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ce n'est parce qu'ils représentent le souverain et exercent la grande fonction qui lui est propre, de veiller au maintien de l'ordre public?

Or, en vertu des mêmes principes, il est évident que tout Pouvoir légitime a le droit d'être respecté et obéi comme Dieu lui-même, puisque, dans tout ce qu'il fait, en sa qualité de Pouvoir, il est le ministre et le représentant de Dieu, exerçant une fonction divine.

On voit donc que le précepte que (comme on vient de les entendre) saint Pierre et saint Paul ont fait à tous les chrétiens de révérer les Pouvoirs de la terre, et de leur être soumis comme au Pouvoir suprême du Dieu du ciel: Obedite Dominis carnalibus sicut Domino et non hominibus; précepte qui paraît bien étrange à nos philosophes matérialistes, a une grande et sublime raison pour base, et résume une doctrine de la plus haute philosophie.

$ 24. Quatrième argument à l'appui de la même thèse, ressortant du droit de mort inhérent à la souveraineté, et reconnu et suivi toujours et partout. Une dernière preuve rationnelle de l'origine divine du Pouvoir, fournie par l'impossibilité d'établir, en dehors de ce principe, aucune espèce d'autorité. Si l'autorité ne vient pas de Dieu, elle n'est pas. La cession volontaire du peuple, même confirmée par le serment, n'est qu'une plaisanterie. Dans cette hypothèse, le Pouvoir n'a d'autre titre de légitimité que la force ou la fatalité. — Maximes désespérantes du paganisme sur ce sujet.

Le droit de mort à l'égard des grands criminels, ce droit aussi mystérieux que redoutable, que personne ne comprend, et qui cependant a été dès l'origine du monde reconnu comme légitime et suivi avec un accord

parfait par tous les peuples de l'univers, ce droit, dis-je, suppose à lui seul que le Pouvoir chargé de l'exécuter est d'origine divine, et constitue un quatrième argument en faveur de cette thèse; car, supprimez la doctrine de saint Paul : « Que le Pouvoir public dérive de Dieu, et que c'est en vertu de l'autorité qu'il a reçue de lui, et dans la qualité de son lieutenant, qu'il inflige le dernier supplice à quiconque porte atteinte à la vie de son semblable et à l'ordre social », et cette justice devient une injustice, et ce droit de réprimer le crime devient un crime lui-même. C'est en partant du principe athée que tout Pouvoir vient du peuple, que les publicistes modernes ont eu beau jeu auprès des ignorants et des simples, en leur persuadant que la société n'a pas le droit de punir le meurtre par le meurtre; car, en effet, il n'y a que l'Auteur de la vie qui peut la retirer à l'être auquel il l'a donnée. Si c'est un crime pour l'homme privé de tuer l'homme, il l'est aussi pour l'homme public; car l'homme public n'en est pas moins homme lui-même, et n'en est pas moins privé de toute autorité à l'égard de son égal, en tant qu'homme. Ce n'est donc que dans l'hypothèse que l'homme public n'est que le représentant du Dieu invisible, et tenant de lui l'autorité qui n'appartient qu'à lui de mettre à mort l'homme qui a tué un autre homme, que ce droit incompréhensible se comprend, et que ce droit si nécessaire à l'existence de l'ordre social peut être exercé légitimement par le chef de la société.

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La société parfaite, comme on va le voir tout à l'heure, peut bien conférer et confère en effet le Pouvoir politique; mais, à y bien réfléchir, elle ne fait en

cela que désigner la personne ou les personnes qui doivent en être investies, et fixer la forme d'après laquelle il doit être exercé; mais elle ne crée pas la chose. La loi de l'existence d'un Pouvoir suprême et indépendant dans toute société, et de l'obligation de lui être moralement soumis, existe dans la société par la volonté de Dieu, qui, comme on vient de le voir, en est l'auteur, et c'est une création divine; par conséquent, en nommant le souverain, la société confère, mais elle ne fonde pas l'autorité. Elle dispose d'une chose existante, mais elle ne la crée pas plus qu'elle ne s'est créée elle-même, puisque la société est une institution et un fait divin.

D'après le publiciste protestant Coccejii, c'est une contradiction de dire qu'un tel délègue à un autre son propre droit de commandement, tout en le retenant en lui-même, et que par conséquent le Pouvoir suprême, même après avoir été délégué par le peuple, reste toujours dans le peuple (1). C'est ridicule, mais c'est logique.

Pour cet auteur, comme pour presque tous les publicistes de l'école protestante, le Pouvoir public non-seulement est conféré par le peuple, mais il a aussi sa raison dans la volonté du peuple, et par conséquent il ne vient pas de Dieu.

C'est donc en partant d'une telle doctrine que ce philosophe est venu nous dire tout bonnement qu'en conférant le pouvoir, le peuple ne fait que plaisanter, car

(1) << Contradictio est suum jus imperii in alium transferre, « et tamen illud retinere; ergo summa potestas est populi (In « lib. II, cap. 3, Grot.). »

en réalité il ne confère rien et il n'établit point l'autorité. Tellement il est vrai qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de créer à lui seul l'autorité et de la conférer; et que, comme nous l'avons établi ailleurs, si l'autorité ne vient point de Dieu, elle n'est pas.

C'est que tous les êtres intelligents ayant la même nature sont parfaitement égaux à l'égard les uns des autres, et nul n'a, en lui-même et par lui-même, le droit de commander à un autre; nul n'a la moindre autorité sur les autres.

Le commentateur précité de Grotius, Henri Coccejii, a dit: Nul homme n'a naturellement aucune autorité sur un autre homme : car tous les hommes reçoivent de la nature les mêmes facultés, tous les hommes viennent sur cette terre sans y apporter aucune différence et aucun droit d'autorité sur les autres; et dès lors, sous ce rapport, ils sont naturellement égaux (1). Le droit d'autorité dont quelques-uns parmi eux peuvent se trouver investis, ne peut donc leur avoir été conféré que par le souverain maître de tous; ainsi, ou toute autorité vient de Dieu, ou elle n'est pas; et la philosophie athée, pour laquelle la société n'est qu'un fait purement humain, et qui nie l'origine divine de l'autorité, a été bien conséquente en la niant tout à fait, et en affirmant << que l'absence de toute autorité ou l'ANARCHIE est la première condition de toute association naturelle (PROUDHON) ».

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(1) « Homo in hominem natura potestatem non habet, utpote qui omnes æqualiter facultatibus naturalibus a natura

« sunt instructi et sine discrimine potestatis in hanc terram con« diti (In lib. I, cap. 3. Grot.).

On n'a pas même la ressource de dire que le peuple, en nommant ceux qui doivent le régir et en promettant avec serment de leur obéir, peut conférer et établir l'autorité; car un serment, aussi bien qu'une promesse, qu'un pacte, qu'un contrat quelconque, n'oblige moralement qu'en tant qu'on suppose qu'il existe une loi naturelle produisant des obligations morales, et que, parmi ces obligations, se trouve celle de la parole donnée ou de la promesse faite, soit sous la forme d'un serment, soit sous celle d'un contrat. Mais, comme les plus grands génies de l'humanité savante, saint Augustin et saint Thomas, l'ont admirablement démontré, la loi naturelle n'est que l'émanation de la loi éternelle ou de la raison divine, ayant, de toute éternité, librement établi la nature de tous les êtres et de leurs rapports. Donc, les obligations morales de la loi naturelle n'ont leur raison que dans la volonté de Dieu qui en est l'auteur, et comme il n'y a pas de loi sans législateur, il n'y aurait pas de loi naturelle sans Dieu. Car sans Dieu l'homme ne serait pas l'œuvre d'un être intelligent, mais de l'agglomération fortuite des atômes ou de la matière inintelligente, et de là incapable d'avoir pu créer une loi naturelle et les obligations morales qui en résultent.

Ainsi donc, nier le principe que tout Pouvoir vient de Dieu, et admettre que la volonté de Dieu ne soit pour rien dans la constitution de la société, c'est nier la source de toute obligation morale dans les rapports entre le Pouvoir et ses subordonnés; c'est admettre que l'ordre social n'est qu'un arrangement humain, n'ayant point de base dans une loi morale et divine. Et dès lors c'est faire du serment une vraie plaisanterie,

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