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LES monumens sacrés des chrétiens contiennent l'histoire primitive de l'homme et du monde qu'il habite, celle du peuple juif, ses lois, les prophéties dont le dépôt lui étoit confié, la vie de Jésus-Christ, ses enseignemens recueillis par les apôtres, et enfin l'histoire prophétique de la société qu'il a établie. De ces deux parties, appelées l'Ancien et le Nouveau Testament, se compose l'Écriture-Sainte; livre merveilleux qui, renfermant toute l'histoire des temps, commence et finit dans l'éternité.

Il n'existe chez aucune nation de monument comparable, pour l'antiquité, au Pentateuque écrit par Moïse, environ quinze siècles avant Jésus-Christ. L'histoire certaine de la Grèce ne remonte pas plus haut que la première olympiade (1). Hérodote vivoit sous Artaxercès. Les

(1) L'an 775 avant J.-C. Voyez Jul. African., ap. Eus., Præpar. Evangel., lib. X, cap. 10.

ouvrages de Sanchoniaton (1), de Manethon, de Mégasthène, dont il nous reste quelques fragmens, ne peuvent guère être plus anciens. Quelques savans présument même qu'ils ne sont pas antérieurs au règne de Ptolémée - Philadelphe (2). Bérose écrivoit au temps d'Alexandre. Il est également reconnu que les livres des Perses, des Indiens et des Chinois, appartiennent à une époque beaucoup plus récente que le législateur des Juifs.

C'est à lui que le genre humain doit les seules annales qui l'instruisent de son origine, et de tous les faits sur lesquels repose l'ordre entier de ses devoirs, de ses espérances et de ses destinées. Jusque-là le souvenir s'en étoit conservé uniquement par la tradition; mais quand la vie des hommes s'abrégea, et que les peuples se multiplièrent, Dieu voulut que cette tradition fût fixée par l'écriture, ainsi que les nombreux détails de la loi qu'il donnoit aux enfans de Jacob, et les prophéties qui devoient servir de preuve perpétuelle à Jésus-Christ.

Tout ne fut pas écrit cependant, ainsi que

(1) Quelques-uns croient que Sanchoniaton vivoit peu de siècles après Moïse; mais il n'en existe aucune preuve certaine.

(2) 242 ans avant l'ère chrétienne.

l'observe Maimonide, et la raison qu'il en apporte est remarquable. « Ce fut, dit-il, une grande sagesse et un moyen de prévenir les

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>> inconvéniens où l'on est tombé dans la suite, c'est-à-dire, la diversité des opinions, les perplexités et les doutes mêmes que fait naître ordinairement la parole écrite et consignée » dans un livre de là proviennent les dissensions, les controverses, les schismes, les » sectes, et une effroyable confusion. Mais >> autrefois tout se terminoit par les décisions du grand Sanhedrin (1), comme je l'ai montré » dans mes Commentaires sur le Talmud, et » comme la loi même en rend témoignage (2). »

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(1) L'autorité de ce corps étoit supérieure à celle du roi, selon le même Maimonide. « Le roi, dit Rabbi » David Ganz, étoit le maître absolu pour tout ce qui » concernoit la guerre et les armées; mais ce qui regar» doit la loi, et l'administration intérieure de l'État,

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appartenoit au Sanhedrin, dont le chef (depuis David) » étoit toujours de sa famille.» Vid. Lettre de M. l'abbé*** à M. l'abbé Houtteville, lett. XIII, p. 262. Paris, 1722.

(2) Atque hæc fuit summa sapientia circa legem nostram, quâ fugiebantur et vitabantur illa, in quæ sequentibustemporibus incidit; varietates nempè, et perplexitates sententiarum ac opinionum, dubia item, quæ oriri solent ex sermone scripto, et in librum relato..., ex quibus posteà oriuntur inter homines dissensiones, controversiæ, schis

Il est certain, et l'expérience le prouve tous les jours, que la Bible ou le corps de nos livres saints eût été pour l'homme un don funeste si elle avoit été livrée à l'interprétation de chaque individu. En vain Dieu auroit parlé, on auroit éternellement disputé sur sa parole, sans jamais pouvoir s'assurer de son véritable sens (1). Aussi la promulgation des deux Testamens concourtelle, chez le peuple juif comme chez le peuple chrétien, avec l'établissement d'une autorité souveraine, seule investie du droit d'interpréter le texte sacré, et dépositaire principal de la tra

mata, et sectæ, in negotiis et commerciis magna confusio. Sed tum negotium omne erat penes synedrium magnum, sicut exposuimus in commentariis nostris Talmudicis, et sicut de eo lex ipsa testatur. More Nevochim, Part. I, cap. LXXI, p. 132. Ed. Basil; 1629.

(1) Supposé qu'il n'existe point d'interprète infaillible de l'Écriture-Sainte, Rousseau aura eu raison de dire : « Les » livres sont des sources de disputes intarissables....; le >> langage humain n'est pas assez clair. Dieu lui-même, s'il » daignoit nous parler dans nos langues, ne nous diroit >> rien sur quoi l'on ne pût disputer. » Lettre à M. de Beaumont, p. 75. Dans le Christianisme complet, cette objection est nulle; mais comment les protestans la résoudrontils? Ils veulent que Dieu ait parlé, et ils ne veulent pas qu'on puisse savoir avec certitude ce que Dieu a dit. Un jour viendra, et il n'est pas loin, où à peine pourra-t-on croire qu'on ait admis, soutenu, une pareille contradiction.

dition qui l'explique. Depuis que cette autorité est éteinte parmi les Juifs, il leur est aussi impossible de s'accorder sur le sens de l'Écriture (1), qu'aux protestans, qui refusent de reconnoître dans la société chrétienne l'existence d'une semblable autorité, quoique l'Écriture ellemême les avertisse que c'est la première chose qu'ils doivent comprendre (2).

Les préceptes de la religion primitive étoient

(1) Les Juifs modernes ont abandonné presque toutes les explications que les anciens rabbins donnoient des prophéties. Ne sachant plus à quoi se prendre, «ils ren>> voient à Élie, dit d'Herbelot, les points les plus diffi>> ciles de l'Écriture, qu'ils ont peine à résoudre. » Biblioth. orient., art. Mohammed Aboulcassem, tom. IV, pag. 251.

(2) Hoc primum intelligentes, quòd omnis prophetia Scripturæ propriâ interpretatione non fit. S. Petr. Ep. II, cap. I, 20. Il est curieux d'entendre le plus ardent ennemi du christianisme parler sur ce point le même langage que saint Pierre. «S'il n'y avoit pas eu dans le » monde chrétien, dit Voltaire, une autorité qui fixât le >>_sens de l'Écriture et les dogmes de la religion, il y au»roit autant de sectes que d'hommes qui sauroient lire. Essai sur l'hist. génér. et sur l'esprit et les mœurs des nations; tom. III, chap. CIX, p. 108. Edit. de 1756. Il suit de là que les sociétés bibliques protestantes, aujourd'hui si multipliées, tendent à faire autant de sectes qu'il y a d'hommes qui savent lire.

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