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On sait à quoi les Mormons ont réduit le mariage; on sait que ces chrétiens d'une nouvelle espèce ont reproduit sur la plus vaste échelle la polygamie des Turcs, avec la stabilité de moins et le concubinage de plus. Mais on ne sait pas, ou au moins on ne le sait pas assez, que sous l'influence du protestantisme (protestant contre tous les devoirs, après avoir fini par protester contre toutes les croyances), la morale des Mormons est très-répandue aux États-Unis, et que leurs mœurs excitent plus de sympathie que de dégoût au sein même du Congrès national. Pour réduire les Mormons non pas au respect de la loi de l'Évangile, mais à l'obéissance du Pouvoir fédéral, c'est-à-dire non pas dans un intérêt moral, mais dans un intérêt d'argent, le président Buchanan a demandé au Sénat une augmentation de cinq mille hommes dans l'armée de la république. Eh bien, cette augmentation vient d'être refusée par 35 voix contre 16. Veut-on savoir la raison de ce vote? La voici, telle qu'un témoin non suspect, le Hérald de New-York, du 3 mars, vient de nous la révéler.

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« Nous craignons, dit-il, que la véritable cause de l'opposition des sénateurs du Nord ne soit une honteuse sympathie pour les Mormons et pour leur scandaleux << système de polygamie et de concubinage. Depuis les prédications de Fanny Wright et de Robert Owen << en faveur de la reconstruction de la société sur les <«< bases du Libre amour, ces funestes doctrines ont été « prônées sous toutes les formes dans la Nouvelle<«< Angleterre. Les phalanges fouriéristes, les sociétés <«< abolitionistes d'amalgamation, les conventions des << droits de la femme, les Blowmers, les cercles spiri

«tualistes et les clubs du Libre amour ont été à « l'ordre du jour, depuis le Massachusetts jusqu'au « Wisconsin. Les puritains ont partout attaché le gre

lot, et l'histoire du Rev. Kulloch prouve que beau<«<coup de leurs saints ministres ne sont que des << Mormons déguisés. Cette sympathie cachée pour les << Mormons a exercé son influence sur le vote du sénat. << Le mormonisme, tel qu'il existe dans l'Utah, est un << tronc que l'on ne veut pas déraciner, parce que « l'on espère y greffer des institutions de même na«<ture à l'usage des réformateurs sociaux de la Nou« velle-Angleterre. >>

Une autre preuve encore plus frappante de la profonde immoralité où est tombé ce pays, c'est l'état précaire auquel on a réduit le mariage. En effet ainsi que les plus graves feuilles publiques de ce pays viennent de l'apprendre à l'Europe, qui ne s'en doutait pas, la plaie du divorce s'étend comme un cancer aux États-Unis. Dans le Missouri, la loi a accordé aux cours de justice le pouvoir de séparer ceux que Dieu a unis. Chaque cour tient deux sessions dans l'année; à chaque session elle se trouve accablée de demandes, tendant à obtenir la dissolution d'unions mal assorties, et il va sans dire qu'elle fait droit au plus grand nombre de ces pétitions. Dans l'Iowa, les lois sont encore plus relâchées sur ce point qu'au Missouri, parce que par cette clause: Il est permis au juge de prononcer la dissolution du mariage, lorsque dans son opinion il croira le divorce convenable, le sort du contrat le plus solennel et sur lequel repose l'existence de la famille et de la société, est abandonné à la discrétion d'un juge nommé par des électeurs d'une moralité rien moins que sévère. Dans l'Ohio, la cour de

Cincinnati eut à statuer dans un seul jour (le 8 février) sur cent cinquante-sept demandes de divorce. Dans un seul comté de l'Indiana, celui de Fortwein, le 24 février, sur trente-quatre demandes de dissolution de mariage, la Cour en a accordé vingt. En Californie la moralité publique est dans un état encore plus effrayant; naguère la feuille officielle de la localité a publié que dans une seule semaine, dans une seule ville, on a célébré quatre mariages et prononcé dix divorces. Les journaux les plus sérieux des États-Unis sont unanimes pour s'effrayer de l'avenir que prépare à cette république cette violation systématique et dévergondée de la loi chrétienne. Celui-ci se plaint que la facilité avec laquelle le divorce peut être obtenu est une prime offerte à l'infidélité conjugale et à la destruction de la famille, et que des États entiers sont devenus les Botany-Bay des mauvais maris et des femmes coupables. Celui-là déplore l'accroissement d'immoralité résultant de la facilité pour les parties d'obtenir le divorce pour des causes légères et sous les prétextes les plus frivoles. Ici l'on crie que si on laisse les choses marcher comme elles le font, les cours de justice ne suffiront plus pour démarier ceux qui se seront précipitamment mariés; là on s'effraye de voir le mariage ayant perdu sa sainteté et n'étant devenu qu'une simple union à l'essai, ou une occasion de satisfaire une passion temporaire, et cela à cause de l'indifférence avec laquelle les lois et ceux qui les appliquent permettent d'en briser les liens.

Ainsi, se développant toujours davantage, le protestantisme a dans ce pays aussi agrandi démesurément la brèche qu'il avait faite dès le commencement

au mariage chrétien. En lisant ces détails, on croit lire le satirique de Rome païenne nous affirmant que de son temps le divorce annuel était tellement passé dans les mœurs, que les femmes comptaient leurs années par le nombre de leurs maris. A moins donc que cet horrible dévergondage des mœurs dans le peuple américain ne soit arrêté par la propagation rapide du catholicisme, cette république, corrompue comme celle de Rome, finira infailliblement de la même mort, et méritera qu'on écrive sur son tombeau cette même inscription qu'on avait posée sur le tombeau de la république romaine :. « Ce n'est pas la guerre, mais c'est la luxure qui, plus «< cruelle que les armées ennemies, l'a tuée, et qui par « là a vengé la partie du monde qu'elle avait conquise: « Sevior armis, luxuria incubuit, victumque ulciscitur « orbem. »

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§ 18. Ravages que le protestantisme a exercés aux États-Unis. Ces États périront plutôt par la perte de toute morale et de toute foi que par la forme de leur gouvernement. La liberté n'est possible que chez les peuples fidèles à la loi de Dieu. Ce qu'est un peuple vraiment chrétien au point de vue politique. Се n'est qu'en embrassant le christianisme que les peuples ont pu acquérir une nationalité libre. — Le Paraguay. Un nouvel État libre fondé de nos jours pas les missionnaires. — Point de catholicisme, point de liberté. Les ennemis du catholicisme sont les vrais ennemis de toute liberté.

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Or il est certain qu'attendu la grande diversité, au point de vue de leur origine, de leurs intérêts et de leurs habitudes, les États-Unis, en se détachant de la mère patrie, ne pouvaient mieux se constituer que

comme ils l'ont fait, en une république d'États confédérés, et que la forme républicaine du Pouvoir est celle qui leur convient le mieux. Si donc cet État vient à tomber, ce ne sera guère par le vice de sa constitution politique, car cette constitution est en parfaite harmonie avec sa nature, ses instincts et ses besoins; mais ce sera par le naufrage qu'elle aura fait touchant la foi et les

mœurs.

Bossuet et Leibnitz avaient prédit que le dernier mot du protestantisme serait l'athéisme; car le principe du libre examen et de la liberté absolue de la conscience et de la raison est le dissolvant le plus puissant de toute religion. Ce principe essentiel du protestantisme s'est développé aux États-Unis d'une manière plus rapide à l'aide du principe de la liberté politique absolue en matière de religion; il y a engendré par milliers les sectes les plus extravagantes et les plus hideuses; il a ôté aux croyances et aux devoirs qui en résultent toute consistance et toute stabilité; il y a fait de la religion l'expression de l'opinion et du sentiment du jour, qui, le jour suivant, font place à une opinion et à un sentiment nouveau; et il a fini par jeter ces masses d'hommes, affranchis de toute règle de foi, dans l'indifférence la plus complète en matière de religion, dans l'oubli absolu de la vie future et dans un empressement fiévreux de se procurer le plus de bien-être possible pour la vie présente.

Or, un peuple descendu si bas dans l'ordre religieux et moral ne saurait longtemps exister à l'état de société politique, jouissant de l'ordre et de la liberté; et, dans un avenir plus ou moins éloigné, sa dissolution est inévitable, eût-il la constitution la plus heureuse et

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