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ACTE III.

SCENE PREMIERE.

Ο

APHISE, feule.

N me délivre enfin, on fait tomber mes chaînes,

Sans que je fçache encor qui termine mes peines.
Les lieux où fi longtems j'ai langui dans les fers,
A mes yeux ont été l'inrage des enfers,

On me rend à la vie ; & je croirois renaître,
Si ces lieux à mon cœur ne rappelloient un traître;
Séducteur d'Apriés, auteur de mes malheurs,
Et qui peut-être ici doit combler fes fureurs.
Objet de mes foupirs, que fans ceffe j'implore,
Magnanime Orofis, ô Héros que j'adore,
De quel indigne fang, de quel monftre fors-tu?
Eh qu'importe le crime a produit la vertu...
Mais de quoi s'entretient mon ardeur insensée ?-
Quels objets enchanteurs s'offrent à ma pensée,

Quand peut-être je fuis au bord de mon tombeau,
Et qu'ici je ne dois trouver que mon bourreau...
Viens, cruel, affouvis ta fureur déreftable;
Mon attente me rend encor plus miférable.

Q

SCENE II.

OROSIS. APHISE.

APHISE.

Ue vois-je ? me trompai je? en croirai-je mes yeux ?

Ciel ! c'est Orofis! mon Amant !.. Ah, grands

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Voyez à vos genoux celui qui vous adore,
Et qui fait fon bonheur du feu qui le dévore ;
Mais que ce même feu, fource de fon bonheur,
Va fans doute remplir & d'ennuis & d'horreur..
APHISE..

Dans cet heureux moment tu fonges à te plaindre
Orofis, je te vois ; tu n'as plus rien à craindre.
Ah! songeons au bonheur qu'à nos cœurs atten
dris

Procure le Deftin qui nous a réunis..

OROSIS.

Il veut combler mes maux.

APHISE.

Cet inftant les répare

Plus que pour toi fans doute il fut pour moi barbare:

Mais t'offrant à mes yeux,c'est un Dieu bienfaiteur, Qui s'eft abfous lui-même, & qu'encense mon

cœur.

(à part.)

OROSIS.

Quel mélange grands Dieux de douleur & de joie! (à Aphife.)

Au plus affreux revers Orofis eft en proie.

Il vous voit, vous entend, vous l'aimez ; il gémit: Et du plus tendre amour la mort fera le fruit.

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La gloire & mon devoir m'arrachérent à vous.
A leur voix je volai dans le fein des allarmes.
Le Destin a daigné favorifer mes armes,
Il fecondoit un cœur par vous-même animé,-
Qui vouloit mériter le bonheur d'être aimé..

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T'apprends qu'un Roi trahi croit Aphise coupable, Je vole, & fais changer votre fort déplorable... APHISE.

C'eft à toi que je dois la fin de mon tourment? Ah! dans mon bienfaiteur je trouve mon amant! Erma reconnoiffance augmenteroit ma flamme,. Si tu n'étois le maître & le Dieu de mon ame.

OROSIS.

Qu'un amour fi parfait a de quoi m'enflammer
Aphife, je vous aime autant qu'on peut aimer.
APHISE.

Cependant tu gémis, & j'ignore tes peines.
Apriés voudroit-il t'impofer d'autres chaînes
Ton pere feroit-il l'auteur de tes malheurs ?
Ne s'eft-il point affez abreuvé de mes pleurs?"

Il est donc vrai !

OROSIS.

APRIE'S:

C'est lui qui fit couler mes larmes.
OROSIS.

Ah! vous justifiez ma peine & mes allarmes.

APHISE.

Il me chargea de fers dûs à ses cruautés.

'OROSIS.

Vous m'apprenez des maux que j'avois redoutés.. Le barbare Paros vous hait & vous menace:

Voilà tous mes malheurs. O comble de disgrace

Un Mortel à mes

yeux ofe vous outrager,

Orolis vous adore & ne peut vous vanger.

APHISE.

Ah! bientôt Apriés informé par moi-même...
OROSIS.

O Ciel ! Eh! que prétend votre rigueur extrême?
APHISE.

Faire enchaîner un bras trop funefte aux Hu

mains,

Et par fon châtiment prévenir fes deffeins.

OROSIS.

Grands Dieux ! oubliez-vous que je lui dois la vie à Si la vôtre par lui fut longtems poursuivie,

Si fon fang doit couler pour vous & pour

phis, `~

Aphife, vangez-vous fur le fein de fon fils.

O Ciel !...

A PHISE

OROSIS.

Mem

Non ; je verrai votre cœur magnanime? Pardonner à celui dont il fut la victime.

APHISE.

Je lui pardonne, hélas! tous les maux qu'il m'a

faits.

Mais s'il a médité le plus noir des forfaits,

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