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de l'ordre et le mouvement de la vie. Il n'y a que les familles et les nations demeurées fidèles au christianisme de saint Pierre qui sont dans un état de prospérité toujours croissante, qui triomphent des vicissitudes de la fortune et des révolutions, et qui, éprouvées par de grands revers, paraissent renaître plus fortes de leur propre faiblesse et plus solides de leur ruine. Ce qui a fait dire à un grand publiciste : «Les troubles ont toujours affermi le Pouvoir en France. »

Nous avons prouvé, enfin, à l'endroit précité, qu'il n'est pas plus facile de faire de l'ordre avec les doctrines qui servent de base au protestantisme. Ces doctrines ne sont que la théorie de l'anarchie religieuse, qui tôt ou tard doit de toute nécessité se traduire par l'anarchie politique; et, certes, on ne peut pas faire de l'ordre avec le principe de tout désordre. Les révolutions qui dans ces derniers temps ont bouleversé même les États catholiques ne datent que de l'époque où le protestantisme obtint droit de cité en Europe, et n'ont été que l'application à l'ordre politique de ses sentiments d'opposition et de haine pour toute autorité religieuse. Donc, comme le paganisme ne fait de l'ordre qu'aux dépens de la liberté, le protestantisme, lui aussi, ne fait de la liberté qu'aux dépens de l'ordre.

On ne peut assez le répéter (IV Discours); si, par exemple, l'ordre et la liberté (bien contestables d'ailleurs, comme on le verra bientôt) paraissent régner dans l'Angleterre protestante, c'est parce qu'en admettant le protestantisme religieux, la fière Albion a fait même une révolution pour conserver le catholicisme politique; tandis que certains pays catholiques, au contraire, ont embrassé de grand cœur le protestantisme

en politique, tout en le repoussant dans l'ordre religieux. L'exemple de l'Angleterre, bien étudié et bien compris, ne fait donc que confirmer notre thèse : que ce n'est que par l'influence plus ou moins sentie, et par l'action plus ou moins directe du catholicisme, que la société civile peut obtenir la liberté de l'ordre et l'ordre de la liberté.

7. Une société religieuse des nations, marchant vers la fin qui lui est propre, est impossible, elle aussi, en dehors du catholicisme. - Le grand caractère de CATHOLICITÉ ou d'UNIVERSALITÉ pour tous les hommes, aussi bien que pour tous les temps et pour tous les lieux, lui appartient. -Les religions païennes ou hérétiques, essentiellement particulières, ne sauraient réunir des nations en un corps de société universelle. Le catholicisme seul est cathoImpossibilité particulière au protestantisme de réunir les esprits dans une foi commune, et par conséquent de former une société parfaite des nations.

lique.

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entre la France et l'Angleterre.·

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Une remarque sur l'alliance

· Doctrine de saint Bernard et

de saint Thomas sur la nécessité d'un Pape pour réunir les nations dans le but de se conserver et de se perfectionner.

La société religieuse, ou la concorde des nations réunies entre elles par l'obéissance au même pouvoir religieux, a, elle aussi, pour fin, sa conservation et son perfectionnement. Mais, encore une fois, cette conservation et ce perfectionnement se rapportent avant tout à l'ordre spirituel, moral et éternel. Il a été dit à toutes les nations, et même à l'humanité tout entière, aussi bien qu'à l'homme : « Cherchez avant tout le royaume « des Cieux et sa justice, et le reste vous sera ajouté « de surcroît; » c'est-à-dire que la fin de l'humanité entière n'est pas de manger, de boire, de jouir, de se conserver et de se perfectionner par rapport au corps,

mais de connaître Dieu et de le servir comme souveraine Vérité, afin de parvenir à le posséder comme souverain Bien; en un mot, de se conserver et de se perfectionner par rapport à l'âme. Mais, qu'on le remarque bien, d'après cette divine parole, sublime, immense, parce qu'elle renferme la vraie constitution et tout le droit public de l'humanité, la société des nations, en se préoccupant avant tout de la pensée de conserver Dieu en elle, de se conserver elle-même à Dieu et en Dieu, et de se perfectionner d'après les lois de l'ordre moral, ne risque pas de compromettre sa conservation et son perfectionnement dans l'ordre matériel et physique; au contraire, d'après cet oracle divin, la société dont il s'agit, marchant le regard toujours fixé vers le ciel, est sûre de ne point s'exposer à perdre les avantages de la terre; car, en récompense de son zèle pour acquérir ce qui est éternel, ce qui est temporel ne lui fera jamais défaut. En effet, comme nous l'avons prouvé au III® Discours, c'est en se conformant à cette grande loi de l'Évangile que les nations de l'Occident, tout en conservant la vraie foi, et tout en partageant les fruits de la justice qui leur ont procuré le règne de Dieu, sont devenues les nations les plus éclairées, les plus riches, les plus puissantes et les plus heureuses du monde, de manière que, si elles avaient toujours continué de marcher dans cette voie, elles auraient pu s'assujettir l'univers et conduire à sa fin, par la propagation et l'affermissement du règne de Dieu parmi les hommes, le genre humain tout entier.

Mais, nous le répétons encore ici, en dehors du catholicisme, il n'est pas possible aux nations de se con

stituer en société religieuse, capable de conquérir tous les avantages de la terre en ne s'inspirant que des pensées du ciel, ou bien de se conserver et de se perfectionner sous le double rapport spirituel et corporel, et d'entraîner le reste de l'humanité dans la même voie.

C'est d'abord que, tandis que le paganisme n'est que la vérité corrompue, et que le protestantisme n'est que la vérité mutilée et sans base, le catholicisme seul renferme (nous le redisons toujours) la vérité pure de tout mélange, la vérité exempte de toute mutilation, et la vérité certaine, parce qu'elle y est établie sur le fondement immuable de l'autorité de Dieu. En sccond lieu, la vérité est une, l'erreur est multiple. Donc, la vérité seule a la puissance d'unifier, tandis que le propre de l'erreur est de diviser les esprits, les cœurs, les familles, les États, les nations. Cela nous explique pourquoi les nations païennes ne sont liées entre elles que par un sentiment commun de défiance et de mépris à l'égard du christianisme; et que les nations protestantes, à leur tour, ne s'entendent entre elles que dans un sentiment commun de haine et d'intolérance brutale à l'égard du catholicisme, et que ni les unes ni les autres ne forment pas de société religieuse.

Troisièmement, la catholicité ou l'universalité de la religion, par rapport aux lieux, est essentiellement liée à sa catholicité ou à son universalité par rapport au temps. Ce qui n'est pas catholique ou universel par rapport au temps ne peut pas l'être non plus par rapport aux hommes et par rapport aux lieux. C'est pourquoi le grand caractère propre à la vraie religion a été, est et sera toujours celui d'avoir existé toujours, partout, et d'avoir été connue par tout le monde : Quod

semper, quod ubique, quod ab omnibus. La raison en est que tout ce qui est né après l'homme est ou peut être l'œuvre de l'homme, tandis que ce qui est avant l'homme ou a commencé avec l'homme ne peut avoir que Dieu pour son auteur.

Or, le paganisme, aussi bien que le protestantisme, ne sont nés que dans le temps. L'histoire nous ayant conservé le nom de leurs pères, les circonstances de leur naissance et les crimes qui ont entouré leurs berceaux, nous dit assez qu'ils ne sont que des enfantements monstrueux de l'orgueil et de la corruption de l'homme, venus au jour après l'homme. Particulières par rapport au temps, ces prétendues religions le sont donc par rapport aux lieux aussi; car il n'est donné qu'à Dieu, auteur de l'homme, de faire une loi obligatoire pour tous les hommes ; quant à l'homme, il ne peut rien faire qui puisse lier la conscience de ses égaux, et, partant, des lois obligatoires pour toute l'humanité.

Il n'y a qu'une obligation universelle qui puisse réunir les hommes dans l'observation d'une loi universelle, et qui puisse par là réunir les hommes en société, car les intelligences ne s'unissent entre elles que par l'obéissance au même Pouvoir, c'est-à-dire par la foi et la soumission à l'égard de la même autorité.

Le catholicisme seul, qui, remontant jusqu'au Dieu Rédempteur au milieu des temps, et jusqu'au Dieu Créateur à l'origine des temps, est universel par rapport au temps, peut l'être aussi par rapport aux personnes et par rapport aux lieux. Lui seul peut convenir à l'universalité des peuples et les réunir en une société religieuse; bref, le catholicisme seul est catholique.

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