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DC 158 A73

DES

ÉMIGRÉS FRANÇAIS.

TROISIÈME ÉPOQUE.

Depuis le commencement de l'année 1794, jusqu'à la fin de la campagne de 1795.

Affaire de Menin.

Martyre de la princesse Élisabeth, sœur de Louis XVI, et détails sur le régime sanguinaire de la Convention. Généreuses dispositions du gouvernement anglais en faveur de l'émigration française. De grands hommes d'état, d'illustres écrivains français, accueillis à Londres, s'y distinguent par leurs travaux politiques et littéraires. Beau trait de Georges III. Chute de Robespierre. Arrivée du duc de Berry à l'armée de

Condé.

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Précis sur la coopération des Vendéens avec l'émigration armée. Mort du jeune Louis XVII. Proclamation de Louis XVIII à son avénement pendant son refuge à Vérone. Expédition de Quiberon. Les puissances coalisées traitent de la paix avec le gouvernement républicain.

Au commencement de l'année 1794, les corps de Condé allèrent prendre d'autres cantonne

mens sur les bords du Necker, où ils restèrent jusqu'au mois de mai. Pendant ce temps ils adoptèrent l'équipement autrichien, conservant toujours la cocarde blanche, et se distinguant en outre par une écharpe de même couleur nouée au bras et sur laquelle étaient brodées trois fleurs de lis. Ce fut à cette époque que, pour récompenser le courage et la valeur de son petit-fils, le prince de Condé le reçut chevalier de Saint-Louis. La vie et la mort du duc d'Enghien ont prouvé que ce jeune héros possédait en effet toutes les hautes qualités qui doivent éminemment distinguer un chevalier français.

Nous devons mentionner ici la légion de la Châtre qui était restée jointe à l'armée combinée en Flandre. Ce fut aussi inutilement que de ce côté on s'empara de plusieurs villes; nulle part on ne sut profiter des premiers succès, et partout les républicains s'enhardirent et reprirent l'avantage sur leurs adversaires. Pichegru qui venait d'être porté au généralat, contribua beaucoup par son habileté à faire replier les coalisés.

Le 26 avril 1794, Menin fut investi par 40,000 hommes de troupes républicaines; il n'y avait ni canon sur les remparts, ni moyens

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de résistance; 1,400 Hanovriens, 400 hommes de la légion de la Châtre, et 200 Hessois, se trouvaient enfermés dans cette place. Les 400 émigrés étaient autant de victimes vouées à la mort, d'après le décret inhumain des conventionnels. Mais ces braves commandés par le lieutenant-colonel M. de Vilaines, résolurent de vaincre ou de périr les armes à la main. Ils sortirent la baïonnette en avant, et foncèrent sur l'ennemi qui occupait déjà le faubourg, traversèrent au milieu de la nuit un corps bivouaqué plus loin, renversant tout ce qui voulut s'opposer à leur passage, perçèrent une troisième ligne qu'ils rencontrèrent à la pointe du jour, et arrivèrent à Bruges, couverts de sang et de gloire, après avoir perdu moitié de leur monde ; mais ils avaient tué à l'ennemi, 1,500 hommes, et pris treize pièces de canon qu'ils abandonnèrent, hors trois, faute d'attelages. L'armée républicaine ne put que louer leur audace et le courage avec lequel ils s'étaient battus.

Le mois suivant parvint à l'armée de Condé la nouvelle de l'assassinat juridique de la jeune et vertueuse princesse Élisabeth, digne sœur de Louis XVI. Sur l'ordre des comités de la Convention, l'infàme tribunal révolutionnaire

l'avait envoyée à la mort le 10 mai; et l'un des griefs qu'on osa lui imputer, fut d'avoir fait passer ses diamans au comte d'Artois pour l'assister dans son émigration. Quand cela eût été vrai, quel délit! il n'y avait que nos philosophes démagogues d'assez dénaturés pour faire un crime à une soeur de chercher à soulager son frère. Il est certain que la plus sincère affection unissait ces deux cœurs; on peut en juger par cette lettre que l'auguste princesse joignit à l'envoi des objets dont nous avons dit que la transmission fut confiée par la reine au zèle du brave et fidèle de Jarjayes:

« Quel bonheur pour moi, mon cher ami, mon frère, de pouvoir, après un si long espace de temps, vous parler de tous mes sentimens ! Que j'ai souffert pour vous ! un temps viendra sans doute, où je pourrai vous embrasser et vous dire que jamais vous ne trouverez une amie plus vraie et plus tendre que moi. Vous n'en doutez pas, j'espère.

« ELISABETH DE FRANCE.>> Cette illustre infortunée, n'ayant pas encore atteint son sixième lustre, avait, à l'exemple du roi son frère et de sa belle-sœur la reine Maric-Antoinette, conservé jusqu'au dernier soupir le calme et la fermeté d'une âme céleste

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