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248 DE LA DIGNITÉ ET DE L'Orig. divine du pouv. PUBLIC. soumet à son égal; ne lui laisse que la nécessité de plier devant le nombre, c'est-à-dire devant la force, pour motif et pour règle de sa dépendance, et par conséquent ravale l'homme jusqu'à la brute, l'avilit, le dégrade, en même temps qu'elle bouleverse par le fondement et rend impossible toute société.

Mais la doctrine des absolutistes qui place en Dieu seul, à l'exclusion de toute intervention humaine, nonseulement l'origine et le fondement, mais encore la collation directe et immédiate du Pouvoir public, a, elle aussi, ses inconvénients, qu'il faut découvrir; ses dangers, qu'il faut signaler; ses absurdités et ses sophismes, qu'il faut combattre; et c'est ce que nous allons faire dans le chapitre suivant.

CHAPITRE VI.

DE L'ORIGINE IMMÉDIATE ET DIRECTE DU POUVOIR PUBLIC PAR LA SOCIÉTÉ.

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§ 27. La constitution du Pouvoir politique n'est que le fait immédiat de la société parfaite. Deux manières dont Dieu confère immédiatement le Pouvoir.- Comment la société parfaite reçoit de Dieu la souveraineté et le droit qu'elle a de la conférer à son tour à qui et dans les conditions qu'il lui plait.-Conformité de cette doctrine avec la raison et l'histoire.-Conséquences qui en résultent contre les publicistes de la révolution et de l'absolutisme. · Le faux DROIT DIVIN funeste aux nations et au Pouvoir lui-même.

DANS

ANS l'intérêt de leur conservation et de leur défense, par l'organe de leurs chefs respectifs, les sociétés parfaites durent s'entendre, et comme l'histoire des nations nous l'atteste, elles se sont entendues en effet pour se donner, moyennant le choix, un Pouvoir politique qu'elles n'avaient plus de la nature. C'est ainsi que la Royauté patriarcale fut remplacée par la Royauté élective, tantôt dans une ou plusieurs personnes, tantôt dans une famille; et de là les Pouvoirs consentis, les monarchies contractuelles, les différentes formes de gouvernement qu'on rencontre à l'origine de toutes les nations modernes.

Mais pour avoir été conféré et établi par les nations elles-mêmes dans une personne ou dans une dynastie, et sous les conditions qu'il leur a plu d'adopter, le Pouvoir

souverain qui les régit n'en est pas moins divin dans son origine et dans sa raison d'être. D'abord, parce que, comme on l'a vu dans le chapitre précédent, Dieu seul, dans sa qualité de créateur et de maître suprême de toutes les intelligences, peut donner à une intelligence créée l'AUTORITÉ, ou le droit de commander à d'autres intelligences créées; en sorte que tout Pouvoir a sa source et sa base en Dieu tout Pouvoir est divin, ou il n'est pas du tout. Ensuite, parce que c'est Dieu qui l'a immédiatement conféré et le confère à la société parfaite, qui en a à son tour investi la personne ou la famille qui le possède; donc cette personne ou cette famille ne le reçoit de Dieu que d'une manière indirecte, et elle ne le reçoit d'une manière immédiate et directe que de la société.

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« Le Pouvoir, dit le docteur Suarez, n'est conféré immédiatement de Dieu que de deux manières : l'une de ces manières est lorsque Dieu le confère par soimême comme une donation particulière, comme un acte de sa volonté suprême et indépendante de la nature d'une chose créée, et comme un trait de sa libéralité et de sa grâce à l'égard d'une personne ou d'une nature. C'est ainsi qu'il a conféré à saint Pierre le Pouvoir physique de faire des miracles et le Pouvoir moral de juridiction sur toute l'Église (1); c'est encore ainsi qu'il a donné à Moïse et à Josué l'autorité souveraine

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(1) « Datur immediate potestas a Deo per se, et peculiari donatione, non ut necessario connexa cum alicujus rei creatione, « sed ut voluntarie a Deo superaddita alicui naturæ vel personæ; « sicut potestas physica faciendi miracula, et potestas moralis jurisdictionis Petro. v. g. data est (Defens. fid., etc.). »

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pour gouverner et conduire le peuple d'Israël, et c'est ainsi que plus tard il a donné à Saül et à David la royauté sur ce même peuple.

La seconde manière dont Dieu confère immédiatement le pouvoir est lorsque ce Pouvoir est essentiellement connexe avec la nature d'une chose qu'il a créée, ou résulte de toute nécessité de cette nature même, et qu'il place une créature intelligente dans les conditions d'une telle nature. C'est ainsi que le Pouvoir paternel est immédiatement de Dieu. La naissance de l'homme par la génération humaine est une création divine, et le pouvoir paternel est essentiellement connexe avec la nature de la paternité et résulte de toute nécessité d'elle. Donc, par le fait même que Dieu accorde à un homme des enfants, il lui donne immédiatement le pouvoir paternel sur eux (1).

C'est donc le seul Dieu roi, maître et seigneur de tous, qui fait les rois en les appelant à participer à sa puissance, comme c'est le seul Dieu Père qui fait les pères en appelant l'homme à participer à sa paternité; mais avec cette différence que le Pouvoir paternel est conféré immédiatement par lui, parce que c'est lui qui fait immédiatement l'homme père, tandis que (sauf quelques cas exceptionnels) ce n'est pas lui, mais la société, qui fait IMMÉDIATEMENT les rois; et par conséquent, la souveraineté n'est immédiatement conférée

(1) « Alius modus est dandi potestatem, ut, ex natura rei, « necessario connexam cum aliqua natura rei quam Deus ipse " condidit. Potestas patris in filium a Deo ipso ut auctore naturæ « immediate confertur: non ut peculiare donum a natura distinctum, sed ut necessario consequens illam, supposito genera« tionis fundamento (Id., ibid.).

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par lui qu'à la société même; parce que Dieu, et non pas l'homme, est l'inventeur et l'auteur de la société publique; et parce que la souveraineté est essentiellement connexe avec la nature de cette société, nulle société publique ne pouvant exister sans la souveraineté.

C'est, je le répète, par le fait même que Dieu donne à un homme des enfants qu'il lui confère immédiatement la souveraineté domestique ou la paternité. Et c'est aussi par le fait même par lequel Dieu, en accordant à une famille de se développer en plusieurs familles, donne à ces familles (devenues sociétés publiques établies et constituées) la souveraineté ou le droit de se choisir la personne ou la dynastie qui doit l'exercer d'après les conditions et les formes qu'il a plu à la société de lui prescrire.

De cette doctrine il résulte deux conséquences : la première, que le droit de souveraineté résidant immédiatement dans toute communauté parfaite ne jaillit pas d'un droit inhérent à chaque individu, mais d'un droit essentiel à la communauté elle-même, en tant que communauté. En sorte que si les familles ne sont pas unies en société, il n'y a plus que des individus sujets naturellement à leur père; il n'y a que des pères de famille naturellement indépendants les uns des autres; mais la souveraineté politique n'existerait nulle part, Dieu ne la conférant immédiatement qu'à l'être collectif, ou aux familles constituées en société et non à chaque individu en particulier; d'où l'on peut aisément conclure que la théorie de la souveraineté du peuple, dans le sens de Jurieu, de Rousseau et des publicistes révolutionnaires, ou la théorie de la souveraineté résultant des petites portions de souveraineté propre à chaque in

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