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» SOCRATE. Et si nous voyons des gens qui

changent et qui ne ne sont point d'accord entre >> eux, dirons-nous qu'ils savent, ou bien qu'ils ignorent?

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MINOS. Nous dirons qu'ils ignorent.

SOCRATE. Ce qui, en toute chose, est juste » et vrai (1), ne doit-il pas être appelé loi?... MINOS. Sans aucun doute.

1)

>> SOCRATE. Ce qui n'est ni juste ni vrai, est donc contraire à la loi ?

» MINOS. Nécessairement.

» SOCRATE. C'est pourquoi dans les ordon»nances touchant les choses justes et injustes, et généralement en tout ce qui concerne l'ordre >> et le gouvernement des cités, ce qui est équi» table et vrai, est la loi souveraine (2); ce qui » n'a pas ce caractère vient de l'ignorance, et, » loin d'être la loi souveraine, est l'opposé de la » loi (3).

MINOS. Il est ainsi (4). »

Cette loi souveraine, loi non écrite, loi com

(1) Optov renferme cette double signification, comme le mot latin rectum.

(2) Νόμος ἐστι βασιλικός.

(3) Littéralement, est une anti-loi, šσti yàp avopov.

(4) Platon, Minos. Oper., tom. VI, p. 129–133. Ed. Bipont.

mune, loi divine, comme l'appellent Aristote (1) et Cléanthe (2), en ajoutant qu'on la reconnoît à son universalité; cette loi qui a existé toujours, qui est la justice, la vérité, l'ordre par excellence, et qui oblige tous les hommes, dans tous les temps et dans tous les lieux, qu'est-ce autre chose que la religion? Si vous en doutez, Socrate lui-même va vous le dire expressément.

« Connoissez-vous, Hyppias, des lois non » écrites? - Assurément, celles qui règnent dans » tous les pays (3). — Direz-vous que ce sont » les hommes qui les ont portées? Et com»ment le dirois-je, puisqu'ils n'ont pu se ras» sembler tous en un même lieu, et que d'ailleurs ils ne parlent pas une même langue?

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Qui croyez-vous donc qui ait porté ces lois?
Ce sont les dieux qui les ont prescrites aux

(1) Νόμος δ' ἐστὶν, ὁ μὲν, ἴδιος· ὁ δὲ, κοινός. Λέγω δὲ, ἴδιον μὲν, καθ ̓ ὃν γεραμμένον πολιτεύονται· κοινὸν δὲ, ὅσα ἄγραφα παρὰ яãσiv óμoloyeïolaɩ doxɛï. Lex verò est, una propria; altera communis. Voco propriam, secundum quam scriptam civiliter agunt; communem, quæcumque non scripta apud omnes constare videntur. Aristot., Rhetoric., lib. I, cap. X. Oper., t. II, p. 413. Edit. Aurelie Allobrog., 1605.

(2) Δύσμοροι... ὄντ ̓ ἐσορῶσι Θεοῦ κοινὸν νόμον. Miseri... Legem Dei communem spectare non curant. Cleanth. inter Gnomic., p. 142. Edit. Brunckii.

(3) Τούς γ' ἐν πάσῃ χώρᾳ κατὰ ταὐτὰ νομιζομένους.

hommes; et la première de toutes, reconnue » dans le monde entier, ordonne de révérer les » dieux (1). - N'est-il pas aussi partout or» donné d'honorer ses parens? - Sans doute. » Et les mêmes lois ne défendent-elles pas aux pères et aux mères d'épouser leurs enfans, aux > enfans d'épouser les auteurs de leurs jours? » Oh! pour cette loi-ci, je ne crois pas qu'elle vienne de Dieu (2). - Pourquoi? je vois des gens qui la transgressent.

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C'est que

- C'est
- On en

» transgresse bien d'autres : mais les hommes

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qui violent les lois divines, subissent des châtimens auxquels il est impossible qu'aucun d'eux échappe (3).»

Il n'y a sur ce point qu'un langage parmi les anciens, lorsqu'ils ne parlent pas d'après un système particulier de philosophie; car alors, comme l'observe Diodore, ils ne sont d'accord sur rien, et ils se contredisent en des choses de la plus haute importance (4).

(1) Εγὼ μὲν θεοὺς οἶμαι τους νόμους τούτους τοῖς ἀνθρώποις θεῖναι. Καὶ γὰρ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις πρῶτον νομίζεται τοὺς θεοὺς σέβειν. (2) Οὗτος Θεοῦ νόμος εἶναι.

(3) Xenophont., Memorab. Socrat., lib. IV, cap. IV. (4) Si quis maximè insignes philosophorum sectas diligenter expendat, plurimùm inter se discrepare, et in gravissimis sententiis sibi invicem adversari comperiet, Diodor. Sicul., lib. II, p. 82.

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Fondé sur l'antique tradition (1), Plutarque enseigne << que non seulement la justice accompagne le Dieu suprême, mais qu'il est lui» même la justice, la plus ancienne et la plus parfaite loi (2). Les limites de notre patrie, » dit-il ailleurs, ce sont les bornes du monde ; » nul ne doit s'estimer étranger, ou banni, là où » sont le même feu, la même eau, le même air, » le même soleil, les mêmes lois pour tous, le » même chef qui préside au même ordre, le » même roi et le même souverain, Dieu, qui >> tient en sa main le commencement, le milieu » et la fin de toutes choses, que la justice ac» compagne, et qui punit les violateurs de la loi divine, loi commune à tous les hommes, et qui les unit entre eux comme les citoyens d'une même ville (3). »

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(1) Οἱ παλαιοὶ οὕτω λέγουσι καὶ γράφουσι καὶ διδάσκουσι : Sic veteres dicunt, scribunt atque docent. Plutarch. ad Princip. indoct. Oper., tom. II, pag. 781.

(2) ὁ μὲν Ζεὺς οὐκ ἔχει τὴν δίκην πάρεδρον, ἀλλ' αὐτὸς δίκη καὶ Θέμις ἐστὶ, καὶ νόμων ὁ πρεσβύτατος καὶ τελειότατος. Id., ibid. In Petri autem prædicatione inveneris Dominum vocari legem et rationem. Clem. Alexandr., Strom., lib. I, pag. 357.

(5) Οὗτοι τῆς πατρίδος ἡμῶν ὅροι εἰσὶ, καὶ οὐδεὶς οὔτε φυτὰς ἐν τούτοις, οὔτε ξένος, οὔτε ἀλλοδαπός, ὅπου τὸ αὐτὸ πῦρ, ὕδωρ, ἀήρ ἥλιος, σελήνη, φωσφόρος· οἱ αὐτοὶ νόμοι πᾶσι ὑφ'

Quel témoignage plus précis, plus formel pourroit-on désirer? L'antiquité de la loi divine son universalité, sa sanction, tout s'y trouve. Quand les païens transgressoient cette loi, est-ce la lumière qui leur manquoit? Ecoutez encore Cicéron.

« La loi est une raison conforme à la nature » des choses, qui nous porte à faire le bien et à » éviter le mal (1) elle ne commence pas à >> être loi au moment où on l'écrit, mais elle est » loi dès sa naissance, et elle est née avec la » raison divine : c'est pourquoi la loi véritable » et souveraine, à laquelle il appartient d'ordon» ner et de défendre, est la droite raison du » Dieu suprême.... Elle établit la distinction du juste et de l'injuste conformément à la très-an

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ἑνὸς τάγματος καὶ μιᾶς ἡγεμονίας . . . εἷς δὲ βασιλεὺς καὶ ἄρχων, Θεός, ἀρχὴν τε καὶ μέσα καὶ τελευτὴν ἔχων τοῦ παντὸς, εὐθεία πε ραίνει κατὰ φύσιν περιπορευόμενος. Τῷ δὲ ἕπεται δίκη τῶν ἀπολει πομένων του Θείου Νόμου τιμωρός, ᾗ χρώμεθα πάντες ἄνθρωποι φύσει πρὸς πάντας ἀνθρώπους, ὥσπερ πολίτας. Id. De Exsul., ibid., pag. 601.

(1) Hic autem est ille finis, qui à præstantissimis philosophis celebratur, videlicet juxta naturam vivere. Id fit quando mens, ingressa virtutis semitam, incedit per rectæ rationis vestigia, et Deum sequitur memor ejus præceptorum, habens ea rata dictis factisque omnibus. Philo Judæus, De migrat. Abrah., Oper. p. 407. Francofurti, 1691.

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