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felon leur gré, ces animaux prirent d'eux-mêmes le chemin de Bethiamès, dans le pays d'Ifraël. Mais le féjour de l'arche fut prefque auffi funefte aux Bethfamites qu'aux Philiftins. Par une curiofité facrilege, ils ouvrirent l'arche pour confidérer les tables de la loi ; & cinquante mille d'entr'eux furent frappés de mort: quelques interpretes difent qu'il n'y en eut que foixantedix. L'arche fut transférée de Beth'amès à Cariathiarim, & déposée dans la maison d'Abinadab, de la race des Lévites, où elle demeura l'espace de foixante-onze ans, au bout defquels David l'alla chercher lui-même pour la conduire à Jérusalem. Il marchoit devant elle, chantant & danfant pour exprimer sa joie. Pendant la marche, un nommé Oza, voyant l'arche chanceler, y porta la main pour la foutenir; mais fon fervice fut payé de mort. N'étant point Lévite ni facrificateur, il ne lui étoit pas permis de toucher à ce coffre facré. L'arche fut placée dans un tabernacle que David avoit fait conftruire, jufqu'à ce que fon fils Salomon la fit transporter dans le temple qu'il avoit fait bâtir. Lorsque les Juifs furent emmenés captifs à Babylone, le prophete Jérémie fit porter l'arche dans le défert, & la déposa dans une profonde caverne qu'on n'a jamais pu découvrir depuis. Ce monument de l'ancienne loi y eft demeuré enfeveli, quoique plufieurs aient prétendu, fans fondement, qu'il fut retrouvé, & placé dans le fecond temple bâti après la captivité.

2. On conferve dans l'Abyffinie une arche fameuse, que les habitants prétendent être la même qu'on gardoit dans le temple de Jérufalem, qui fut volée par les jeunes Ifraélites que Salomon donna au fils qu'il avoit eu de la reine de Saba, pour l'accompagner en Ethiopie. Ce fait, qui paroît fabuleux & peu vraifemblable, eft ainfi détaillé dans les annales d'Abyffinie.

« Ces premiers nés d'Ifraël s'engagerent par ferment » d'enlever l'arche d'alliance, qu'ils appelloient la Sion » céleste. Ils entrerent de nuit dans le temple, dont la » Providence permit que les portes furent ouvertes; » ils mirent l'arche für un chariot, & prirent la fuite » avec tant de promptitude, que Salomon, qui les

» pourfuivit, ne put les atteindre. Ils traverferent la »mer Rouge avec la même vîtesse, non pas à pied sec, » comme autrefois les Ifraelites, mais en volant fur la » furface des eaux avec leurs chariots. La reine de » Saba, apprenant que fon fils revenoit avec l'arche » du Dieu de Sion, alla le recevoir en grande pompe, » & fit placer l'arche dans le temple du pays de Ma»kéda. »

Il eft naturel de penfer que le fils de la reine de Saba, devenu roi d'Ethiopie, aura trouvé trop dur d'être obligé d'aller à Jérusalem adorer le vrai Dieu, comme la loi l'ordonnoit ; qu'il aura voulu établir dans fon royaume un temple où le fervice divin fe fît avec les mêmes cérémonies & la même folemnité qu'à Jérufalem; que, pour lui complaire, quelques uns des Lévites qui devoient l'accompagner, auront fait faire fecrettement une arche fur le modele de celle de Jérufalem, & l'auront emportée en Abyffinie; enfin, que pour rendre cette arche refpectable aux yeux des peuples, le prince aura fait répandre le bruit que c'étoit l'arche même du temple de Jérufalem, qui avoit été enlevée d'une maniere prefque miracu'eufe; menfonge qu'il étoit aifé d'accréditer, à cause de la grande diftance qu'il y avoit entre le royaume d'Ifraël & l'empire d'Abyffinie.

Les Abyffins ont donné à cette arche célebre le même nom qu'à celle de Noé, & l'ont appellée Tabot, qui fignifie arche d'alliance. Ils la nommerent auffi par excellence Sion. C'est pourquoi, lorfqu'ils fe convertirent à la Religion Chrétienne, le temple où l'on conferve cette arche, ayant été confacré à la fainte Vierge, a été nommé fainte Marie de Sion.

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Pour entretenir la vénération du peuple, on avoit foin de la tenir exactement cachée : à peine l'offroit-on aux regards des rois; mais, depuis que les monarques d'Abyflinie vivent fous des tentes on porte l'arche à la fuite de la cour. Quatre prélats, revêtus de leurs habits pontificaux, l'accompagnent. Devant & der riere, marchent un grand nombre de prêtres qui chantent des hymnes, & l'un d'eux, allant à reculons, l'en

cenfoir à la main, ne ceffe point de l'encenfer qu'on ne l'ait déposée dans le grand pavillon qui eft comme la chapelle de l'empereur. Il n'y a que les prêtres qui difent la Meffe devant l'empereur, auxquels il foit permis de célébrer les divins Myfteres devant l'arche.

Lorsque les Jéfuites arriverent en Abyffinie, les ha bitants, craignant que, par les intrigues de ces peres, leur églife ne fût affujettie à celle de Rome, prirent les plus grandes précautions pour que leur arche ne tombât pas dans des mains ennemies. Quelques moines, pleins de zele, transporterent ce précieux coffre, le plus fecrettement qu'il leur fut poffible, dans le canton de Bur, proche de la mer Rouge, & le cacherent, au milieu des montagnes, dans des buiffons épais; &, lorfque les miffionnaires eurent été chassés, il reparut avec fon premier éclat.

ARCHEVÊQUE: prélat métropolitain, qui a pour fuffragants un certain nombre d'évêques: on en compte dix-huit en France. Ce titre fut inconnu à la primitive Eglife. Les pasteurs ne cherchoient alors d'autre diftinction que celle que donne la vertu il fut inventé dans l'Eglife Grecque, d'où il fe répandit dans l'Eglife Latine. Il eft probable que les patriarches d'Alexandrie, qui étoient les feuls évêques de l'Egypte, commencerent à prendre le titre d'Archevêque, lorfqu'on créa d'autres évêques dans cette province. S. Athanafe donne ce titre à Alexandre, patriarche d'Alexandrie; & il est le premier dans les ouvrages duquel on trouve le mot d'archevêque. Ce nom fut auffi donné quelquefois aux papes & aux évêques qui avoient droit de Pallium.

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ARCHI-CONFRÉRIE : il y a une fociété érigée fous ce titre, qui a pour inftrument de dévotion la ceinture de S. Auguftin. C'eft une ceinture de cuir, que les religieux Auguftins prétendent avoir été portée, dans tous les temps, par les faints les plus illuftres. « La » fainte Vierge, impératrice des hommes & des an"ges, l'a portée fur fes reins. Il eft probable que nos "premiers peres, qui vivoient fous la loi de nature » étant habillés de peau, devoient porter une ceinture

» de même étoffe. Le prophete E ie l'a portée auffi fur »fes reins, puifqu'il eft écrit qu'il étoit ceint d'une >> ceinture de cuir.» Les Auguftins prouvent la même chofe de S. Jean-Baptifte. Toute cette doctrine fe trouve dans un livre que ces religieux ont compofé fur la Confrérie.

ARCHI-CONFRATERNITÉ: titre que prennent certaines confréries. L'archi-confraternité de N. D. du Mont-Carmel, établie à Rome, eft remarquable par l'habit particulier qu'elle porte. Les confreres font revêtus d'un fac de couleur tannée, attaché à un capuchon qui leur couvre le vifage, & defcend en pointe jufqu'à la ceinture. Ils ne peuvent voir que par deux trous faits au capuchon, à l'endroit des yeux. Une ceinture de cuir leur fert à attacher ce fac, & ils portent fur les épaules un camail de ferge blanche.

ARCHI-DIACRE : ce titre étoit autrefois donné au premier ou aú chef des diacres. Il n'y avoit qu'un diacre qui pût le porter; il le perdoit dès qu'il se faifoit prêtre. La dignité d'Archidiacre étoit alors fort confidérable. C'étoit l'archidiacre qui gardoit & difpenfoit le tréfor de l'Eglife. Il étoit regardé comme Î'official de l'évêque, & avoit une jurifdiction en cette qualité. L'Eglife Romaine avoit autrefois un archidiacre. Le pape Grégoire VII changea cet office en celui de camerier. Il y a eu cependant depuis ce pape plufieurs archidiacres. Cette dignité fut donnée à des prêtres, dans la fuite des temps. Aujourd'hui la fonction de l'archidiacre confifte à faire la vifite dans les églifes du diocese, au défaut de l'évêque ; à lui préfenter ceux qui viennent pour recevoir les ordres, ou qui font nommés à quelques bénéfices. Sa jurifdiction eft bornée à quelques petites caufes provifionnelles, dont il peut connoître dans les paroiffes dontil fait la vifite. It y a quelques églifes où les archidiacres ont le pas avant les doyens, & occupent le fecond rang après l'évêm que. Dans l'Eglife de Conftantinople, il y a un ar chidiacre qui lit l'évangile lorfque le patriarche officie

Les archidiacres en France levent un droit fur l'hé◄ ritage de chaque çuré mort dans l'étendue de leur

archidiaconé, qu'ils appellent droit de dépouille ou de funérailles. En 1433, Nicolas Frailion, archidiacre de Paris, s'avifa le premier de fe conftituer héritier des curés. Celui de Fontenai étant mort, il demanda fon lit, fes draps, fa couverture, fes furplis & aumusse, ou la valeur de ces meubles en argent. Les parents du curé, furpris de cette demande, porterent l'affaire aux Requêtes du Palais: on adjugea à l'archidiacre la fomine de foixante fols parifis. Telle eft l'époque de ce droit qui, dans la fuite, devint plus confidérable par l'avidité des archidiacres. Quarante-fept ans après, François Hallé, archidiacre de Paris, fe fit adjuger, par fentence des Requêtes du Palais, non-feulement le lit, les draps, la couverture, les furplis & aumuffe du curé de Belloi, mais encore fon bréviaire, fa ceinture d'argent & fon oreiller. En 1623, les archidiacres ajouterent à leurs prétentions, & voulurent fe faire donner la robe, le bonnet quarré & le mulet du défunt. Vingt & un ans après, Antoine de Verthamon, archidiacre de Paris, enchérit fur fes prédéceffeurs, & voulut: avoir le cheval, la ceinture d'or, la foutane, & tous les meubles appartenants au défunt. Ce détail est tiré da Traité de la dépouille des curés, par M. Thiers, qui prétend que le droit des archidiacres n'eft qu'une ufurpation qui n'a d'autre fondement que l'avarice.

ARCHIMAGE, ou CHEF DES MAGES: c'est le titre que prit Zoroaftre, lorsqu'il eut établi fa réforme dans la Perfe; fes fucceffeurs l'ont toujours confervé depuis. L'archimage des Parfis ou Guebres, refte des anciens mages, réfide aujourd'hui dans le Kirman, province de la Perfe. Sa dignité l'oblige à fe conferver dans une pureté plus grande que celle de toute autre perfonne. Le fimple attouchement d'un laïque, fur-tout s'il eft d'une religion différente, eft capable de le fouiller. Il lui eft défendu de refter dans une pieufe oifiveté: il faut qu'il travaille de fes mains, & prépare lui-même les choses nécessaires à sa subsistance & à fon entretien. Si ses biens vont au-delà de fon né→ ceffaire, il eft obligé de diftribuer aux pauvres fon fuperflu. Sa vie doit être une priere continuelle; &

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