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« de l'Église catholique, par l'unité de son sacer<<< doce..

« Le devoir, l'honneur, la prérogative du premier <«< roi chrétien, tel que l'empereur, c'est d'être le « bras droit, l'épée de la chrétienté pour défendre « tout le corps, principalement la tête, et seconder « son influence civilisatrice au dedans et au dehors (Epist. 244 ad Conrad. reg. Rom., Oper., tom. I, «p. 514, edit. noviss., analyse par M. Rohrbacher, « p. 422, t. XV). »

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Ainsi, pour saint Bernard, le moyen unique de réunir les nations chrétiennes dans le but de leur conservation et de leur perfectionnement, comme société publique, et dans le but de la civilisation de l'humanité, n'est que la soumission et l'obéissance des pouvoirs politiques des États au pouvoir religieux de l'Église.

Saint Thomas n'a fait que développer et confirmer ce même droit public dans le magnifique passage qui

suit :

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Chaque royaume particulier est un navire fourni « de son équipage et muni de tous ses agrès. Le roi << en est le pilote. Lancé en pleine mer, ce navire

cingle vers le port. Ce port est la fin vers laquelle « le royaume a été créé. Cette fin n'est et ne peut être ni <<< la richesse ni le plaisir, mais seulement l'acquisition « de la vertu. La vertu elle-même est sans objet, si << elle ne conduit pas à la possession du souverain bien, << qui est Dieu même.

« Or, si l'homme pouvait par ses forces naturelles << parvenir à cette fin ultérieure, ce serait au roi de «< l'y conduire. Car dans l'ordre humain, le roi étant «<le supérieur le plus élevé, à lui seul appartiendrait

« de diriger à la fin suprême tout ce qui est au-dessous « de lui. C'est ainsi qu'en tout et partout, nous voyons «< celui qui préside à la fin ou à l'usage d'une chose, diriger ceux qui préparent les moyens nécessaires « pour arriver à cette fin. L'homme de mer dirige le «< constructeur de navires; l'architecte dirige le maçon, « le chef des armes dirige l'armurier.

«

<< Mais l'homme ne pouvant, par des vertus purement « humaines, parvenir à sa fin, qui est la possession.de « Dieu, il en résulte que ce n'est pas une direction <«< humaine, mais une direction divine qui doit l'y <«< conduire. Le roi à qui cette direction suprême appartient est celui qui n'est pas seulement homme, « mais Dieu en même temps, Notre Seigneur JésusChrist, qui, faisant les hommes enfants de Dieu, les « conduit au céleste royaume.

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« Afin que les choses temporelles et les spirituelles << ne fussent pas confondues, cette direction suprême « a été confiée non aux rois, mais aux prêtres, et « surtout au Souverain Prêtre, le successeur de Pierre, « le Vicaire de Jésus-Christ, le Pontife romain, à qui « tous les rois du peuple chrétien doivent être soumis, <«< comme au Fils même de Dieu. Tel est l'ordre le << moins se rapporte au plus, l'inférieur est soumis au supérieur, et tous arrivent à leur fin (De regimine princip.; traduction et résumé de M. GAUME).

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On ne peut mieux raisonner, c'est la vérité se prouvant elle-même. Ainsi donc la direction suprême des nations chrétiennes et de leurs chefs dans le chemin de la justice, le seul qui peut leur assurer le royaume du Ciel, et le surcroît des avantages de la terre, n'appartient qu'au Vicaire de Jésus-Christ, le Chef de

l'Église; et ces nations ne pourront s'unir de manière à former un tout qu'à cette condition.

naux.

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§ 8. Suite du même sujet. Les fausses idées modernes sur la société n'ont pas moins altéré et rendu impossible la juste appli cation du vrai droit des gens dans leurs rapports internatioImpossibilité de faire passer les lois du christianisme dans le droit des gens sans le Pape. Horrible droit des gens de l'Angleterre, de la Russie, de la Hollande et des États-Unis. Beau rôle que joue la France dans ce moment. Si le seul droit des gens des nations catholiques, et de la France en particulier, est le seul juste et utile à l'humanité, c'est parce que ces nations reconnaissent toujours le Souverain Pontife comme chef de l'Eglise et comme l'interprète légitime de la loi divine.— Mais en tant que ces mêmes nations ne sont plus unies sous le pouvoir du Pape, comme chef de la république chrétienne, elles ne forment pas de société internationale et ne peuvent rien faire de grand pour la civilisation et le bonheur du monde.

Il nous reste à signaler les conséquences fâcheuses auxquelles les fausses idées qu'on s'est formées sur la nature et l'essence de la société ont donné lieu touchant les rapports internationaux des peuples entre eux, ou bien le droit des gens.

S'inspirant des nobles sentiments de sa belle âme, M. de Bonald a dit aussi :

« Le genre humain peut être considéré tout entier «< comme réuni en une société universelle, sous le pou« voir suprême de Dieu et les lois générales de l'hu<< manité; mais les nations chrétiennes ou civilisées for« ment une société spéciale sous les lois particulières <«< du christianisme, appliquées aux relations ou rap<< ports des nations entre elles (Lég. prim.). » Cela devrait être; on devrait désirer que cela fût; mais, mal

heureusement, cela n'est pas; et pourquoi? Parce que les différents peuples dans lesquels le genre humain est partagé, quelle que soit leur foi touchant Dieu, Pouvoir suprême INVISIBLE, ne reconnaissent pas un même pouvoir religieux, seul pouvoir suprême VISIBLE qui pourrait les relier entre eux (1) et former d'eux une seule société universelle.

Les lois générales de l'humanité ne peuvent pas plus suffire. Aucune législation ne saurait unir les hommes entre eux sans un magistrat suprême auquel on reconnaisse l'autorité de l'interpréter, de l'appliquer et de veiller à son accomplissement. Là où ce magistrat n'existe pas, laissée à l'interprétation de la raison et des passions de chaque individu, la loi n'est qu'un moyen de division et un brandon de discorde, et non un lien d'union et de société.

Voyez en effet à combien d'interprétations différentes et même contradictoires donnent lieu, parmi les différents peuples, les lois générales de l'humanité. Le droit des gens tel que l'entendent les peuples barbares est, dans le fait, tout autre chose que le droit des gens tel que l'entendent les nations civilisées. Le droit des gens des adorateurs de Bouddha et de Xaca diffère essentiellement du droit des gens des disciples de Mahomet. Et les nations chrétiennes elles-mêmes, si elles n'avaient pas recours aux arguments irrésistibles du canon et des baïonnettes, se retrancheraient en vain sur le dictamen

(1) Le mot religion (religio) dérive du mot relier (religare). Donc, le mot même nous dit assez que différents peuples ne peuvent être réunis de manière à former un tout que par la profession de la même religion et par l'obéissance au même pouvoir religieux résidant sur la terre.

de la conscience et de la raison pour faire accepter aux peuples païens le droit des gens tel qu'elles l'entendent, et leur manière particulière d'interpréter les lois générales de l'humanité.

On peut donc cONSIDÉRER le genre humain tout entier comme réuni en une société universelle sous le pouvoir su prême de Dieu et les lois générales de l'humanité, mais on ne peut pas AFFIRMER qu'il soit uni en effet en une telle société. Cela n'arrivera que lorsque le genre humain tout entier, converti au christianisme, reconnaîtra le pouvoir suprême du Vicaire de Jésus-Christ, du Chef visible de l'Église, et ne formera qu'un seul bercail, un seul troupeau sous un seul pasteur: Et erit unum ovile et unus pastor (JOAN.).

Il n'est pas plus exact que les nations chrétiennes ou civilisées forment une société spéciale sous les lois par ticulières du christianisme, appliquées aux relations ourapports des nations entre elles. Cet ordre sublime de choses a existé, il est vrai, jusqu'au seizième siècle. Jusqu'à cette époque, distinctes et indépendantes les unes des autres sous le rapport politique, mais réunies sous le rapport religieux par l'obéissance au Chef suprême de l'Église (le grand dépositaire de l'autorité du Roi des rois et l'organe infaillible de ses volontés), toutes les nations catholiques formaient une véritable société religieuse, et même, quoi que l'on dise, la plus éclairée, la plus morale, la plus puissante et la plus merveilleuse société qui eût jamais existé depuis l'origine du monde.

C'est que le Souverain Pontife, veillant constamment sur elle, en éloignait toujours la cause de tous les schismes sociaux, l'hérésie; et y maintenait toujours

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