Bel au pouvoir de Daniel, qui mit le dieu en pièces, & renverfa fon temple. BELEN, BELENUS ou BELENOS: c'eft fous ce nom que les anciens Gaulois adoroient Apollon aux blonds cheveux; car le mot Belenus fignifie en langue celtique jaune-blond. Aufone nous apprend que les Druides étoient fpécialement prêtres de Belenus, & qu'en cette qualité ils prenoient un nouveau nom, qu'ils joignoient à celui de leurs familles. Quelques infcriptions trouvées dans la ville d'Aquilée, témoignent qu'Apollon y étoit auffi honoré fous le nom de Belenus. Elias Schedius auteur d'un ouvrage fur les dieux des Germains, s'eft imaginé que les lettres du mot Belenus contenoient quelque myftere; &, comme les Druides fe fervoient des caracteres des anciens Grecs, il a examiné quelle valeur pouvoient avoir les lettres de ce mot, confidérées comme des nombres, felon la maniere de compter des Grecs. Voici fon opération : 8. 30. 5. 50. 70. 200. Ces valeurs, prifes enfemble, forment le nombre des jours qui compofent l'année folaire, c'eft-à-dire 365. BÉLIAL: divinité des Sidoniens. On a donné le nom de Bélial au démon. L'Ecriture appelle enfants de Bélial, des gens fans loi, qui ne peuvent fouffrir aucun joug. BELİNUNCIA: herbe confacrée à Apollon, dont les Gaulois employoient le fuc pour empoifonner leurs fleches. Ils lui attribuoient auffi la vertu de faire tomber la pluie ; &, lorfque le pays étoit affligé d'une féchereffe, ils cueilloient cette herbe avec beaucoup de cérémonies. Les femmes s'affembloient, & choifilfoient une jeune fille encore vierge, qui préfidoit à la fête. Elle fe dépouilloit toute nue, & marchoit à la tête des autres femmes, cherchant cette herbe divine, qui, dans cette occafion, se nommoit balifa. Quand elle l'avoit trouvée, elle la déracinoit avec le petit doigt de la main droite, Ses compagnes coupoient en même temps quelques branches d'arbre, & les portoient à la main, en fuivant la jeune fille, qui alloit fe rendre fur le bord d'une riviere voifine. Là, elle plongeoit dans l'eau l'herbe facrée. Ses compagnes y plongeovent auffi les branches qu'elles avoient coupées, & les fecouoient fur le vifage de la jeune fille. Après cette cérémonie, chacune d'elles fe retiroit à fa maison; mais la jeune vierge étoit obligée de marcher à reculons pendant toute la route. BELLI. Dapper prétend que les Quocas, peuples de l'intérieur de la Guinée, donnent ce nom à la divinité qu'ils reconnoiffent. Belli« eft une compofition » du Bellimo (grand-prêtre des Quocas,) tantôt d'une » figure, tantôt d'une autre, fuivant que le caprice ou » les circonstances en décident. » Le peuple regarde cette matiere comme facrée, & lui porte un refpect infini, perfuadé que celui qui offenferoit cette prétendue divinité, feroit puni de la maniere la plus terrible. Cependant l'autorité du Belli est subordonnée à celle du roi. Il ne peut punir perfonne fans le confentement du prince. Il y a chez ces peuples une confrérie, ou plutôt une secte, qu'on nomme Belli. Les docteurs de cette fecte, appellés Soggonos, ont des écoles, ou des féminaires, où ils élevent les jeunes gens, & leur apprennent un hymne qu'on nomme Bellidong, ou les louanges de Belli. BELLONAIRES : prêtres de Bellone, déeffe de la guerre. Ils fe faifoient des incifions fur toutes les parties du corps, en l'honneur de la déeffe; recueilloient leur fang dans le creux de la main, & le donnoient à ceux qui étoient initiés à leurs myfteres. Ces prêtres jouiffoient d'une confidération particuliere dans la Cappadoce, où le culte de Bellone étoit extrêmement en vogue. Ils étoient les premiers de l'Etat après le roi. On leur attribuoit le don de prophétie, particuliérement fur ce qui regarde les événements de la guerre. Lorfqu'ils rendoient leurs oracles, ils entroient dans une espece de fureur, fe déchiroient le corps avec des épées nues qu'ils tenoient en main, offroient leur fang en facrifice à la déeffe, &, dans cet état, annoncoient l'avenir. BELLONE: déeffe de la guerre, qui, felon les poëtes, étoit la fœur du dieu Mars. Elle avoit un temple à Rome, fitué dans le cirque de Flaminius, du côté de la porte Carmentale. Ce temple étoit destiné à recevoir les ambassadeurs étrangers, qu'on ne vouloit pas laiffer entrer dans l'intérieur de la ville. C'étoit auffi dans le même temple que l'on recevoit les généraux d'armées, lorfqu'ils revenoient de leurs expéditions. On remarquoit dans le temple de Bellone une petite colomne, au fommet de laquelle étoit une pique. Lorfque le peuple Romain déclaroit la guerre à quelque nation étrangere, le conful, ou le fefcial, jettoit un javelot par-deffus cette colomne, le plus loin qu'il lui étoit poffible; & il étoit cenfé le jetter dans le pays ennemi. Bellone étoit particuliérement honorée dans la Cappadoce. On représentoit cette déeffe armée d'une pique, d'une torche & d'un fouet teint de fang, le cafque en tête, couverte de la cuiraffe, & les cheveux épars. Les poëtes difoient que fa fonction étoit de préparer le char & les chevaux du dieu Mars lorf qu'il alloit à la guerre. BELOMANCE ou BELOMANCIE: efpece de divination avec des fleches. Voici de quelle maniere cette divination étoit pratiquée chez les Arabes, au rapport de Pocock: « Lorfque ces peuples, dit cet auteur, » étoient dans le deffein d'entreprendre un voyage ou » de se marier, ou qu'ils avoient en tête quelqu'autre » deffein d'importance, ils avoient coutume de con» fulter des fleches, qu'ils renfermoient au nombre de » trois dans un vaiffeau. Ils écrivoient fur la premiere : » Le Seigneur m'a commandé, Juffit me Dominus meus; » fur la feconde: Le Seigneur m'a empêché, Prohibuit » me Dominus meus; mais ils n'écrivoient rien fur la » troifieme. S'ils venoient à tirer du vaiffeau celle fur la¬ » quelle il y avoit écrit l'ordre ou le commandement, » ils fe mettoient auffitôt en état d'exécuter avec joie leur deffein, comme fi Dieu même le leur avoit » commandé. S'ils tiroient la fleche qui défendoit, ils » ne vouloient plus fonger à ce qu'ils avoient en tête; » mais, s'ils tiroient la troisieme, où il n'y avoit rien » d'écrit, ils la remettoient, pour recommencer l'augure » ou le fort, jufqu'à ce qu'ils en euffent tiré une qui » marquât l'ordre ou la défenfe de l'entreprise. » Les Arabes appelloient cette efpece de fort alaslam. On lit dans Ezéchiel, à l'occafion de Nabuchodonofor, roi de Babylone : « Le roi de Babylone s'eft arrêté à » la tête des deux chemins: il a mêlé des fleches dans » un carquois, pour en tirer un augure de la marche » qu'il doit prendre.... Le fort eft tombé fur Jérufa»lem, & lui a fait prendre la droite. » S. Jérôme, expliquant ce paffage d'Ezéchiel, dit: Ce roi mettra des fleches dans un carquois, & les mêlera les unes avec les autres, infcrites de différents noms, pour remarquer enfuite quelle ville il doit affiéger la pre miere. BÊME. Les Grecs appellent ainfi l'endroit que nous nommons fanctuaire. Les Manichéens donnent ce nom à l'autel. Ils appellent auffi bême le jour de la mort de Manès, leur chef. BENEDICITE: c'eft le premier mot d'une priere, ou bénédiction, que les Chrétiens ont coutume de réciter avant leur repas, & qu'on appelle pour cette raifon le Benedicite. BÉNÉDICTION: cérémonie religieufe, qui confifte à confacrer ou purifier quelque chofe, en prononçant certaines prieres. Un détail des différentes bénédictions ufitées dans les différentes religions, nous meneroit trop loin; nous ne parlerons que des moins communes. 1. Chez les Catholiques, lorfqu'une église a été fouillée, foit par l'effufion du fang humain foit par quelque péché d'impureté commis dans fon enceinte, foit parce qu'on y a enterré un infidele, us hérétique, un excommunié, ou quelqu'un qui n'étoit pas baptifé, l'évêque du lieu, où le prêtre commis de fa part, la purifie par une nouvelle bénédiction, qui confifte à arrofer les murs d'eau bénite par dehors & par dedans. Ces afperfions font accompagnées d'un grand nombre de prieres & d'autres cérémonies qui n'ont rien de remarquable. On fait auffi la même bénédiction pour les cimetieres, lorfqu'il arrive qu'ils font fouillés. Lorsqu'il s'agit de bénir un cimetiere nouveau, on éleve, dès la veille, au milieu de ce cimetiere, une croix de bois, de la hauteur d'un homme, qui a trois trous, l'un au haut & les deux autres fur les deux bras, & l'on fiche en terre devant cette croix un pieu de bois de la hauteur de deux pans, dans lequel il y a trois trous pour y mettre trois cierges. Le lendemain matin, avant qu'on commence la cérémonie, on étend un tapis dans le cimetiere proche de la croix; on y porte du feu dans un vafe; &, lorfque tout est prêt, le célébrant arrive & fe place vis-à-vis la croix: ses affiftants fe rangent de côté & d'autre, près de la croix. On allume alors trois cierges que l'on met dans le pieu destiné à cet ufage, & l'on récite plufieurs prieres, après lefquelles le prêtre fait le tour du cimetiere en l'afperfant d'eau bénite. De retour devant la croix, il prend un des cierges qui font dans le pieu, & le met au haut de la croix. Il met aux deux bras les deux autres cierges: il afperfe enfuite par trois fois la croix; ce qui termine la cérémonie. Il eft d'ufage en quelques endroits, que, le famedi faint, le curé, ou un autre prêtre, par fon ordre, revêtu d'un furplis & d'une étole blanche, précédé d'un clerc en furplis, qui porte un vaiffeau plein d'eau bénite, vifite les maifons de fa paroiffe, & les afperfe d'eau bénite. Lorfque les chenilles, les fauterelles & autres animaux ravagent les moiffons, les curés, avec la permiffion de l'évêque, font la bénédiction des champs. Ils fe transportent dans un lieu éminent de la campagne, revêtus du furplis & d'une étole violette; & là, ils récitent quelques prieres, dans lefquelles ils demandent à Dieu d'exterminer ces infectes nuifibles : ils accompagnent leurs prieres de quelques afperfions d'eau bénite. |