Obrazy na stronie
PDF
ePub

conditions essentielles, nécessaires, de toute liberté politique; ils ne font que ramasser tous les éléments du régime dictatorial et despotique; et un jour la postérité, à laquelle ils n'auront légué que des crimes et des ruines, dira que ces faux libéraux et ces faux républicains ont tué toute république et toute liberté, et elle inscrira leurs noms dans l'affreux catalogue des ennemis du véritable progrès, des destructeurs de la vraie civilisation et des fléaux de l'humanité.

CHAPITRE V.

DE LA DIGNITÉ ET DE L'ORIGINE DIVINE DU POUVOIR PUBLIC.

§ 19. La vérité ne se trouve que dans une espèce de juste milieu entre deux erreurs opposées.-État de la question sur la dignité et l'origine du pouvoir.-Marche à suivre dans cette discussion.

La vertu est en quelque sorte la vérité du cœur, et

la vérité est en quelque sorte la vertu de l'esprit. Comme donc la vertu ne se trouve que dans l'union de ce qu'il y a de bien dans deux excès contraires, la vérité ne se trouve à son tour que dans l'union de ce qu'il y a de vrai dans deux erreurs contraires.

Ainsi l'athéisme soutient qu'il n'y a pas de Dieu dans toute la nature; le panthéisme prétend que dans la nature tout est Dieu; la vérité donc touchant Dieu est que rien dans la nature n'est Dieu hors de Dieu luimême, et que, au contraire, tout s'y fait par la puissance de Dieu, qui a communiqué à toutes ses créatures la grande prérogative d'être causes de leurs effets; d'être causes secondes, restant, lui, la PREMIÈRE CAUSE, la cause suprême et universelle de tout.

L'idéalisme affirme que l'homme n'a que dans son esprit toutes les idées, et qu'il n'est qu'esprit. Le matérialisme veut, au contraire, que toutes les pensées de l'homme ne soient qu'un jeu des sens, des sensations transformées (CONDILLAC), et que l'homme n'est que corps. La vérité donc, par rapport à la nature de

l'homme, est que c'est lui qui se forme ses idées par son esprit, mais à l'occasion des fantômes matériels qui lui sont fournis par le corps, et qu'il est en même temps esprit et corps.

Le fatalisme nie le libre arbitre de l'homme, et il attribue à l'action immédiate et exclusive de Dieu tous les actes humains. Le naturalisme, au contraire, rapporte toutes les actions de l'homme à son libre arbitre, à l'exclusion de tout secours de Dieu (M. JULES SIMON). La vérité est donc que l'homme est parfaitement libre dans le choix du bien ou du mal, mais qu'il ne fait l'un et n'évite l'autre que par le concours de la grâce de Dieu.

L'arianisme conteste à Jésus-Christ la nature divine; l'humanitarisme lui conteste la nature humaine. La vérité est donc que Jésus-Christ est en même temps Dieu et homme, comme l'homme est en même temps âme et corps.

L'origénisme affirmait que l'Écriture sainte ne renferme rien d'historique et que tout y est prophétie, figure et allégorie; le manichéisme, au contraire, soutenait qu'il n'y a pas de prophéties et de figures dans les Livres saints, et qu'ils ne renferment que des histoires purement humaines. La vérité est donc que la Bible n'est le LIVRE par excellence que parce qu'elle est le vrai dépôt des inspirations divines, et le seul livre où tout est en même temps historiquement vrai et mystérieusement prophétique.

Or il en est de même dans l'ordre politique; l'esprit humain, en voulant s'en rendre compte, est tombé en deux erreurs opposées : ce sont l'ABSOLUTISME, ou le système que le pouvoir politique vient uniquement,

immédiatement et exclusivement de Dieu; et le système RÉVOLUTIONNAIRE, établissant que ce Pouvoir n'est que le fait de l'homme, et qu'il est une invention purement humaine. La vérité est donc que le Pouvoir politique vient de Dieu, parce que c'est une institution divine, mais qu'il n'est immédiatement conféré aux princes que par la communauté parfaite ou par le peuple.

Dans le premier des discours auxquels cet Essai sert d'éclaircissement, nous avons démontré par toute espèce de preuves combien cette doctrine est fondée; mais là, ces preuves ont pu à peine être indiquées. Il est donc de la plus haute importance que nous leur donnions ici un plus grand développement dans l'intérêt de la conciliation de deux puissants partis qui, sur ce terrain, se font mutuellement une guerre acharnée; car, à y bien réfléchir, la question politique qui s'agite actuellement en Europe, et de la solution de laquelle dépend son avenir, n'est que la question sur l'origine du Pouvoir.

Nous nous trouvons sur cette question en présence de deux espèces d'adversaires d'un côté, ce sont les partisans de la théorie révolutionnaire, qui n'attribuent l'institution du Pouvoir public qu'à l'homme, à l'exclusion de toute intervention de Dieu; et, de l'autre côté, ce sont les absolutistes, pour qui ce Pouvoir n'est conféré que par la grâce de Dieu, à l'exclusion de tout concours de l'homme.

Nous allons donc combattre ceux-là, en leur prouvant que tout pouvoir politique, quels que soient sa forme et son nom, a sa raison première et son fondement en Dieu; et nous allons convaincre ceux-ci que ce même Pouvoir, dont Dieu est la source, n'est immédiatement conféré aux princes que par la société.

Ce sont les graves et importantes discussions dans lesquelles nous allons entrer dans les paragraphes suivants, et par lesquelles nous espérons résoudre le grand et redoutable problème sur l'origine du Pouvoir politique.

§ 20. Toutes les vérités de l'ordre politique, aussi bien que toutes les vérités de l'ordre religieux et moral ont été révélées à l'homme dès l'origine du monde. C'est par ce moyen que le genre humain a connu la grandeur et l'origine divine du Pouvoir politique. Magnifiques passages tirés de l'Ancien Testament, dans lesquels Dieu a renouvelé et confirmé cette même révélation.

En créant l'homme, Dieu, dont les œuvres sont parfaites, ne le livra pas à lui-même, ne le condamna pas à l'ingrat et stérile labeur de chercher et de trouver, par ses seuls efforts, ce qu'il devait savoir pour se conserver et développer comme être physique, comme être moral et comme être intellectuel. Comme ces connaissances lui furent nécessaires dès le premier instant, c'est dès le premier instant qu'elles lui furent communiquées. Dans l'acte même de la création, non-seulement Dieu indiqua à l'homme les moyens de se nourrir pour maintenir la vie du corps; non-seulement il daigna l'enrichir de sa grâce, dont la possession fait la vie de l'âme, mais il l'instruisit encore de toute vérité dont la connaissance forme la vie de l'esprit.

Bien plus encore, la société étant une institution divine, et Dieu ayant destiné l'homme à vivre en société, non-seulement il lui révéla toutes les vérités religieuses, mais encore toutes les vérités sociales.

C'est donc à l'école de Dieu que les premiers hommes

« PoprzedniaDalej »