bilé; elle fe célébroit autrefois tous les cent ans; à préfent c'est tous les vingt-cinq.

ANNEAUX MAGIQUES: ce font des efpeces de philacteres ou d'amulettes que l'on porte aux doigts, pour le préferver de maladies & de dangers, pour réuffir dans fes entreprises, pour fçavoir des chofes fecrettes, & en général pour produire certains effets qui furpaffent les forces de la nature, & qui ne peuvent être produits que par le pere du menfonge. De quelque matiere & pour quelqu'ufage que foient faits ces anneaux, il eft hors de doute qu'ils font réprouvés dans l'Eglife, auffi-bien que tous les autres prétendus préfervatifs dont on ne peut expliquer naturellement les effets. Voyez AMULETTE.

ANNIVERSAIRE: fervice qui fe fait tous les ans pour un mort, à pareil jour de fon décès. 1. Cet usage, reçu dans notre religion, fe retrouve dans presque toutes les autres.

2. Les Lapons font tous les ans un feftin en l'honneur des morts, & immolent, dans cette occafion plufieurs rennes. On ne fçait rien autre chofe des cérémonies de cet anniversaire.

3. Les habitants du royaume de Bénin, en Afrique, célebrent tous les ans, par des facrifices, le jour de la mort de leurs ancêtres.

4. Dans le royaume de Tonquin, on célebre avec une grande folemnité l'anniversaire de ceux qui font morts glorieufement en combattant pour la patrie, & qui fe font diftingués par leurs exploits militaires. C'eft un témoignage de la reconnoiffance que l'on conferve pour les fervices de ces généreux guerriers; mais il est étonnant qu'on leur affocie ceux qui ne font célebres que par des féditions & les révoltes qu'il ont excitées dans l'Etat. On éleve à l'honneur de ces morts fameux, des autels fur lefquels font placées leurs images, avec leurs noms gravés au bas. Ces autels, qui font comme autant de trophées, font environnés quarante mille foldats; &, pour rendre la fête plus brillante, le roi y affifte accompagné de toute fa cour. On brûle devant les autels de l'encens & des parfums,

de

& l'on récite certaines prieres; après quoi le roi s'in◄ cline profondément à quatre reprifes différentes devant les trophées érigés en l'honneur des héros de la patrie; mais il décoche cinq fleches contre les images de ceux qui n'ont d'autre gloire que celle d'avoir bouleversé l'Etat. Son exemple eft imité par tous les courtisans de fa fuite. Après cette cérémonie, on fait une décharge générale de l'artillerie, & l'on réduit en cendres les autels avec tous leurs ornements. Tous les affiftants fe retirent enfuite, en pouffant de grands eris & des hurlements affreux. Dans le même pays, les enfants font obligés de célébrer, pendant tout le temps de leur vie, l'anniversaire de leurs pere & mere. ANNONCIADE: nom de plufieurs ordres & fociétés, dans la Religion Chrétienne. C'eft auffi celui d'un ordre militaire en Savoie.

ANNONCIATION: myftere & fête de notre religion. Dans le premier fens, c'eft le meffage de l'ange Gabriel à la fainte Vierge, pour lui annoncer qu'elle concevroit le Fils de Dieu, par l'opération du SaintEfprit; dans le fecond, c'eft le jour auquel l'Eglife fait mémoire de ce divin meffage.

ANNUEL: meffe qui fe dit tous les jours, pendant un an, pour le repos de l'ame d'un défunt. On donne auffi ce nom aux grandes fêtes de l'année.

ANOMÉENS. Voyez ANTI-NOMIENS.

ANTECHRIST, ennemi de Jefus-Chrift. C'est le nom que les Chrétiens donnent au faux Meffie qui doit venir à la fin des fiécles, pour perfécuter & pervertir les fideles. On croit qu'il fera Juif; qu'il fe fera paffer pour un dieu; qu'il fera même des prodiges & des faux miracles; que fa venue fera précédée par plu→ fieurs fignes au ciel & fur la terre; que le foleil & la lune s'obscurciront; que les étoiles tomberont du firmament; que le regne de cet impie fera de trois ans & demi; que le patriarche Hénoch & le prophete Elie, que l'Ecriture fainte nous dit avoir difparus vivants de deffus la terre, y reviendront alors pour encourager les fideles & pour combattre l'Antechrift; que celui-ci les fera mourir; mais qu'ils reffufcizeront

trois jours & demi après. Les Musulmans croient, comme les Chrétiens, que l'Antechrift, qui, felon eux, n'aura qu'un œil & qu'un fourcil, viendra pervertir les hommes à la fin du monde. Ils ajoutent qu'il fera vaincu par Jefus-Chrift qui viendra le combattre. An techrift fe dit quelquefois, parmi nous, d'un méchant, d'un impie; on pourroit le dire, à plus forte raison, des hérétiques & des infideles. Les Proteftants portent l'impudence jufqu'à donner ce nom au vicaire de Jefus-Chrift.

ANTEROS: dieu du paganisme, dont le nom, formé du grec, fignifie contre-amour, non pas qu'il fût contraire à l'amour, mais parce qu'il faifoit corref pondre, difoit-on, les perfonnes aimées, & qu'il les puniffoit lorfqu'elles réfiftoient à cette paffion. Suivant les poëtes, Vénus s'étant plaint à Thémis de ce que fon fils Cupidon reftoit toujours enfant, cette déeffe lui répondit qu'il refteroit tel, tant qu'elle n'auroit point d'autre fils. Mars fe chargea de ce foin, & Vénus mit au monde Antéros. A mefure que celui-ci devenoit grand, Cupidon croiffoit fenfiblement; & les fecours mutuels qu'ils fe prêterent, les rendirent bientôt forts & vigoureux. On les peignoit l'un & l'autre avec des ailes, un carquois & des fleches. Ils eurent auffi tous deux des autels. Cupidon étoit le dieu de l'amour, & Anteros le dieu du retour.

ANTEVORTE: déeffe invoquée chez les Romains pour des chofes paffées, ainfi que Poftvorta pour les chofes avenir. On les regardoit comme les confeilleres de la Providence.

ANTHESPHORIES, des mots grecses, fleur, & Dice, porter: fêtes que les payens célébroient en Phonneur de Proferpine, & qui furent ainfi nommées, parce qu'on portoit des fleurs dans le temple de cette déeffe. C'étoit, difent les poëtes, en mémoire de ce que Proferpine cueilloit des fleurs lorfqu'elle fut enlevée par Pluton.

ANTHESTERIES ou ANTHISTERIES: fêtes Athéniennes, qu'on célébroit dans la faifon des fleurs. Elles avoient beaucoup de rapport avec les Saturnales des

Romains; & Bacchus en étoit le principal objet. Pen = dant trois jours qu'elles duroient, les maîtres faifoient grand'chere à leurs efclaves, & leur procuroient toutes fortes de divertiffements. On peut croire que le vin n'étoit pas épargné.

ANTHIASISTES: fecte d'hérétiques dans la Religion Chrétienne. On ignore en quel temps ils parurent. Ils paffoient leur vie à dormir, & regardoient le travail comme un crime.

ANTHROPOMANTIE, d'arbowros, homme, & de parsia, divination: pratique abominable, ufitée autrefois dans bien des pays, & qui confistoit à chercher l'avenir dans les entrailles des hommes & des femmes qu'on éventroit tout vivants. Julien l'Apoftat avoit adopté ces barbares facrifices; &, lors de la conquête du Mexique, les Efpagnols les trouverent très-accrédités dans cette partie du Nouveau Monde.

ANTHROPOMORPHITES, d'os, & de pogon, forme: hérétiques qui, prenant trop à la lettre ces paroles de l'Ecriture: « Dieu fit l'homme à fon image, & d'autres paffages qui femblent attribuer à Dieu un vifage, des yeux, des bras, des mains, se le figuroient corporel, & fous une forme humaine. Ce qui fut héréfie dans le quatrieme & le dixieme fiécle, eft aujourd'hui fuperftition groffiere, dont on ne trouve malheureufement que trop de marques parmi le bas peuple & les gens de la campagne.

ANTHROPOPHAGES, mangeurs d'hommes. Les infulaires des Molucques puniffoient autrefois les criminels par un fupplice également contraire à la religion & à l'humanité. Ils les envoyoient dans l'ifle de Célebes, pour fervir de nourriture aux habitants, qui étoient anthropophages. Avant que les Européens euffent fait la découverte des Molucques, les infulaires d'Amboine avoient coutume de manger leurs parents vieux & infirmes, & prétendoient même couvrir cette barbare coutume du voile de la piété. Ils croyoient rendre un important fervice à leurs parents, en les délivrant de la vie qui n'étoit

plus qu'un fupplice pour eux. Ils étendoient même leur charité fur les étrangers; &, lorsqu'ils étoient tourmentés de quelque mal incurable, ils les mangeoient pour abréger leurs peines.

ANTI-DICO-MARIANITES, ou ADVERSAIRES DE MARIE. Ils prétendoient qu'elle n'étoit pis demeurée Vierge, & qu'après la naiffance de Jefus-Chrift, elle avoit eu des enfants de S. Jofeph. Cette héréfie ne laiffa pas d'avoir cours en Arabie, dans le quatrieme fiécle.

ANTI-DORE. Dans l'Eglife Grecque, ce mot fignifie un pain béni qui fe donne à ceux que des raifons particulieres empêchent de recevoir la fainte Euchariftie.

ANTIENNE, dans notre liturgie, défigne un verfet qui fe chante à la fin de chaque pfeaume, & dont les premiers mots, annoncés par le chantre à un eccléfiaftique, ont été prononcés par ce dernier immédiatement avant le pfeaume. On donnoit autrefois ce nom à tout ce qui fe chantoit par deux choeurs dans l'églife alternativement.

ANTI-NOMIENS, ou GENS SANS LOI: branche de Luthériens, ayant pour chef un certain Jean-Ifleb Agricola, difciple & compagnon de Luther. Celui-ci avoit foutenu que nous étions juftifiés par la foi, & que les bonnes œuvres n'étoient point néceffaires pour le falut: Agricola pouffa plus loin ce principe, & fouque, la loi feule étant néceffaire, l'homme n'avoit pas befoin de loi, & que, dans quelque défo dre qu'il fût plongé, un acte de foi suffisoit pour le rendre jufte & le fauver.

tint

ANTITACTES: hérétiques du fecond fiécle, qui, bien qu'ils admiffent un Dieu bon & jufte, foutenoient que le bien & le mal étoient l'ouvrage de quelque mauvais principe, qui, pour tromper les hommes, avoit établi bien ce qui étoit mal, & mal ce qui étoit bien. En conféquence, ils croyoient que, pour rentrer dans l'ordre, il falloit faire tout le contraire de ce que prefcrivent les loix divines & humaines.