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Les obftacles franchis s'éclipfent à mes yeux, Et ne me laissent voir que les Rois & les Dieux. A mon ambition il fallut des victimes:

Pour les rangs élevés il n'eft que de grands cri

mes:

Leur fang fouilla mes pas, mais il les raffermit.
Du Trône de Memphis la fplendeur m'éblouit :-
De mes complots fecrets inftrument invisible
Des confpirations j'employai l'art terrible
Pour renverser un Trône où je voulois monter.
ZORES.

Sans doute les remords auront fçu t'arrêter.
PAROS.

Mon efpoir, ma fortune & ma perfévérance
A leur voix dans mon cœur ont imposé filence :
Pour les grands criminels il n'eft plus de remords.
Cependant mon malheur s'oppofe à mes efforts:
De fa perte Apriés découvre des indices,

Et je me vois contraint à punir mes complices.
Que te dirai-je encore ! A de nouveaux complots
S'offrent à chaque pas des obftacles nouveaux :
Comme fi tous les Dieux couvroient de leur égide
Ceux en qui leur image & leur pouvoir réfi.le.
ZORES.

Aphife n'eft donc pas?....

PAROS

Cette Princeffe enfin,

Qui pouvoit m'affurer le Trône avec la main, Captiva quelque tems mes foins & mes homma

ges:

Mais ils furent payés de mépris & d'outrages
Ils porterent bientôt la rage dans mon cœur.
Apprends les noirs effets de mon dépit vangeur.
D'une fédition que j'excite moi-même,

Je la fais accuser. Ses droits au Diadême
D'Apriés prévenu confirment le foupçon.
Il la livre aux horreurs d'une affreufe prifon,
Ou la mort eût déjà fatisfait ma vangeance,
Si le Prince à mon bras n'opposoit la clémence.
Aujourd'hui, réfolu par des coups plus certains,
Au Trône de Memphis de m'ouvrir des chemins
Avant de rien tenter j'ai voulu la féluire: -
Elle a fçu résister à l'appas d'un Empire ;
Pour mon cœur outragé qui brave ses refus,
Ce n'eft qu'une victime & qu'un crime de plus. -

ZORES..

Dans tes desseins ton fils doit te fervir fans doute !

PAR OS.

Loin d'employer fon bras, ami, je le redoute.
Mon fils, pour me fervir, me retsemble trop pem
La gloire m'en délivre, & détourne ce feu
Qui détruiroit ici des forfaits néceffaires..

Tandis que fa valeur rend fes deftins profpères,

Et da Roi de Coptos ravage les Etats,

Je dois cueillir ici le fruit de fes combats.

Mille bras font tout prêts, & le Trône m'appelle. J'attends pour éprouver, pour diriger leur zéle De l'armée ennemie un avis important.

SL arrive en ce jour, il faut

que

ZORES.

dans l'inftant...

On ouvre. Dans ces lieux Apriés va fe rendre.
PAROS:

Evite fes regards, cher Zores va m'attendre.

SCENE V.

PAROS APRIE'S. GARDES.

E

A PRIE'S.

H-bien, Paros, Aphife a-t-elle enfin parlé ? As-tu lû dans ce cœur grand, mais diffimulés Qui fçait en même tems tout tenter & tout fein

dre?

PARO S.

A dévoiler ce cœur je n'ai pu la contraindre.
Lorsque vous l'épargnez, fûre de vos bienfaits,
Elle ofe vous braver,& combler fes forfaits.

APRIE'S.

Ainfi de ma bonté déplorable victime

Je ne pourrai fçavoir les motifs de fon crime?

PARO S.

Elle fert, vous régnez.

APRIE'S.

Honneurs, fuprême rang,

Tant de fois achetés par des fleuves de fang,
Qu'êtes-vous en effet? Vous augmentez nos pei-

nes,

Phantômes mal connus, vous nous chargez de

chaînes.

Si vous nous attirez l'hommage des mortels; Nous craignons que bientôt, renverfant nos Autels,

Sous leurs débris fanglans leurs mains ne nous entraînent.

Vous n'êtes plus des biens pour ceux qui vous ob

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L'ambition a fait les malheurs de la Terre.

Grands Dieux! fur fes forfaits lancez votre ton

nerre.

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Er ne pourfulvez pas un Roi trop malheureux,
Trahi par fes Sujets, quand il mouroit pour eux
Tu le fçais fi depuis qu'une épouse chérie
Termina dans mes bras fa déplorable vie,
J'ai pu gouter en paix un jour pur & ferein.
Les plus vives douleurs ont déchiré mon sein.
Un Enfant au berceau fut ma feule espérance:
O crime ! en mon Palais un vil Peuple s'élance.
D'un Roi qui les chérit, ils poursuivent le fang....
Ah cruels! arrêtez. Percez plutôt mon flanc.
Barbares, refpectez une tête fi chère :

Dans ces momens affreux je fuis moins Roi que pere.

Mon feul bien, mon espoir, mon fils meure égorgé,

Et c'eft fur mes Sujets qu'il doit être vangé.

PAROS.

Souffrez que ces objets s'éloignent de votre ame...

APRIE'S.

Je crus de mes malheurs voir terminer la trame:
Vain elpoir! Mon amour ne fait que des ingrats
Ils fément la terreur & la mort fur mes pas.
A des féditions mon Royaume est en proye..
De la rébellion l'étendart s'y déploye :
Mon cœur compatissant est réduit à punir.
Alors ton fils paroît, & prompt à me servir,
Ilachéve bientôt de calmer la tempête..

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