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des enfants envers leurs parents, et le dévouement des parents envers leurs enfants. Là où cette loi divine est méconnue et foulée aux pieds, le père n'est qu'un tyran, la mère une servante, et les enfants des esclaves; rien ne peut garantir le bien-être et la vie de la femme et des enfants contre le despotisme du père, ni la vie du père contre la révolte de la femme et des enfants; la force et le plaisir font tout le droit, la haine remplace l'amour, l'égoïsme le dévouement: il y a donc désordre, misère, barbarie.

Il en est exactement de même dans toute grande famille ou dans tout État où l'on fait bon marché de la loi divine, ordonnant au sujet d'être soumis au Prince comme au lieutenant de Dieu, et au Prince de regarder et de traiter ses sujets comme les enfants de Dieu. Un tel État est exposé à tous les désordres du despotisme et de l'anarchie, est un État où rien n'est stable, parce que rien n'est juste, est un État barbare; et l'histoire nous apprend que la barbarie des familles et des États est en raison directe de l'ignorance et de la violation de la loi divine. C'est pourquoi les peuples déchus jusqu'à l'état sauvage, par l'ignoranee et la violation complète de cette loi, finissent par se faire la guerre entre eux et par se détruire par l'anthropophagie.

Mais, faire connaître la loi divine par l'enseignement ou par la prédication, et en faciliter l'accomplissement par la dispensation des mystères de Dieu (saint Paul), ce n'est que le rôle du Pouvoir religieux. Or, puisque la nature ne fait jamais défaut par rapport à ce qui est nécessaire: Natura nunquam deficit in necessariis, dit saint Thomas, en créant l'homme, nous le répétons, Dieu se fit en même temps son Pontife, son Docteur,

son Roi aussi bien que son Père, et il l'investit de ces mêmes dignités à l'égard de ses descendants, afin que l'humanité, commençant à ce premier homme, ne demeurât pas un seul instant en dehors de l'action sanctificatrice, qui (ainsi qu'il a plu à son Auteur) est la condition et la loi souveraine de son existence, de son développement et de sa perfection.

Au fur et à mesure que la première famille, se multipliant en familles, forma un État, et que le premier État, se multipliant en États, forma la confédération du genre humain, les fonctions du Pouvoir social, qui, au commencement, s'étaient trouvées réunies en une seule et même personne (en Adam et plus tard en Noé), commencèrent à être exercées par des personnes spéciales. La fonction de reproduire et d'élever les individus demeura au Pouvoir domestique, la fonction de veiller à la conservation des individus et des familles au Pouvoir public, et celle d'enseigner et de sanctifier les individus, les familles et les nations, au Pouvoir religieux. Ainsi donc, comme le Pouvoir public exerça toujours son action conservatrice sur les individus et sur les familles, de même le Pouvoir religieux exerça toujours son action sanctificatrice sur les individus, les familles et les nations. Et de même que les individus et les familles sont naturellement sous l'autorité publique du prince, de même les individus, les familles et les nations, sont naturellement sous l'autorité religieuse du Pontife. Il suit de là que, comme ce sont les mêmes familles qui, en restant familles, forment un État, en tant qu'elles sont soumises au même Pouvoir politique, de même ce sont les mêmes États qui, en restant États, forment l'association de tout ou d'une

partie du genre humain, forment l'Église, en tant qu'ils reconnaissent le même Pouvoir religieux; et que, par conséquent, comme les familles réunies par l'obéissance au même pouvoir politique ne sont pas réellement distinctes et en dehors de l'État, de même les États réunis par l'obéissance au même Pouvoir religieux ne sont pas réellement distincts et en dehors de l'Église. Mais, comme les familles soumises au même prince sont dans l'État, les États soumis au même pontife sont dans l'Église. C'est l'ordre admirable d'après lequel Dieu a classé les êtres sociaux; c'est la loi et la condition essentielle de leur existence et de leur bien-être; c'est l'histoire véritable de la société humaine; et tout ce que les publicistes de l'épicuréisme et de la matière ont, à grands frais d'imagination, rêvé en dehors de tout cela, n'en est que le roman.

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Éloge

§ 3. Suite du même sujet. — L'importance et la vérité de la définition: LA SOCIÉTÉ EST LA CONCORDE DES INTELLIGENCES UNIES ENTRE ELLES PAR LA SOUMISSION AU MÊME POUVOIR, prouvées par les fâcheuses conséquences résultant de leur oubli. — de M. le Vicomte de Bonald et de l'esprit de ses travaux. Regrets que, sous l'influence des préjugés gallicans, il n'ait reconnu au Souverain Pontife qu'un Pouvoir purement ministériel dans l'Église. · Erreur et danger de cette doctrine.

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Maintenant, afin de faire mieux comprendre la justesse, l'importance et la nécessité de ces principes et de ces lois de l'ordre social, nous allons signaler quelques-unes des conséquences fâcheuses dans lesquelles est tombé le plus grand publiciste catholique de nos jours pour les avoir méconnues.

Nous nous faisons un devoir de reconnaître que

M. de Bonald a été le premier publiciste des temps modernes qui se soit appliqué à rechercher en Dieu l'origine, la nature et les lois de toute société humaine; le premier publiciste qui ait eu la grande et salutaire pensée de donner à la politique la religion pour base (1), de découvrir les rapports les plus mystérieux

(1) Voici dans quels termes ce grand homme a lui-même révélé ce caractère religieux, ce point de départ élevé et ce noble but de tous ses travaux politiques :

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« Et qu'on ne m'accuse pas de faire de la religion une affaire « de politique, dans l'acception qu'on donne communément à «< cette expression. Sans doute je fais de la religion une affaire de la politique, et même la première et la plus importante « affaire de la politique, parce que je fais de la politique une "grande et importante affaire de la religion. Je ne considère la << religion en homme d'État que parce que je considère la poli«tique en homme religieux, et que regardant la religion comme « le pouvoir suprême (par ses lois et non par ses prêtres), et le gouvernement comme son ministre, je pense qu'ils doivent « être indissolublement unis, comme l'époux et l'épouse, pour concourir ensemble à la fin unique de la grande famille, qui « n'est pas tout à fait, comme l'enseignent une politique de « comptoir et une morale de théâtre, de multiplier les hommes « et de leur procurer des richesses et des jouissances, mais, avant tout, de les faire bons pour les rendre heureux (Mélang., t. I, p. 142).

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Oh! qu'ils sont rares de nos jours les hommes d'État qui, à l'exemple de celui qu'on vient d'entendre, se placent au ciel pour instruire la terre et empruntent à Dieu sa parole pour parler à l'homme. Sur la porte du cabinet de la plus grande partie des hommes d'État modernes, on pourrait, au contraire, écrire ces mots du Prophète : « Ils n'ont point placé Dieu devant leurs yeux Non proposuerunt Deum ante conspectum suum. » C'est pour cela que l'Europe est si tranquille et les peuples si heureux !...

et les plus profonds, entre le dogme du christianisme et les principes sociaux; et qui par là, auteur et fondateur de l'école d'un droit public vraiment catholique, a bien mérité du catholicisme et de la société. Cette justice, que nous aimons à rendre ici à ses nobles travaux, nous donne le droit de signaler l'endroit de ces mêmes travaux où il a paru s'écarter, pendant quelques instants, de la voie large et sûre qu'il s'était tracée; et cette indication est d'autant plus importante que ses écarts pourraient plus facilement être imités, en raison même de l'orthodoxie, d'ailleurs incontestable, de celui qui se les est permis, et de l'imposante autorité de son nom. Mais cela ne nous empêchera pas de le citer dans le cours de cet ouvrage avec tous les éloges qui lui sont dus, et de confirmer nos doctrines par l'originalité de ses aperçus et par l'éclat de ses témoignages.

Esprit net, pénétrant, solide, s'éclairant au flambeau du christianisme; âme noble, généreuse, élevée, puisant ses émotions aux pratiques de la foi, et ayant à sa disposition une érudition immense, une connaissance profonde des hommes et des choses, un style simple, facile, élégant et riche de tous les charmes de la poésie; M. de Bonald était l'homme capable de restaurer, au dix-neuvième siècle, la philosophie et le droit public chrétien, que les trois derniers siècles d'enseignement païen avaient fait presque entièrement disparaître même des écoles catholiques.

Mais il est bien rare que même le génie, triomphant de toutes les erreurs, parvienne à se mettre audessus de tous les préjugés. M. de Bonald a payé, lui aussi, ce tribut à la faiblesse humaine, et de même qu'un reste de préjugés cartésiens a, comme nous l'avons

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