoit pasteur, ayant offert à Dieu les prémices de fon troupeau; & Caïn, cultivateur, ayant présenté des fruits de la terre, Dieu, dont les fecrets font impéné

trables, agréa l'offrande d'Abel, & ne regarda point celle de fon frere. Caïn en conçut une horrible jaloufie contre Abel, & le tua. Moyfe ne nous dit rien de plus, quant aux motifs & aux circonftances de ce meurtre. Tout ce qu'on en peut dire se réduit à des conjec

tures.

L'hiftoire de ces deux fils d'Adam, telle que les Musulmans la racontent d'après les anciens Rabbins pourra piquer la curiofité des lecteurs. Eve, difentils, accoucha d'abord de Caïn & d'Aclima fa jumelle, & mit enfuite au monde Abel & fa jumelle Lébuda; car ils penfent que le monde n'auroit jamais pu fe peupler fans cette production de jumeaux mâles & femelles. Lorfque ces enfants furent en âge de puberté, Adam, qui fongeoit à les marier, voulut donner à Caïn la jumelle d'Abel, & à Abel celle de Cain. Mais ce dernier fut mécontent de la difpofition d'Adam, parce que fa foeur Aclima étoit beaucoup plus belle que Lébuda, fon autre foeur. Il repréfenta qu'ayant été tous deux ensemble dans le même ventre, il étoit naturel qu'ils fuffent ensemble dans le même lit. Adam lui dit que tel étoit l'ordre du Créateur, & qu'il ne dépendoit pas de lui de le changer. « Dites plutôt, ré¬ »pondit Caïn, que vous aimez mon frere plus que moi, » & que c'eft pour cela que vous lui destinez la plus belle femme.» Adam, qui vit avec peine cette premiere femence de jaloufie, lui repartit : « Si vous voulez » vous éclaircir par vous-même de la volonté de Dieu

préfentez-lui l'un & l'autre un facrifice; & celui dont »le facrifice fera le mieux reçu, aura pour femme » Aclima. »

Les deux freres confentirent à la propofition d'Adam, mais avec cette différence, qu'Abel étoit fincérement réfolu d'accepter fa propre jumelle pour femme, fi Dieu n'avoit pas fon facrifice pour agréable; au lieu que Caïn étoit déterminé fecrettement à ne point céder Aclima, quel que dût être l'événement du facrifice. Abel étoit berger; il choifit dans tout fon troupeau l'agneau le plus gras & le plus beau, qu'il offrit au Seigneur fur la cime d'une montagne. Caïn, qui s'oc

cupoit à cultiver la terre, choisit une gerbe de bled la plus mince & la plus légere qu'il put trouver, & la préfenta pareillement à Dieu fur le haut d'une montagne voifine. A peine ces offrandes furent difpofées, qu'il defcendit du ciel un feu clair & fans fumée, qui confuma celle d'Abel, fans toucher à celle de Caïn. Tranfporté de jaloufie & de colere, Caïn prit la réfolution de tuer fon frere, mais il ne fçavoit comment s'y prendre. Le diable, qui rodoit fans ceffe autour de nos premiers parents, lui facilita les moyens d'exécuter fon crime. Il prit la figure d'un homme, & s'offrit aux yeux de Cain, tenant à la main un oiseau : il pofa cet oifeau fur une pierre; &, prenant une autre pierre de l'autre main, il lui écrafa la tête. Cette leçon infernale produifit fon effet. Cain, ayant épié le moment où fon frere étoit endormi, s'arma d'une groffe pierre qu'il laiffa tomber de tout fon poids fur la tête d'Abel, & lui ôta la vie de cette maniere.

L'embarras de Caïn ne fut pas moins grand après avoir commis ce fratricide, qu'il l'avoit été pour le commettre. Il s'agiffoit d'en dérober la connoiffance à fes pere & mere; mais comment cacher le corps d'Abel? Le diable eût encore été d'un grand fecours dans une telle circonstance, mais cet ennemi du genre humain ne jugea pas fans doute que la chose en valût la peine. Cain cependant ne fçavoit que faire du corps de fon frere: il l'enveloppa dans une peau de bête, & pendant quarante jours il le porta fur fes épaules par-tout où il alloit. A la fin, la puanteur du cadavre l'incommodant extrêmement, il étoit obligé de s'en décharger de temps en temps; & alors les oiseaux de proie & les animaux carnaffiers s'en approchoient, en emportoient toujours quelque piéce.

Cette reffource n'étant pas fuffifante, il en cherchoit quelqu'autre dans fon efprit, lorfqu'un jour il apperçut deux corbeaux qui fe battoient en l'air. L'un des deux étant tombé mort, l'autre s'abattit auffi-tôt à terre, fit une foffe avec fon bec & fes ongles, & y cacha le corps de fon ennemi. Caïn comprit alors ce qu'il avoit à faire d'un corps mort; mais, après avoir enterré

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