Obrazy na stronie
PDF
ePub

qu'ils occupent dans l'ordre social et selon les rapports naturels ou civils dans lesquels on est à leur égard: Reddite ergo omnibus debita.

Saint Paul n'a pas même oublié l'obligation de conscience qu'a tout citoyen de payer le tribut, et de concourir par là aux charges de l'État; il a fait de cette obligation un devoir sacré; car, dit-il, le pouvoir public a besoin de tributs pour maintenir la force tutélaire de l'ordre; et comme tout ce qui concourt au maintien de l'ordre est dans la volonté de Dieu, ceux qui ordonnent des impôts dans un but si important et si précieux, servent Dieu aussi bien que ceux qui les payent: Ideo enim tributa præstatis, ministri enim Dei sunt, in hoc ipsum servientes.

Ailleurs l'Apôtre des nations a dit encore ceci : « Vous « qui servez, obéissez à vos maîtres charnels dans la <«< crainte et le tremblement révérentiel, dans la sim

plicité de votre cœur, comme à Jésus-Christ lui«< même. Servez-les, non-seulement lorsqu'ils vous re<< gardent et comme étant des hommes, mais comme «les serviteurs du Christ, voulant accomplir dans toute << la sincérité du cœur, la volonté de Dieu. Obéissez« leur donc de bon gré comme au Seigneur et non <«< comme aux hommes (1).

[ocr errors]

Enfin, en écrivant à son disciple bien-aimé, saint Timothée, le grand Apôtre lui recommande d'offrir à

(1) « Servi, obedite dominis carnalibus cum timore et tremore, <«< in simplicitate cordis vestri, sicut Christo. Non ad oculum a servientes, quasi hominibus placentes, sed ut servi Christi, « facientes voluntatem Dei ex animo, cum bona voluntate servientes, sicut Domino, et non hominibus (Ad Ephes., c. VI). »

[ocr errors]

Dieu des supplications et des prières pour tous les hommes en général, et pour les rois et pour tous ceux qui occupent un rang élevé dans la société religieuse ou politique en particulier; car cela est, dit-il, fort agréable au Seigneur Jésus-Christ: Obsecro primum omnium fieri supplicationes et orationes pro omnibus hominibus; pro regibus et omnibus qui in sublimitate sunt (I Timoth. II). Ainsi, c'est encore un devoir pour l'homme chrétien de solliciter par d'incessantes prières le secours d'en haut; non-seulement pour ses parents et ses supérieurs ecclésiastiques, mais encore pour tous les pouvoirs civils de qui ils dépendent, afin qu'ils soient ce qu'ils doivent être pour faire le bien de leurs sujets, car c'est de la sage conduite des chefs que dépend l'ordre et le bonheur de l'Église, de la famille et de l'État: Regis ad exemplum totus componitur orbis.

Nous ne finirions jamais, si nous voulions reproduire et exposer ici tous les passages de l'Écriture sainte concernant l'origine divine du Pouvoir politique et la grandeur de ses fonctions. Mais ce que nous venons de citer suffit et au delà pour apprendre à des chrétiens que cette vérité est l'un des dogmes les plus importants et les plus splendides de la religion de l'Évangile. Comme tous les autres dogmes de cette religion, le dogme de l'origine divine du Pouvoir, infailliblement certain en vertu de la révélation divine, est aussi éminemment croyable par des arguments purement rationnels et humains: Testimonia tua credibilia facta sunt nimis. C'est ce qui nous reste encore à voir. Nous allons donc le prouver par la raison, après l'avoir établi par l'autorité.

§ 23. Trois arguments en faveur de l'origine divine du Pouvoir, tirés 1o de ce que la société est une institution divine; et 2o de ce que le Pouvoir public a la même origine que le Pouvoir paternel, et que toute paternité vient de Dieu. - Conséquences impies de la négation de l'origine divine de la paternité. Troisième argument, résultant de ce que la souveraineté est une dignité divine en tant qu'elle exerce une fonction divine.

Il a été prouvé plus haut que la société civile n'est pas une invention humaine mais une institution divine. S'il en est ainsi, tout ce qui est essentiellement nécessaire à l'existence de la société civile est dans la pensée de Dieu, est voulu de lui, a sa raison en lui, comme cette société elle-même. Puisque donc aucune société ne saurait exister sans un Pouvoir, et que le Pouvoir, comme on l'a vu déjà (§ 1), est de l'essence même de la société; il est évident que tout Pouvoir a sa raison dans la volonté de Dieu, est d'origine divine, et qu'en disant que toute autorité vient de Dieu : Omnis potestas a Deo est, saint Paul nous a révélé que ce dogme chrétien est aussi une vérité logique, résultant de la nature même qu'il a plu à Dieu de donner à l'homme, et des principes naturels de tout ordre social.

En second lieu, l'origine et la nature de la paternité nous amènent à la même conclusion.

Le rédacteur du code Frédéric, Coccejii, avait donné ces trois raisons de l'autorité paternelle : 1o parce que les enfants naissent dans une maison dont le père est le maître; 2o parce qu'ils sont membres d'une famille dont le père est le chef; et 3° parce qu'ils sont une partie de son corps. Mais ayant oublié la grande doctrine de saint Paul, que toute paternité au ciel et sur

la terre est de Dieu, et que l'autorité du père sur ses enfants a sa première raison dans la volonté du Dieu créateur qui la lui a donnée : A quo omnis paternitas in cælis et in terra nominatur, les trois raisons de l'autorité paternelle, que le protestant Coccejii n'avait cherchées que dans l'ordre matériel, ont paru à l'épicurien Bentham fausses et insuffisantes; le droit du père lui a paru une expression qui manque de justesse, et vite il y a substitué son principe de l'utilité générale, qui pour lui est le fondement de toute justice et de tout droit; tout autant que, comme nous l'apprend Horace, il l'avait été pour les anciens épicuriens ses maîtres et ses pères Atque ipsa utilitas justi prope mater et æqui. C'est grossier, comme on le voit, c'est ignoble, mais c'est logique. En mettant Dieu de côté, il est impossible d'établir aucune espèce d'autorité de l'homme sur l'homme. Bien plus, sans l'intervention divine, il est impossible, comme l'a si bien fait remarquer M. de Bonald, d'établir même le principe de l'utilité générale (1). Ce principe ne peut obliger qu'en tant qu'il est une loi générale, et il ne peut être une loi générale, faisant taire le principe de l'utilité particulière, qu'er tant qu'il ait été érigé en loi générale par un législateur général, qui n'est et ne peut être que Dieu. Seul, l'Auteur de tous les êtres, veillant à la conservation de

[ocr errors]

(1) << Bentham met à la place le principe de l'utilité générale. « Il a raison, s'il l'entend de la conservation des êtres; mais il » s'arrête là, et ne sent pas qu'il y a une raison nécessaire de cette conservation, autre que notre plaisir ou notre peine, et que « toutes les nécessités ne se trouvent que dans l'Être nécessaire, « auteur de la création, et par conséquent législateur de la con«servation (Législ. primit., p. 231). »

ses œuvres, a pu faire une loi générale pour leur conservation, la première de leurs utilités, et obliger les êtres intelligents à la respecter et à s'y soumettre même au prix de leur utilité personnelle; et de là les devoirs de la paternité, qui forment le droit des enfants, et les devoirs des enfants qui forment le droit de la paternité. En partant du même principe : que l'autorité est conférée par le sujet, Hobbes a refusé toute autorité, non-seulement aux pères de famille, mais à Dieu lui-même, en donnant cette raison dont l'impiété le dispute au ridicule : parce que les hommes n'ont conféré à Dieu aucune autorité sur eux (1).

Guidé par le simple bon sens et par la raison, Aristote a établi que l'autorité, qu'elle soit royale, civile ou domestique, est toujours la même (2); outre Aristote, Homère, Hésiode, Hérodote, Platon, Cicéron, Pline, Strabon, Hellanicus, Cadmus de Milet et Josèphe Hébreu, pensent que l'autorité politique n'est que l'extension de l'autorité paternelle et n'a son principe et sa raison que dans la nature, c'est-à-dire en Dieu. Chez les Chinois c'est un principe aussi ancien que leur monarchie, que l'État n'est qu'une grande famille, comme la famille n'est qu'un petit État. Ils appellent leur empereur PÈRE-MÈRE (HUC, Voyage en Chine); sans doute pour indiquer les qualités de fermeté et de bonté,

(1) « Deus nullam super homines potestatem habet, quia ho<< mines nullam Deo potestatem contulerunt (HOBBESIUS, De cive, « c. XIV, § 19).

[ocr errors]

(2) Hanc seu REGIAM, seu CIVILEM, seu FAMILIAREM, quis nominet disciplinam, nihil interesse putamus (De repub., lib. VII).

« PoprzedniaDalej »