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Ailleurs, d'après la remarque du même interprète, l'Écriture sainte appelle montagnes et collines les princes et les magistrats, parce qu'ils s'élèvent audessus du peuple, le rendent heureux par leurs bienfaits et le défendent par leur puissance, comme les montagnes et les collines s'élèvent au-dessus des terres, les fertilisent par leurs eaux et les protégent par leur ombre (1).

On comprend aussi que par ces mots : « Il a dissous «<les nations, car les montagnes du siècle ont été bri«sées: Dissolvit gentes et contriti sunt montes sæculi (HABAC. 3),» le prophète Habacuc a voulu dire que la destruction des princes est la dissolution des peuples; et l'on comprend encore pourquoi David a dit : « Que << c'est des montagnes et des collines, c'est-à-dire des « pouvoirs qui les régissent, que descendent sur les peuples la justice et la paix : Suscipiant montes pacem « populo et colles justitiam (Ps. 71). » Encore, l'Écriture appelle les pouvoirs publics les fondements de la terre, parce que, ajoute l'interprète précité, l'édifice social tout entier repose sur le Pouvoir public, comme tout édifice sur ses fondements. C'est encore pour cela que dans l'idiome grec tout roi est appelé Basileus, à savoir << la base du peuple (2) ».

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« catur paxillus, Isaiæ, XXII. Ita a Machabæis pendebat populus « judaicus, a Christo et Apostolis populus christianus (Id., ibid.). » (1)« Symbolice per montes et colles Propheta (Michea) intelli« get principes et magistratus, qui in populo eminebant sicut « montes in terra (A LAPIDE, in VI Mich.).

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(2)« Iidem sunt fundamenta terræ, quia populum sustinent « quasi fundamenta, quocirca rex Grecia dicitur basis populi (Id., ibid.). › >>

Il est dit enfin dans les Livres saints que les gonds de la terre sont au Seigneur, et que c'est lui qui a posé le monde dessus : Domini sunt cardines terræ, et posuit super eos orbem (I Reg. 2). Or, d'après les interprètes, ces belles paroles sont d'une rigoureuse vérité au sens moral aussi bien qu'au sens physique, c'est-à-dire que les Pouvoirs humains, ces vrais gonds sur lesquels porte toute société, sont l'œuvre du conseil et de la volonté de Dieu, et ne sont établis que par lui.

Mais il ne faut pas oublier que dans la science sociale les mots Pouvoir public n'indiquent point le Pouvoir monarchique proprement dit, mais bien toute espèce de pouvoir de la société civile, quels que soient son nom et sa forme.

Car, comme l'a remarqué le plus grand des théologiens de l'Église depuis saint Thomas, le grand docteur Suarez, la forme monarchique n'est pas absolument nécessaire au gouvernement et à la conservation d'un État. Par conséquent, sous le nom de Pouvoir public, nous entendons ce qu'entend ce Docteur, et, d'après lui, Grotius lui-même, c'est-à-dire un tribunal suprême qui juge et qui n'est pas jugé, une autorité indépendante de laquelle tout dépend dans la société où elle existe : soit que ce tribunal ou cette autorité soient représentés par une seule personne naturelle, soit qu'ils résident dans un conseil ou dans la réunion de plusieurs, formant une personne morale ou le chef de l'Association (1).

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(1) « Nam ad regimen et conservationem civilis societatis humanæ, non est absolute necessarius unus monarcha. Et ideo, cum de uno principatu politico loquimur, unum tribunal << seu potestatem unam intelligimus : sive illa in una naturali

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§ 15. Il n'y a que deux formes de Pouvoir public: la forme мONARCHIQUE et la forme RÉPUBLICAINE. L'Angleterre n'est qu'une république. Les gouvernements CONSTITUTIONNELS de nos jours le sont aussi. Tout Pouvoir païen est essentiellement absolu, et tout Pouvoir chrétien est essentiellement tempéré. Des deux seules formes possibles de Pouvoir, aucune n'est essentiellement propre à la société politique. Il y a des circonstances dans lesquelles la forme monarchique seule, ou bien la forme républicaine seule, peut sauver l'État. - Pourquoi la république de 1848 n'a pas pu tenir en France.

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On vient de voir que la société de son droit (sui juris) ou la société parfaite ne perd jamais la souveraineté que Dieu lui a conférée; car, comme nous le démontrerons tout à l'heure par toute espèce de preuves, ayant en Dieu sa raison et sa base, la souveraineté politique ne réside que dans la communauté et n'est transmise que par elle, avec les conditions et dans les formes qu'il lui plaît. Or, selon la différence des conditions et des formes dans lesquelles la société délègue l'exercice de la souveraineté, dont elle garde toujours le droit et la propriété, le Pouvoir public à qui la souveraineté est confiée prend différents noms, et son gouvernement et la société qu'il régit, aussi.

Là où l'exercice de la souveraineté est déposé dans les mains d'une personne, physiquement une et mora

«< persona, sive in uno consilio, seu congregatione plurium, tanquam in una persona ficta, ut in uno capite, existant a (Defens. fidei, lib. 3, cap. 2). »

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« Summa potestas dicitur, cujus actus alterius juri non sub<< sunt (GROTIUS, lib. 3, cap. 7). »

lement plusieurs (4), le Pouvoir public prend le titre de monarque, son gouvernement s'appelle monarchie et la nation royaume ou empire. Là, au contraire, où l'exercice de la souveraineté est confié à un certain nombre de personnes, physiquement plusieurs et moralement une (2), c'est-à-dire à un conseil, à un sénat, ou à une assemblée quelconque, le Pouvoir public et son gouvernement est dit républicain, et la nation république. Et puisque la souveraineté ne peut être conférée qu'à une seule personne ou à plusieurs, il n'y a au fond que deux formes de souveraineté, et le Pouvoir public n'est que monarchique ou républicain.

Bien souvent les noms sont en contradiction avec la chose, et il y a des républiques qui ne sont que de vraies monarchies, et au contraire, des monarchies qui ne sont que de vraies républiques. La république romaine, par exemple, toutes les fois qu'elle proclamait la dictature, n'était rien moins que république; et sous les empereurs, tout en ayant gardé le nom de république et la création des consuls, elle n'a été qu'une véritable monarchie et même la plus unitaire et la plus absolue de toutes les monarchies.

Au contraire, la Pologne avait un roi et s'appelait un royaume; cependant, comme, électif par son origine et

(1) Parce que tout monarque recevant le Pouvoir de la société, et la représentant tout entière en lui-même, est en même temps multitude; et c'est pour cela que tout roi, dans ses actes publics, emploie toujours la première personne du pluriel et dit nous, et

non MOI.

(2) Parce que la souveraineté est une et indivisible, et même exercée par plusieurs on l'appelle le souverain, et elle-même parle et agit comme si elle n'était qu'un seul individu.

très-borné dans ses attributions, son roi ne pouvait presque rien sans la Diète et n'était en réalité que le Connétable et le premier ministre de la Diète, la Pologne n'était au fond qu'une vraie république aristocratique (1).

L'Angleterre a un roi et s'appelle le Royaume-Uni; cependant la souveraineté ne réside que dans le Parlement, et n'est exercée, dans ses plus minutieux détails, que par lui. «< Que peut le roi sans le Parlement ? disent les publicistes de ce pays, RIEN! Que peut le Parlement sans le roi? TOUT (2)! » En effet, le Parlement y est presque toujours en permanence. La plus petite diversité d'opinions entre lui et le cabinet oblige le roi à changer son ministère. Le roi y possède donc moins d'autorité que n'en avaient jadis les doges à Gênes et à Venise; il n'y est que le chef du Pouvoir exécutif, un personnage jouissant de la suprématie d'honneur sans la moindre juridiction, même sur son entourage; la royauté n'y est qu'une fiction, une enseigne et point une réalité, et rien n'est moins au roi que ce qu'on appelle le gouvernement du roi, l'armée du roi, la flotte du roi, etc. Quoi qu'il en soit donc de ces apparences et de ce langage monarchique, l'Angleterre n'est sim

(1) D'après les historiens, on choisissait à Carthage, tous les ans, deux individus qu'on appelait rois : Singulis annis bini reges creabantur. Or, ces prétendus rois jouissaient d'une autorité plus restreinte que celle des consuls à Rome, et Carthage n'en était pas moins une vraie république.

(2) Même changer la dynastie et constituer la religion: témoin la dynastie actuelle et les trente-neuf articles, car ces deux choses ne sont que des créations du Parlement.

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