Obrazy na stronie
PDF
ePub

terrompues, je n'ai plus qu'une chose à demander au ciel, c'est que ce livre, 、tout imparfait qu'il est, ne soit pas inutile à notre patrie bien-aimée. Puisse-t-il éclairer quelques âmes fascinées, ou du moins troublées, par l'exégèse rationaliste! puisse-t-il aussi servir un peu à ranimer et à développer parmi nous le goût de l'exégèse sacrée ! C'est dans cet espoir que nous le dédions spécialement aux professeurs de théologie et d'Écriture sainte. Le précieux héritage des sciences ecclésiastiques leur est confié presque entièrement, depuis la destruc tion de nos ordres religieux et de nos vieilles universités. S'ils négligeaient de féconder et d'agrandir cet héritage, s'ils ne savaient pas même le défendre contre les envahissements du scepticisme, qui pourrait aujourd'hui se charger à leur place de cette double mission? Personne évidemment. Dieu veuille donc leur inspirer un zèle proportionné à la grandeur des devoirs qui leur sont imposés! Non contents de préparer une milice dévouée et capable de repousser les attaques de l'ennemi, ils travailleront alors, et sans jamais quitter leurs armes, à relever les fortes murailles de la Jérusalem spirituelle, Alors aussi, l'humble pierre que nous apportons à cette œuvre de reconstruction, trouvera sa place dans quelqu'une des hautes tours qui doivent protéger les abords de la cité sainte.

UN PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE.

Enseignement catholique.

DE L'ORDRE SURNATUREL ET DIVIN;

PAR L'ABBÉ XAVIER '.

Nous sommes en retard, de beaucoup trop, pour rendre compte d'un ouvrage qui touche à la fin de sa première édition, dont un pieux et savant prêtre vient de doter ses frères dans le sacerdoce, et les fidèles tant soit peu soucieux d'une solide instruction catholique. De fatigantes occupations, les soins d'un ministère laborieux, puis la maladie, ont arrêté notre plume; hâtons-nous de saisir les premiers instants de loisir qui s'offrent à nous pour rompre un silence forcé, pour essayer de faire connaître aux nombreux lecteurs de l'Université catholique le livre de l'abbé Xavier, intitulé: de l'Ordre surnaturel et divin.

Depuis les temps les plus reculés, une question aussi grave dans son principe qu'importante en sa solution, a été formulée par des esprits éminents et réfléchis: Qu'est-ce que l'homme? et par suite logique, d'où vient-il? que fait-il en ce monde? quelle fin doit-il atteindre? quels moyens à sa disposition pour y arriver in• Vol. in-8°, à Paris, chez Sagnier et Bray, et à Nancy, chez Vagner; prix : 6 fr.

failliblement? La philosophie antique et la philosophie moderne, sa pâle héritière, ont essayé de répondre à cette interrogation; elles l'ont fait de cent manières, et, certes, nous n'avons pas même la pensée de retracer ici, pour l'édification des lecteurs, toutes les définitions élaborées par l'intelligence humaine, abandonnées à ses propres ressources, depuis le siècle de Socrate jusqu'à celui de Voltaire, et depuis l'auteur de l'Émile jusqu'à M. Cousin. Il suffit de rappeler que les penseurs, même les plus profonds, qui se sont écartés des principes radicalement religieux, qui ont abandonné l'enseignement biblique pour ne suivre que les inspirations de leur entendement et ne marcher qu'à la clarté de leurs lumières purement naturelles, se sont plus ou moins fourvoyés dans leurs aperçus, n'ont parlé de leurs semblables et d'eux-mêmes que d'une manière fort incomplète, quand elle n'a pas été inexacte, ridicule, fausse ou révoltante. Ils ont réalisé en leur personne ce que dit saint Paul de ces hommes qui, éblouis de l'éclat imaginaire de leurs conceptions privées, se proclament les types de la vraie sagesse, tandis qu'ils n'ont en partage que l'ignorance, la folie de l'intelligence et la dépravation des désirs du cœur 1.

A celui seul qui a créé l'univers, de révéler à l'homme les secrets de sa constitution, de sa naissance, de ses destinées, son rang sur l'échelle des êtres et la route à suivre pour arriver au terme où il doit aboutir. A ceux, par conséquent, qui ont pris pour point de départ, dans leurs investigations philosophiques, les hauts enseignements de la religion, à ceux qui se sont constitués les disciples studieux et soumis de l'homme-Dieu, la lumière du monde, d'avoir parlé un langage digne, vrai, et après avoir, d'un regard ferme, plongé dans les inscrutables mystères de l'homme, d'avoir annoncé à cet ètre déchu de hautes et bien consolantes vérités. A Dieu seul de manifester, quand il lui plaît, ses pensées et ses secrets, non pas à l'orgueilleux, il le repousse, mais au faible et au petit 2.

Si les dogmes qui embrassent l'histoire de l'homme et ses futures destinées n'étaient qu'une pure spéculation, il se pourrait que, sans inconvénient aucun, on y attachât une moindre importance. Mais ils ont une tout autre portée; ils sont, par voie de conséquence, de quotidienne pratique, ils exercent une influence

[blocks in formation]

directe et nécessaire sur les individus, les familles, les royaumes, la société dans son entier. Ils président aux discussions législatives, inodifient les déterminations des puissances et fixent ainsi, même à l'insu des potentats, le sort des empires et des peuples. Qui ne sait aujourd'hui quels bouleversements, dans l'ordre politique, enfantèrent les doctrines de la Réforme? qui peut ignorer l'influence, sur la génération actuelle, des enseignements de messieurs les docteurs de l'École éclectique ou rationaliste?

Un ouvrage donc composé, non pas précisément pour apporter de nouvelles lumières à la solution de questions humanitaires de la plus haute portée, mais pour réunir en un seul faisceau, pour coordonner avec lucidité et d'une manière intéressante ce que la tradition catholique a produit de plus orthodoxe et, conséquemment, de plus rationnel sur ces sujets, ne peut être que favorablement accueilli, non-seulement par les théologiens et par les philosophes dignes de ce nom, mais aussi par toutes les personnes qui aiment à réfléchir et à nourrir leur intelligence d'une véritable et solide instruction. C'est un ouvrage de ce genre, ayant titre de l'Ordre surnaturel et divin, que, sous le pseudonyme de l'abbé Xavier, vient de publier un prêtre aussi distingué par sa science que recommandable par sa modestie et son dévouement à la sainte cause de la religion.

:

Et l'on ne traitera nullement d'anachronisme philosophique l'apparition d'un traité sur la grâce, composé en langue vulgaire et pour l'usage même des mondains. Si léger que soit l'esprit français, si prononcé que soit le goût d'une foule de personnes pour les lectures superficielles, il faut bien constater que l'insipide pauvreté morale et littéraire du roman, soit en volume, soit en feuilleton, ramène sensiblement à des ouvrages plus substantiels, moins creux, plus vrais, plus capables d'illuminer l'intelligence, d'alimenter le véritable sentiment.

D'autre part, notre siècle infatué de lui-même et des mérites qu'il s'attribue, à part l'élite des hommes sérieux, ne lit plus guère que ses propres compositions, il laisse dormir dans la poussière des bibliothèques les travaux de ces anciens génies qui ont été les brillants flambeaux de leur époque, les intrépides champions de la vérité. Le temps d'ailleurs ayant marché, a fait faire du chemin aussi aux mœurs, aux situations sociales, et si l'esprit humain, toujours au fond le même, varie, inconstant et volage, dans ses goûts et ses instincts, il faut, en lui représentant les vérités vieilles comme le

monde, les adapter pour la forme, à ses dispositions, à ses besoins du moment.

L'abbé Xavier ne dit donc précisément rien de nouveau; mais il présente la grâce sous une forme nouvelle, sous un jour plus favorable et par conséquent plus capable de la mettre clairement en évidence et de la faire convenablement apprécier. Il s'est rappelé tout d'abord que la plupart des disputes théologiques ont trouvé leur aliment le plus substantiel dans des questions obscures, mal posées, dans des termes mal définis ou entendus, par les argumentateurs, dans des sens opposés. Aussi, avant d'entrer en matière, a-t-il grand soin de poser avec lucidité l'état de la question, de faire toucher du bout du doigt le point précis qu'il prend pour celui du départ. Ce n'est pas, du reste, comme on pourrait l'appréhender, un traité didactique traduit en style d'école; l'ouvrage de l'abbé Xavier est une suite d'entretiens dans lesquels le style, sans rien perdre de l'exactitude scholastique, n'a rien de l'aridité des thèses ordinaires de théologie. Si parfois l'orthodoxie commande la rigidité syllogistique, l'esprit est bientôt dédommagé de quelques formules d'argumentation aristotélique, par les citations des passages les plus éloquents, je dirai les plus poétiques, des Pères de l'Église et de la plus pure tradition.

Dès le premier entretien, après avoir défini l'ordre en général et les propriétés des êtres, pour faire bien comprendre ce que c'est que la grâce, l'auteur montre ce que c'est que l'ordre naturel, l'ordre surnaturel, la révélation, la loi naturelle, la loi surnaturelle, les distingue nettement l'un de l'autre et conclut tout d'abord, 1° que tout ce qui perfectionne la nature de l'homme ou de la société n'est pas pour cela naturel, puisque l'ordre surnaturel ajoutant des perfections divines à l'ordre naturel, ou rendant l'homme participant de la nature divine, doit nécessairement le perfectionner; 2° que tout ce qui perfectionne la nature n'est pas non plus par cela même surnaturel, puisque Dieu peut créer des ètres naturels indéfiniment supérieurs les uns aux autres, sans atteindre l'ordre surnaturel proprement dit.

Un second entretien analyse les parties historiques de la grâce; on y trouve l'énumération rapide des erreurs des dissidents que l'auteur divise en deux grandes classes, à savoir les naturalistes et les fatalistes, depuis les temps apostoliques jusqu'au père Quesnel.

:

Après avoir ainsi initié ses lecteurs au sujet qu'il va traiter,

après avoir posé les bases fondamentales de l'édifice qu'il prétend élever, l'auteur entre dans l'examen direct de son sujet qu'il divise en trois parties conséquemment aux trois termes de l'ordre la nature de l'être, les moyens, la fin. Toutefois, l'abbé Xavier ne traite pas ces trois termes d'après leur suite rationnellement logique; il prend d'abord le dernier, afin, dit-il, d'exposer les grandes vérités qu'il veut traiter avec toute la clarté qu'elles demandent. Il justifie sa détermination par une comparaison aussi ingénieuse qu'elle est simple : « Si nous voulions savoir ce que c'est que le chêne, dit-il, nous ne l'étudierions pas dans le gland d'abord, car bien qu'il renferme toutes les parties qui doivent le former un jour, elles sont encore en germe insaisissable et confondues les unes avec les autres. Mais nous l'examinerions bien plutôt, lorsqu'il est totalement développé et qu'il est devenu un grand arbre. De même nous ne connaîtrions jamais l'homme, si nous ne pouvions l'étudier que lorsqu'il est dans le sein de sa mère, car il échappe à nos regards. Mais si nous l'étudions lorsqu'il est arrivé à l'âge mûr et qu'il se montre dans toute sa raison, sa force, sa grandeur et sa majesté, nous comprenons mieux ce qu'il est ou ce qu'il doit être avant sa naissance..... Examinons donc ce qu'il sera dans l'éternité, et nous comprendrons plus facilement ce qu'il est dans le temps. »

Un autre motif légitime le plan adopté par l'abbé Xavier et le fait mieux apprécier. Une irrésistible curiosité pousse sans cesse l'homme à s'enquérir de son état futur, le présent lui échappe impitoyablement; le passé ne lui laisse que déceptions et regrets; l'avenir, oh! qu'il brûle de le connaître et de jouir par une connaissance anticipée des objets qu'il espère, de ce bonheur pour lequel il se sent créé, à la possession duquel son esprit et son cœur s'ingénient et s'évertuent. Etait-il donc possible d'exciter plus vivement l'intérêt personnel du lecteur, de le déterminer plus efficacement à la lecture, à l'étude, à la méditation d'un ouvrage sérieux, et par cela sans beaucoup d'attraits, qu'en étalant tout d'abord à ses yeux émerveillés la fin surnaturelle de l'homme, son union immédiate avec Dieu, sa participation à la nature divine en son âme et en son corps pendant les siècles toujours renaissants de l'éternité? Non certes, et ce qui augmente à l'infini le charme de cette première partie, c'est que les merveilles de l'autre vie s'y trouvent chantées, non pas par la simple voix de l'auteur qui s'est imposé un respectueux silence toutes les fois qu'il a une autorité à citer,

« PoprzedniaDalej »