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porte pas impunément atteinte à l'existence des nationalités complètes et parfaites, et que les princes qui se révoltent contre la constitution naturelle des peuples sont coupables et sont punis dans ce monde autant que les peuples qui se révoltent contre leurs princes légitimes.

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§ 13. Qu'est-ce que la société civilisée et la société barbare? - La nation juive a été la seule nation civilisée de l'antiquité. Comment les autres nations sont tombées dans la barbarie. Dans les temps modernes, les peuples catholiques sont les seuls peuples vraiment civilisés. — Le lecteur est prévenu que ce sujet sera traité plus amplement ailleurs.

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Enfin, la société politique est civilisée ou barbare. Elle est civilisée lorsqu'elle professe la vraie religion, et que cette religion se traduit par une législation également vraie dans l'ordre politique et civil. Une législation vraie n'est qu'une législation juste, respectant l'homme et les droits que Dieu lui a donnés. Sous une telle législation, une nation est donc vraiment civilisée, car la vraie civilisation n'est que le respect, l'amour, le dévouement de l'homme pour l'homme, passés dans les mœurs et établis dans les lois. Mais une société politique professant une religion fausse ne peut empêcher que la législation qu'une telle religion inspire et modifie nécessairement d'après ses principes, ne soit fausse elle aussi, c'est-à-dire injuste et méconnaissant la vraie dignité et les vrais droits de l'homme; et, par conséquent encore, une telle nation est de toute nécessité barbare, car la barbarie n'est que le mépris et l'exploitation de l'homme par l'homme, qui des mœurs passe dans les lois.

En se constituant, les premières sociétés publiques avaient établi le culte public et fixé par l'écriture leurs croyances et leurs coutumes traditionnelles, de manière à former leur législation. Mais ce culte public ne fut longtemps (particulièrement dans la descendance de Sem) que l'expression de la révélation primitive, qui s'y était conservée dans toute sa pureté; et la loi civile elle-même n'y était que le reflet et l'application de cette révélation. Ces sociétés possédaient donc la vérité dans leur religion et la justice dans leurs lois; par conséquent elles étaient vraiment civilisées. Seulement, lorsque, par des causes que ce n'est pas ici le lieu d'énumérer, l'altération de la vraie religion ouvrit la porte à l'idolâtrie, et, en corrompant les mœurs, corrompit même les lois, ces mêmes sociétés tombèrent dans une barbarie plus ou moins profonde, selon que leur religion se trouva plus ou moins comblée d'absurdités et leurs lois plus ou moins salies de taches d'injustice.

Ainsi, nous le répétons, l'homme barbare n'est pas l'homme naturel, mais l'homme dégénéré, l'homme déchu, l'homme qui a gaspillé le patrimoine divin de la vérité de la religion et de la justice des lois; et, dans l'histoire de l'humanité, la civilisation a toujours précédé la barbarie, comme la vérité a toujours précédé l'erreur et l'innocence le crime (1).

(1) Cette vérité est confirmée, de la manière la plus éclatante, par l'histoire, qui nous apprend que l'homme ne sort jamais de cet état, dans lequel, loin d'être l'homme de la bonté, de la félicité et de la nature, il n'est que l'homme méchant, l'homme malheureux, l'homme du péché; il n'en est jamais sorti, il n'en sortira jamais, à moins que l'homme civilisé ne vienne lui tendre une

Ainsi, le peuple de Dieu, professant la vraie religion et gouverné par une législation juste (quoi qu'en disent les publicistes incrédules et les historiens faiseurs de romans au profit des fausses religions), a été l'unique peuple civilisé de l'antiquité. Ce n'était que chez ce peuple que l'esclavage proprement dit était inconnu; que le faible était protégé contre le fort, le pauvre contre le riche et le petit contre le grand; ce n'était que chez ce peuple que l'homme conservait la dignité de sa personnalité et la hauteur de son rang de fils et d'image de Dieu.

Au contraire, chez les anciens Romains, dès l'instant qu'ayant abandonné les traditions et les mœurs primitives qui avaient formé leur véritable force, ils embrassèrent l'idolâtrie et les lois injustes et corruptrices de la Grèce, ils commencèrent à fouler aux pieds la dignité et les droits de l'homme; le pater-familias, jadis si grand et si respectable chez eux, se changea en tyran domestique de la famille dont il était le chef, et préluda à l'époque de dégradation et d'infamie où le souverain se changea à son tour en tyran de l'État (1).

main secourable pour le relever de son abjection. Non-seulement il est donc faux que la civilisation soit l'œuvre des efforts successifs de l'homme primitivement sauvage, mais c'est une vérité historique, que rien n'a jamais démentie, que la sauvagerie de l'homme n'a de remède que dans une civilisation préexistante qui lui vient en aide.

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(1)« La civilisation d'un peuple est la perfection de ses lois, « sa politesse est la perfection de ses arts. Les Romains et les Grecs, avec leurs lois atroces ou licencieuses, étaient de vrais barbares, malgré toute leur politesse, leur urbanité, leur atti«< cisme; et les Germains (s'ils étaient tels que nous les peint Tacite), avec leurs lois naturelles, étaient des peuples plus

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Parmi plusieurs millions d'individus que renfermait la ville de Rome, il n'y avait, d'après Cicéron, qu'un très-petit nombre de citoyens propriétaires, d'hommes libres; le reste était livré à toutes les horreurs de l'esclavage, et la métropole de l'empire n'était au fond qu'une ville d'esclaves; l'infanticide était reconnu parmi les droits de la paternité, et le meurtre de l'esclave parmi les droits de propriété du maître. L'homme, en un mot, n'était plus une personne ou une individualité intelligente, mais simplement une chose; et il était traité comme tel, tanquam res, par les pouvoirs à qui la force, devenue l'unique fondement de droit, l'avait assujetti.

Malgré donc la perfection de sa littérature et de ses beaux-arts, malgré sa puissance et sa richesse, malgré tous les raffinements de son luxe, malgré enfin la multiplicité des moyens que le développement de l'industrie avait mis à sa disposition pour se procurer de l'aisance, du confortable, et toutes les jouissances matérielles, l'ancienne Rome était bien plus barbare que toutes les autres nations qu'elle gratifiait de ce nom. C'était un peuple tout au plus poli, mais qui n'avait pas même l'ombre, pas même l'idée, pas même le mot de la véritable civilisation.

Il en était de même des anciens Grecs, des anciens Égyptiens; il en est de même des Chinois de nos jours; il en est de même partout.

civilisés, malgré leur état inculte et grossier. La perfection des « lois amène nécessairement la politesse des manières, et le peuple « de l'Europe qui avait les meilleures lois avait les manières les

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plus aimables et le caractère le plus aimant (DE BONALD, Lég.

« primit.). »

En effet, jetez un regard sur toutes les nations entre lesquelles est partagé le genre humain, et vous y verrez que là où le christianisme n'est point professé, la barbarie y règne dans tout son hideux éclat; que là où le Crucifix n'est pas adoré, l'homme est crucifié : et que la civilisation y est complétement étrangère, nonseulement par la pratique, mais encore par le nom. Et comment ces nations auraient-elles le mot d'une chose dont elles n'ont pas même l'idée? Ainsi, l'empire de la vraie civilisation finit là où finit celui du christianisme ou de la vraie religion, et là où le paganisme apparaît, on voit à ses côtés se dresser, comme un spectre sanglant, la barbarie.

Bien plus, comme le vrai christianisme n'est que dans le catholicisme, les peuples chrétiens eux-mêmes qui s'en sont séparés ont perdu, sur une échelle plus ou moins grande, la vraie civilisation; des germes d'une véritable barbarie se développent chez eux contre l'humanité, dans la proportion dans laquelle l'erreur s'y développe davantage et qu'ils protestent davantage contre la vérité. En sorte que les peuples vraiment catholiques sont les seuls peuples vraiment civilisés.

C'est là un sujet de la plus haute importance. Car, de nos jours, comme toute la question philosophique est entre le rationalisme et la foi, toute la question religieuse entre le christianisme et le paganisme, et toute la question politique entre le despotisme et la liberté, de même toute la question sociale est entre la civilisation et la barbarie. Nous reviendrons donc sur ces graves matières à la fin de cet ouvrage, lorsque nous traiterons de l'obligation qu'a tout Pouvoir pu

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