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mens sur les bords du Necker, où ils restérent jusqu'au mois de mai. Pendant ce temps ils adoptèrent l'équipement autrichien, conservant toujours la cocarde blanche, et se distinguant en outre par une écharpe de même couleur nouée au bras et sur laquelle étaient brodées trois fleurs de lis. Ce fut à cette époque que, pour récompenser le courage et la valeur de son petit-fils, le prince de Condé le reçut chevalier de Saint-Louis. La vie et la mort du duc d'Enghien ont prouvé que ce jeune héros possédait en effet toutes les hautes qualités qui doivent éminemment distinguer un chevalier français.

Nous devons mentionner ici la légion de la Châtre qui était restée jointe à l'armée combinée en Flandre. Ce fut aussi inutilement

que

de ce côté on s'empara de plusieurs villes ; nulle part on ne sut profiter des premiers succès , et partout les républicains s'enhardirent et reprirent l'avantage sur leurs adversaires. Pichegru qui venait d'être porté au généralat, contribua beaucoup par son habileté à faire replier les coalisés.

Le 26 avril 1794, Menin fut investi par 40,000 hommes de troupes républicaines ; il n'y avait ni canon sur les remparts , ni moyens de résistance; 1,400 Hanovriens , 400 hommes de la légion de la Châtre, et 200 Hessois , se trouvaient enfermés dans cette place. Les 400 émigrés étaient autant de victimes vouées à la mort, d'après le décret inhumain des conventionnels. Mais ces braves commandés par le lieutenant-colonel M. de Vilaines , résolurent de vaincre ou de périr les armes à la main. Ils sortirent la baïonnette en avant, et foncèrent sur l'ennemi qui occupait déjà le faubourg traversèrent au milieu de la nuit un corps bivouaqué plus loin, renversant tout ce qui voulut s'opposer à leur passage, perçèrent une troisième ligne qu'ils rencontrèrent à la pointe du jour, et arrivèrent à Bruges, couverts de sang et de gloire, après avoir perdu moitié de leur monde ; mais ils avaient tué à l'ennemi, 1,500 hommes, et pris treize pièces de canon qu'ils abandonnèrent , hors trois , faute d'attelages. L'armée républicaine ne put que louer leur audace et le courage avec lequel ils s'étaient battus.

Le mois suivant parvint à l'armée de Condé la nouvelle de l'assassinat juridique de la jeune et vertueuse princesse Elisabeth , digne sæur de Louis XVI. Sur l'ordre des comités de la Convention, l'infame tribunal révolutionnaire

l'avait envoyée à la mort le 10 mai ; et l'un des griefs qu'on osa lui imputer, fut d'avoir fait passer ses diamans au comte d'Artois pour l'assister dans son émigration. Quand cela eût été vrai, quel délit! il n'y avait que nos philosophes démagogues d'assez dénaturés

pour

faire un crime à une soeur de chercher à soulager son frère. Il est certain que la plus sincère affection unissait ces deux cours ; on peut en juger par cette lettre que l'auguste princesse joignit à l'envoi des objets dont noụs avons dit que

la transmission fut confiée par la reine au zèle du brave et fidèle de Jarjayes :

« Quel bonheur pour moi, mon cher ami, mon frère, de pouvoir, après un si long espace de temps, vous parler de tous mes sentimens ! Que j'ai souffert pour vous ! un temps viendra sans doute, où je pourrai vous embrasser et vous dire que jamais vous ne trouverez une amie plus vraie et plus tendre que moi. Vous n'en doutez pas, j'espère.

« ELISABETH DE FRANCE. » Cette illustre infortunée , n'ayant pas encore atteint son sixième lustre, avait, à l'exemple du roi son frère et de sa belle-soeur la reine Marie-Antoinette , conservé jusqu'au dernier soupir le calme et la fermeté d'une âme céleste

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et pure *. 0 Élisabeth ! ton héroïque courage au sein de la plus cruelle infortune, comme ta vie exemplaire au sein des grandeurs , te mériteront dans tous les temps et chez tous les peuples l'admiration la plus profonde !

« Que leur avait-elle fait, que leuravait-elle

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* Louis XVI et la reine Marie-Antoinette avaient été envoyés à la mort isolément ; la princesse Elisabeth marcha au supplice accompagnée de la respectable famille de Loménie; de madame de Lamoignon, veuve du marquis de Sénosan ; de M. Megret de Sillery, ancien trésorier-général de la guerre; de madame Taneff, veuve du ministre Montmorin , et des arrières-uièces de madame de Maintenon, en tout vingt-cinq victimes. Dans le trajet de la prison de la Conciergerie à la place Louis XV, la princesse , par sa contenance calme et religieuse, rendit le courage aux tristes compagnons de son sort. Arrivée au bas du Pont-Neuf, le vent em porta sa coiffure légère; loutes les dames condamnées avec elle, agitèrent aussitôt leur tête, et firent tomber leurs frêles bonnets , ne voulant pas rester couvertes, quand l'auguste soeur du bon roi souffrait des injures de l'air. Par un raffinement de cruauté, les révolutionnaires avaient fait placer des bancs sur la plateforme de l'échafaud, autour de l'instrument de mort. Les bourrcaux contraignirent ces infortunées à s'y asseoir et à voir couler le sang de leurs chères compagnes!!! La princesse Elisabeth se présenta la première, voulant encourager , par son exemple, toutes ces nobles victimes à subir la mort avec une ferme et pieuse résignation. L'exécuteur rainena violemment sur son siége cet ange de douceur, à qui il ne fut perinis de mourir

que la dernière. Ces meurtres horribles, cet arbitraire jusque dans les supplices , démontrent toute la frénésie des monstres qui opprimaient la France.

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fait? » répétait dans sa douleur le prince de Condé! Elisabeth avait déployé tout ce que la vertu et l'amitié ont de plus sublime. Nous ne citerons de sa vie qu'un seul trait. Dans la hideuse journée du 20 juin 1792, lorsqu'une multitude furibonde souilla le palais du roi, quelques forcénés armés de sabres et de piques parcouraient les appartemens , en criant : « Où est « la reine ? il faut qu'elle périsse. » Elisabeth entend leurs cris de rage et se présente à eux. Quelques serviteurs dévoués arrêtent le bras de ces misérables prêts à frapper celle qu'ils croient être la victime qu'ils cherchent. « Pour« quoi les détrompez-vous ? dit la princesse ; ( ne vaut-il

pas

mieux que je sois sacrifiée que (( ma soeur qui est épouse et mère ? » Femme magnanime! où trouver dans les temps anciens et modernes un exemple plus touchant de tendresse et de dévouement! quelle épouvantable soif du sang humain il fallait qu'eussent les révolutionnaires pour en répandre un si

pur et si généreux !!!

Après des forfaits aussi exécrables, cette soif de sang n'eut plus de bornes, il coula par torrens sur les échafauds; l'enfant comme le vieil. lard tombèrent sous le fer des bourreaux. «Il « faut exterminer les prêtres, les nobles, les,

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