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blic de civiliser la société qu'il préside, et des vrais moyens d'atteindre un pareil but. Nous tâcherons, à cet endroit, de redresser toutes les idées fausses que les publicistes modernes ont mises en circulation touchant la vraie civilisation, au grand détriment des peuples et même des pouvoirs qui les gouvernent. Nous prouverons par le raisonnement et par la science tout ce que nous n'avons pu qu'indiquer ici sur ce point; nous passerons en revue l'histoire des plus grands peuples anciens et modernes, et nous les chargerons de confirmer par les faits cette grande vérité de raison et de sens commun Que la vraie civilisation n'est que le rayonnement de la vraie religion, et que: Point de catholicisme, point de civilisation.

CHAPITRE IV.

DU POUVOIR PUBLIC EN PARTICULIER, ET DE SES DIFFÉRENTES

FORMES.

§ 14. Importance et nécessité du pouvoir en général, et du Pouvoir public en particulier. - Passages de Suarès, de saint Thomas et de l'Écriture sainte sur ce sujet. — Qu'est-ce qu'on doit entendre par les mots « Pouvoir public? »

D'APRÈS ce que nous avons établi dans le premier cha

pitre de cet ouvrage sur l'importance et la nécessité du Pouvoir pour la formation et l'existence de toute société, le Pouvoir est pour la société ce qu'est la clef de voûte ou de l'arceau dans les édifices. Cette clef paraît peser sur les pierres qu'elle surmonte, et cependant c'est sur elle que ces pierres s'appuient, c'est elle qui les maintient à leur place, et c'est par elle que ces mêmes pierres demeurent dans l'ordre architectonique qui en fait une voûte ou un arceau. Otez cette clef, et il n'y a plus ni arceau ni voûte, il n'y a plus que des pierres détachées, il n'y a plus que ruine. Et de même le Pouvoir, tout en paraissant être à charge à ses subordonnés, c'est cependant lui qui leur sert de support et qui les conserve dans l'ordre moral ou en société. Otez le Pouvoir, et il n'y a plus de société, il n'y a plus que des individus étrangers les uns aux autres, il n'y a plus qu'anarchie. Ainsi, sans le père ou une personne qui le remplace, il n'y a plus de famille; sans le souverain, il n'y a plus de nation; sans le Pape, il n'y a plus d'Église.

En appliquant cette doctrine, sur la nécessité et sur l'importance du Pouvoir en général, au Pouvoir public en particulier, le docteur Suarez a dit : «< Dans toute communauté parfaite, il est de toute nécessité qu'il s'y trouve un Pouvoir qui la gouverne. Or, la nature ne fait jamais défaut par rapport aux choses absolument nécessaires; donc l'existence d'un Pouvoir dans la communauté parfaite pour la gouverner et pour la mettre à l'abri de tout désordre, est conforme à la raison et au droit naturel, autant que la société elle-même (1) ». C'est-à-dire que l'existence du Pouvoir est dans les exigeances de la nature, est une loi naturelle.

A cet endroit le docteur Eximius n'a fait que suivre et commenter saint Thomas; car c'est l'Ange de l'école qui avait indiqué pour raison a priori de la nécessité du Pouvoir public, celle-ci : « Que nul corps ne saurait se conserver sans un principe quelconque chargé de le diriger vers le bien et de l'y maintenir; et que c'est là une loi certaine par rapport à tout corps naturel, et confirmée par l'expérience par rapport aux corps politiques. La raison en est évidente, poursuit le grand et digne interprète de saint Thomas; car les membres privés du corps social ne cherchent avant tout que leurs avantages particuliers, qui bien souvent sont en opposition avec le bien commun; et, d'autre part, bien

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(1) « In communitate perfecta necessaria est potestas ad quam spectet gubernatio communitatis. Natura autem non deficit in necessariis; ergo sicut communitas perfecta est rationi et naa turali juri consentanea, ita et potestas gubernandi illam, sine « qua esset summa confusio in tali communitate (De legibus, lib. III, c. 1).

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des choses sont nécessaires à ce bien commun qui ne touchent en rien les individus, ou qui, si elles les touchent, ne le sont que dans un intérêt tout particulier et non dans un intérêt commun. Il est donc absolument nécessaire que dans toute communauté il se trouve un Pouvoir, chargé de s'occuper du bien commun et de le procurer (1).

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Nous trouvons dans les Livres saints toute cette doctrine, résumée dans ces deux mots : Là où il n'y a personne qui gouverne, le peuple tombe en dissolution: Ubi non est gubernator corruet populus (Prov. II). Ce qui a fait dire à saint Jean Chrysostome: Si la société politique n'était point gouvernée par un Pouvoir quelconque, les hommes deviendraient plus féroces que les bêtes féroces elles-mêmes : ils ne se mordraient pas seulement, ils se dévoreraient les uns les autres (2).

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Sixte-Empirique rapporte que chez les anciens

(1) « Ratio a priori necessitatis potestatis publicæ, quam divus << Thomas tetigit in dicto opusculo (De reg. princ.), hæc est, quia nullum corpus potest conservari nisi sit aliquod principium ad quod pertineat procurare et intendere commune bo« num ejus, ut in corpore naturali constat, et in politico docet experientia. Et ratio clara est, quia singula privata membra « privatis commodis consulunt, quæ sæpe contraria sunt bono communi; et interdum multa sunt necessaria communi bono « quæ ad singulos non ita pertinent; et quamvis interdum pertineant, non procurant ea quæ communia, sed quæ propria << sunt; ergo in communitate necessaria est publica potestas, ad « quam ex officio pertineat commune bonum intendere et pro«< curare (Id., ibid.).

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(2) «< Nisi rectores civitatum essent, feriores feris viveremus : « vitam non mordentes tantum, sed vorantes alios alii (Tom. VI Oper.). »

Perses, le roi venant à mourir, on laissait le pays sans gouvernement et livré à lui-même pendant cinq jours, afin qu'instruits par le désordre et les malheurs de cet état d'anarchie, les citoyens appréciassent mieux la nécessité du Pouvoir public et se soumissent plus volontiers au nouveau roi.

On comprend aussi par là pourquoi dans les Livres saints, où toute grande vérité est énoncée avec une simplicité et une grâce particulières, le Pouvoir public est appelé l'angle de l'édifice et le clou fixé aux murs de la maison: Ex ipso angulus, ex ipso paxillus (Zach. X). L'angle, dit saint Jérôme, représente bien le prince, car c'est par lui et en lui que les différentes parties de la république s'unissent ensemble, forment un tout et conservent leur solidité (1), comme les murs de l'édifice par l'angle et dans l'angle. La même idée est exprimée par la métaphore du clou; car comme c'est à ce clou, fixé à la muraille, qu'on suspend les armes ou les ustensiles domestiques, de même, dit Cornelius à Lapide, le peuple juif dépendait des Machabées, le peuple chrétien dépend du Christ, et toute société dépend du chef qui la régit, et c'est par lui qu'elle est maintenue dans l'ordre et qu'elle est empêchée de tomber en dissolution et de se disperser (2).

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(1) « Porro angulus metaphorice vocatur princeps, qui rem

publicam continet, stringit, prospicit et roborat, uti angulus « utrumque parietem in domo (Ap. A Lap., in Zachar. X). » (2) « Ex ipso paxillus. Idem dicit alia metaphora. Princeps « enim in republica est id quod angulus in fabrica, et quod " paxillus in pariete. Sicut enim paxillus est clavus infixus parieti, « ex quo arma et vasa quælibet suspensa pendent, ita a principe " omnis populus pendit, regitur et sustentatur. Sic Eliacim vo

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