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séparation par rapport aux lieux, malgré leur langue, leurs mœurs et leur religion particulières, ne sont pas moins citoyens français que les Français eux-mêmes : et pourquoi, si ce n'est parce qu'ils reconnaissent le même Pouvoir politique que les Français, et qu'ils sont soumis à l'action du même gouvernement?

Au contraire, les anciennes colonies espagnoles parlent la même langue, elles ont conservé les mêmes mœurs et la même religion que les habitants de l'Espagne; cependant elles ne sont plus en société politique avec leur mère patrie: et pourquoi, si ce n'est parce qu'elles ne reconnaissent plus le même Pouvoir souverain et qu'elles se sont créé elles-mêmes d'autres Pouvoirs?

Dans l'ordre religieux, les Églises grecques sont censées, après le concile de Florence, avoir conservé tous les dogmes catholiques; cependant comme elles se sont soustraites par le fait à l'obéissance du Souverain Pontife, le vrai et unique Pouvoir souverain de l'Église, par cela même elles ne sont plus en société religieuse avec les catholiques, et elles sont séparées et demeurent en dehors de la véritable Église.

En appliquant cette doctrine à un ordre de choses encore plus étendu et plus élevé, on comprend combien les catholiques sont dans le vrai en croyant à des rapports réellement existants entre l'Église militante, l'Église souffrante et l'Église triomphante; et en croyant que ces trois portions de l'Église sont en communion entre elles et forment une seule et même Église, une seule et même société. C'est parce que, placées dans des conditions si différentes et en des lieux si éloignés les uns des autres, les âmes des vrais fidèles, occupées à faire leur salut sur cette terre, ou reléguées

dans le purgatoire pour achever l'expiation de leurs fautes et la purification de leurs plus légères taches, ou enfin jouissant de la récompense de leurs vertus par leur admission à la vision béatifique de Dieu dans le ciel; toutes ces âmes, dis-je, dans des manières plus ou moins parfaites, reconnaissent le même Dieu comme leur Pouvoir suprême, l'aiment et lui obéissent (car obéir c'est aimer), et en différentes manières encore participent à l'action réparatrice du même Médiateur, Jésus-Christ; et dès lors elles doivent de toute nécessité se trouver entre elles en communion de secours, de prières, d'intercessions, d'intérêts et d'amour, et se considérer comme citoyens et domestiques de la Cité de Dieu (Éphés.); ou, selon l'expression de Leibnitz, de la plus parfaite des sociétés sous le plus parfait des monarques. On comprend encore pourquoi, d'après la grande parole de l'Évangile, un chaos infranchissable sépare le paradis de l'enfer (Luc), et pourquoi entre les âmes renfermées dans cet abîme et les bienheureux du ciel et les fidèles demeurant encore sur cette terre, il n'y a point de rapports spirituels et divins d'aucune espèce, il n'y a point de communion et de société. Car comment y aurait-il de ces rapports ou une société quelconque entre les Bienheureux qui reconnaissent Dieu et le bénissent, les vrais fidèles qui sont soumis à Dieu et le servent, et les réprouvés qui rejettent Dieu et le blasphèment, et qui sont en état d'une révolte perma

nente contre Dieu ?

On voit par là que le sublime et magnifique dogme catholique de la COMMUNION DES SAINTS, tout divin qu'il soit, est éminemment raisonnable, et qu'il repose sur les principes et les lois communes de tout ordre social.

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§ 2. Histoire du développement naturel de l'humanité au point de vue social. Dans l'économie de sa providence, Dieu a établi de faire par d'autres hommes à l'égard de tous les hommes ce qu'il a fait directement lui-même avec le premier homme. - Les quatre dignités. Les quatre Évangiles.- Comment ces quatre dignités, réunies dans la personne d'Adam et de Noé, ont été dans la suite exercées par différentes personnes. des familles et des États primitifs. Il n'y a jamais eu de société que par l'obéissance au même Pouvoir. Le Pouvoir religieux, réunissant en société les États, n'a jamais manqué sur la terre. -Importance de son action pour l'existence et la prospérité des familles et des États.

Formation

La vérité et l'importance des principes que nous venons de poser, et de la définition de la société que nous venons de donner, se trouvent confirmées par l'histoire du développement social du genre humain, telle qu'elle nous a été transmise par l'Écriture sainte et par les traditions des peuples. Notre lecteur sera bien aise d'en trouver ici le résumé.

En créant le premier homme, Dieu se fit son Père, parce qu'il lui donna la vie complète et parfaite (1);

(1) Tâchons de comprendre, dit saint Jérôme, les choses du ciel à l'aide des choses de la terre. Ayant formé le premier homme, Dieu fut son créateur et son père; et, certainement, Adam a dû reconnaître que c'est du Dieu Père qu'il reçut son existence. Ceux qui ont été engendrés d'Adam ont dû à leur tour le reconnaître pour leur père, parce qu'ils étaient nés de lui. Ainsi l'Écriture sainte, en disant chez saint Luc: Hénos qui fut fils de Seth, Seth qui le fut d'Adam, et Adam qui le fut de Dieu, a voulu nous apprendre que le mot de paternité n'est descendu sur la terre que du ciel et qu'il n'a eu sa première origine que de Dieu De terrenis cœlestia contemplemur, Adam quem primum plasmavit Deus, et creator ipsius, et pater fuit,

il se fit son Roi, parce qu'il lui imposa ses lois et qu'il lui fournit les moyens de perpétuer et de conserver son espèce; son Précepteur, parce qu'il l'instruisit de tout ce que l'homme devait savoir pour vivre de la vie qui lui est propre et pour atteindre sa fin; et enfin il se fit son Pontife, parce qu'il lui administra en quelque sorte ses sacrements (1), et le sanctifia par sa grâce. Mais il n'en fait pas de même avec le reste des hommes. Pour ceux-ci, il charge d'autres hommes d'accomplir à leur égard ces mêmes fonctions qu'il a bien voulu exercer directement lui-même à l'égard du premier homme. Ainsi, c'est par nos parents qu'il nous engendre à la vie et nous élève; c'est par le Pouvoir public qu'il nous conserve au sein de la société civile; c'est par les Docteurs qu'il nous enseigne, et c'est par les ministres sacrés qu'il nous dispense ses divins mystères et nous sanctifie.

C'est pourquoi il n'y a dans le monde que quatre espèces de dignités : La dignité patriarcale ou paternelle, la dignité royale, la dignité prophétique ou doctorale, et la dignité sacerdotale (2)..

certe Deo patri scit se debere quod substitit. Rursum hi qui geniti sunt ex Adam, patrem illum intelligunt, ex quo orti sunt. Unde Luca III ait Scriptura : Filii Seth, filii Adam, filii Dei ; ut paternitatis in terra vocabulum a Deo primum ortum esse monstraret (In III Ephes.).

(1) Voyez dans l'Essai sur les Sacrements des anciens, inséré au troisième volume de nos Conférences sur la raison philosophique et sur la raison catholique, la doctrine des Pères et des Docteurs de l'Église sur les fonctions sacerdotales que Dieu daigna exercer lui-même à l'égard du premier homme.

(2) On comprend par là pourquoi les Evangiles ne sont que quatre. Jésus-Christ, l'homme parfait, l'homme par excellence : Ecce homo, parce qu'il est en même temps Dieu, a réuni en lui

Ces quatre dignités, qui dans la plénitude des temps ont brillé dans tout l'éclat de leur réalité divine, magnifique, complète et parfaite, dans l'auguste personne du SECOND ADAM; au commencement des temps, se trouvèrent réunies à l'état de figure, de promesse et de prophétie dans l'ADAM PREMIER (Rom.). Le premier homme fut le premier père, le premier roi, le premier docteur et le premier pontife du genre humain.

Tant qu'il n'eut qu'à se reproduire dans ses enfants, à les nourrir, à les instruire et à les élever, il ne fut que leur père, perpétuant l'action du Dieu créateur à l'égard

même ces quatre dignités; car il est le vrai Patriarche ou le vrai Père, le vrai Roi, le vrai Prophète ou le vrai Docteur, et le vrai grand Prêtre du peuple chrétien en particulier et en général de toute l'humanité. Saint Jean s'est spécialement appliqué à en relever la filiation divine par rapport à Dieu, et la paternité par rapport aux hommes. Saint Matthieu l'a décrit comme le fils des rois, adoré par les rois, et comme devant juger tous les hommes en vrai Roi des morts et des vivants. Saint Marc l'a particulièrement représenté comme Docteur et Prophète; enfin, saint Luc nous a parlé de sa généalogie sacerdotale, de toutes les apparitions qu'il a faites au Temple comme grand Prêtre qui s'est offert lui-même au ciel en victime de son propre sacrifice, pour le pardon des péchés de la terre. Il y a aussi d'autres dignités, mais elles ne sont que des nuances de quelqu'une des quatre dignités sus-indiquées. Juger et combattre, par exemple, ne sont que les deux grandes fonctions de la souveraineté ; ainsi, la dignité judiciaire et la dignité militaire se rapportent à la dignité royale; comme la dignité pastorale à la dignité sacerdotale. Jésus Christ se trouvant donc peint dans les quatre Évangiles sous les quatre dignités qui, à elles seules, résument toute grandeur et toute dignité, il n'y avait plus lieu à le représenter sous un autre aspect; et, par conséquent, il n'y avait pas lieu à un cinquième ou sixième Évangile.

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